Immobilier : la fausse bonne nouvelle

Par Valérie Segond, journaliste à La Tribune.

Faut-il se réjouir du retour de la hausse des prix de l'immobilier observée depuis le printemps par les notaires à Paris ? C'est au moins le signe que la baisse des taux à des niveaux exceptionnellement bas a produit son plein effet, et fait repartir le crédit immobilier. En clair, les banques comme les ménages sont à nouveau prêts à faire le pari de l'avenir. On est donc bien sorti de la glaciation. Mais de là à y lire la reprise vigoureuse de l'emploi et l'annonce de nouveaux effets de richesse chez les classes moyennes, c'est un peu rapide.

D'ailleurs, même les agents immobiliers ne s'y risquent pas, c'est dire ! Difficile, en effet, d'y voir une vraie bonne nouvelle. D'abord parce que l'investissement dans l'immobilier résidentiel, qui génère des loyers indexés sur les prix, est aussi une protection contre les craintes d'un grand retour de l'inflation. Comme l'or, dont les prix flirtent aussi avec leurs niveaux record, la pierre, c'est du dur. Il en restera toujours quelque chose, quand la valeur future des titres pourrait être réduite à néant. Mais plus fondamentalement, ces prix record dans une économie encore convalescente après un trou d'air historique indiquent que le logement en Île-de-France reste dans une situation de pénurie dramatique. Et pas seulement à cause du déficit chronique du foncier.

Le fait est que les promoteurs ont eu si peur du retournement des prix, qu'ils ont géré au plus près la rareté en lançant très peu de nouveaux programmes. Résultat : les logements sont aujourd'hui beaucoup trop chers pour la capacité financière des actifs. Qu'on en juge : en France, pour l'acquisition d'un premier logement, il ne faut pas moins de 4,5 années de revenus d'un foyer, contre un peu plus de la moitié il y a quinze ans. A ces niveaux, particulièrement dans la capitale, les prix de l'immobilier recèlent un transfert de richesses massif des jeunes accédants vers les vieux possédants, ainsi que des actifs vers les rentiers, qui pèse sur le dynamisme de notre économie. Qui peut prétendre que c'est une bonne nouvelle ?

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