La banque paye de nouveau

Par Jérôme Marin, correspondant à New York de La Tribune.
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Dès que possible. C'est la promesse faite par Jamie Dimon, le patron de JP Morgan, à ses actionnaires. La deuxième banque américaine relèvera son dividende dès que la Réserve fédérale le lui autorisera. Sûrement au deuxième trimestre de l'année, un peu en retard par rapport au souhait initial de Dimon. Mais l'essentiel est ailleurs : trois ans après le début des difficultés, son établissement s'apprête à tourner définitivement la page. De 20 cents par an, le dividende pourrait rapidement grimper jusqu'à 1 dollar, a-t-il promis la semaine dernière sur CNBC. La banque sera certes moins généreuse qu'avant le déclenchement de la crise financière mais personne n'attendait vraiment à Wall Street une hausse aussi rapide. Les analystes de Goldman Sachs estimaient par exemple que le dividende de JP Morgan atteindrait les 80 cents... fin 2012. Voila de quoi susciter l'enthousiasme des marchés, bien plus d'ailleurs que les quelque 5 milliards de dollars de profits engrangés au quatrième trimestre 2010.

Avec le relèvement des dividendes, c'est une longue parenthèse de trois ans qui va bientôt se refermer. La majorité des banques américaines passeront, ces prochains mois, par cette étape obligatoire. Il était temps, estiment de nombreux analystes. Car les rémunérations cumulées par action des six plus importants établissements plafonnent actuellement à 51 cents par trimestre, contre 2,49 dollars en 2007. Sous la pression de l'administration, Citigroup - qui, malgré 25 milliards de dollars d'aides publiques déjà reçus, s'apprêtait bien à mettre la clé sous la porte le 24 novembre 2008, selon un rapport officiel publié cette semaine - ne verse plus de dividende depuis février 2009. Bank of America a réduit le sien à 1 cent par trimestre. Comme JP Morgan, Wells Fargo et Morgan Stanley à 5 cents par trimestre. Goldman Sachs redistribue encore 35 cents par titre à ses actionnaires, quatre fois moins qu'en 2008. Et le rendement de son action stagne à 0,80 %. Celui de Bank of America ne s'élève qu'à 0,26 %, très loin des taux affichés par les établissements européens.

"Un nouvel âge d'or a commencé", jubile déjà Richard Bove. Depuis le temps que l'analyste vedette de Rochdale Securities répète à l'envi que la situation financière des banques américaines n'est pas aussi mauvaise que le disent tous ces oiseaux de mauvais augure ! En voila la preuve éclatante. Et de prédire un bond boursier. "Le cours des valeurs bancaires devrait doubler cette année", prophétise-t-il. Le signe donc que tout est définitivement rentré dans l'ordre. Un avis que ne partage pas vraiment Meredith Whitney, l'autre voix qui compte à Wall Street dès que l'on évoque les banques. Au lieu de relever leurs dividendes, elles feraient mieux d'utiliser les montagnes de cash qu'elles ont accumulées pour réaliser des acquisitions stratégiques en dehors des États-Unis, estime-t-elle. Privilégier donc le long terme au détriment de la satisfaction dès aujourd'hui de leurs actionnaires. Les obstacles n'ont pas tous été franchis, prévient-elle. Et opter pour les dividendes, c'est finalement la preuve que certaines leçons n'ont pas été retenues.

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