Budget : vous avez dit "rilance"

Par Philippe Mabille, éditorialiste et rédacteur en chef à La Tribune.

Malmené par l'affaire Woerth-Bettencourt, miné par des tiraillements internes à l'UMP, mis en demeure par l'Europe de corriger sa politique sécuritaire jugée discriminatoire, Nicolas Sarkozy a au moins une bonne nouvelle en cette rentrée 2010. Le projet de budget 2011, réputé impossible à boucler, a été beaucoup moins difficile à faire que prévu.

La confirmation de la reprise qui se lit dans les résultats des entreprises laisse présager de bonnes rentrées fiscales, en particulier de l'impôt sur les sociétés, et sociales en fin d'année. Même s'il faudrait une certaine dose de mauvaise foi pour oser parler de "cagnotte" au niveau actuel des déficits, les recettes publiques vont donc se redresser nettement dans les mois à venir, au point de faire remonter le fameux taux des prélèvements obligatoires.

Cette situation va placer le gouvernement, quel qu'en soit le prochain chef, sous une nouvelle pression : celle de tenir le cap de la politique rigoureuse exigée par les circonstances. Car ils vont être nombreux ceux qui, ministres dépensiers ou groupes de pression, viendront plaider leur cause pour desserrer l'étau budgétaire à mesure que la situation semblera s'améliorer.

Pour qualifier la politique économique exigée en cette période de sortie de crise, Christine Lagarde, qui ambitionne d'être la seule ministre de l'Economie et des Finances à avoir tenu Bercy pendant tout un quinquennat, avait lancé au début de l'été le mot de "rilance". Oxymore associant les mots "rigueur" et "relance", la rilance implique de pouvoir appuyer à la fois sur le frein et l'accélérateur pour piloter la croissance.

En fait de frein, les derniers arbitrages sur les niches fiscales montrent que Nicolas Sarkozy a choisi d'avoir le pied léger dans la sélection des 10 milliards d'euros d'économies à trouver d'ici à 2012. Reste l'accélérateur, et là, force est de constater qu'avec un déficit budgétaire de 100 milliards d'euros l'an prochain, l'État va rester un soutien important pour une économie française convalescente.

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