Les cinq réponses pour rétablir la confiance dans le monde de la finance

Par Daniel Lebègue, président de l'Institut français des administrateurs et de Transparence International France.

La crise que nous vivons depuis 2007 a sérieusement ébranlé la confiance des entrepreneurs, des consommateurs et du public en général dans notre système financier, en particulier dans les grandes banques. Pour rétablir la confiance, il est bien entendu indispensable de renforcer la solidité financière et la capacité des acteurs de la finance à faire face dans l'avenir à des chocs de liquidité ou à de nouveaux risques systémiques. Les régulateurs et les professionnels de la finance s'y emploient activement. Mais cela ne suffira pas, car la crise a mis en cause de manière plus profonde le rôle imparti aux institutions financières dans le développement de l'économie, leur gouvernance, leur responsabilité vis-à-vis de la société, leur système de valeurs. Sur tous ces points, il faut aussi apporter des réponses.

1. En Europe, le financement de l'économie est assuré aux deux tiers par les banques et à un tiers seulement par les marchés de capitaux. Le rôle des banques dans le développement des entreprises, en particulier des nouvelles et jeunes entreprises, est donc vital ; il l'est également dans le financement à long terme de l'immobilier, des grands projets (énergie, infrastructures, environnement), de la solvabilisation des jeunes ménages par le crédit immobilier et le crédit à la consommation.

Ce que les clients attendent des institutions financières, c'est qu'elles replacent ces activités au centre de leur "business model" et de l'utilisation de leurs fonds propres. À l'inverse, elles doivent être incitées à limiter leurs prises de risques sur des activités et des marchés à plus faible valeur ajoutée pour l'économie réelle.

2. On attend également des banques et des compagnies d'assurances qu'elles se comportent en acteurs socialement responsables, attentifs aux impacts de leur activité sur l'environnement, le capital humain, la qualité de vie en société. Pour traduire ces objectifs en actes, le système financier doit mieux intégrer ces dimensions extra-financières dans ses systèmes de gouvernance et de management, améliorer ses outils de mesure, de reporting et de gestion des risques.

3. Aucun argument rationnel ne justifie que les modes et les niveaux de rémunération soient durablement différents et supérieurs dans le secteur financier que dans le reste de l'économie. L'évolution engagée vers plus de transparence, de modération, et de lien entre rémunération et performance doit être poursuivie.

4. Il est de la responsabilité conjointe des gouvernements, des superviseurs et des professionnels de faire en sorte que la mondialisation des échanges ne s'accompagne pas d'un développement exponentiel de la fraude et de la délinquance financière (blanchiment, paradis fiscaux). Les engagements pris en ce sens par le G20 ne doivent pas rester lettre morte.

5. Enfin, pour tous ceux qui exercent des métiers d'argent, il est des valeurs et des principes d'action qui doivent sans cesse être réaffirmés : intégrité, transparence, prévention des conflits d'intérêts, primauté des intérêts du client.

Dans le grand chantier de la réforme financière, c'est un long chemin qui reste à parcourir.

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