Tunis et dépendance

Par Eric Chol, rédacteur en chef à La Tribune.
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Le modèle tunisien érigé par l'ancien président Ben Ali a longtemps reposé sur deux jambes, l'une politique, l'autre économique. A savoir, l'autoritarisme et un modèle de développement à bas coûts, assurant à la Tunisie une place de choix parmi les sous-traitants "low cost" de l'Europe. Deux options devenues insupportables pour les générations de jeunes diplômés. Privés de liberté et de jobs qualifiés, ces Tunisiens ont été les premiers à descendre dans la rue pour hurler Dégage au maître du pays. La Révolution de jasmin, à l'oeuvre depuis quelques jours, pourrait leur apporter les prémices d'une nouvelle vie démocratique.

Mais l'économie aura toutes les peines du monde à créer des emplois en nombre suffisant pour ces jeunes ingénieurs ou docteurs. Le pays n'est en effet toujours pas sorti de sa dépendance à l'égard de l'Europe, dont elle paye aujourd'hui le prix fort. Selon une étude de Carnegie Moyen-Orient, les deux tiers du PIB tunisien reposent sur l'Union européenne, qui fournit 83% de ses recettes touristiques, 73% de ses investissements étrangers et absorbe 76% de ses revenus à l'export...

Paradoxalement, pour gagner en autonomie, la Tunisie pourrait avoir besoin... de l'Europe. Le 13 juillet 2008, Nicolas Sarkozy lançait l'Union pour la Méditerranée. L'initiative était bonne - il s'agissait de développer des projets concrets de coopération (dépollution, énergie, formation...) entre les deux rives de la Méditerranée - mais la réalisation marque le pas. Deux ans et demi après sa naissance, il est devenu urgent d'accélérer sa mise en oeuvre.

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