Copier l'Allemagne... ou bien l'iPad 2

Par Stéphane Soumier, rédacteur en chef de BFM Business.
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L'automobile avec le Salon de Genève, sans doute l'iPad 2, les pistes écartées en ce qui concerne la fiscalité du patrimoine, la convergence franco-allemande sous l'oeil de la Cour des comptes. Quelle semaine on va vivre ensemble ! Magnifique, non ? Tous nos amis sont là ! Les faux et les vrais débats. Et je prends un pari avec vous : seuls les faux nous passionneront.

Les pistes écartées ! Mais qu'est-ce que c'est que cette histoire ? Je fais appel à votre mémoire : un gouvernement, où que ce soit, a-t-il déjà présenté les pistes de réformes qu'on ne suivra pas ? Les impasses qui auraient pu s'ouvrir ?  À moins que ce soient les éléments, sans doute formidables, mais qu'on n'aura pas le courage de mettre en oeuvre, vous comprenez, les élections arrivent . Franchement, si ce n'est pour perdre son temps en bavardages, à quoi sert cette étape des pistes écartées ?

J'en pense autant de la convergence franco-allemande. Là encore, ce débat n'a tout simplement pas de sens. Que l'on se comporte comme une entreprise responsable, que l'on aille regarder ce qui se fait ailleurs, que l'on débatte, que l'on compare, évidemment ! Mais pourquoi l'Allemagne ? Qui a mis dans la tête de nos dirigeants, que nous devions, de ce pays-là précisément, copier le modèle de développement ? Ce qui est horripilant dans ce débat stérile, c'est que chacun n'y puise que ce qui l'arrange. La droite va louer la force de l'industrie. "Mais à quel prix ?" répondra la gauche, qui mettra en avant l'état des services précaires et sous-payés. La droite vantera l'efficacité du système scolaire. "C'te blague !" répondra la gauche, l'Allemagne ne fait plus d'enfants, le pays se meurt doucement de n'avoir jamais mené la moindre politique pour la petite enfance. Même le taux d'endettement sera balayé d'un revers de la main par ceux qui pensent que l'Allemagne s'est comportée en passager clandestin de l'Europe. Je dois dire que cet élément reste pour moi des plus incompréhensibles. Ça veut dire quoi passager clandestin ? Que l'Allemagne ne nous a pas demandé notre autorisation pour réagir vigoureusement au trou d'air qu'avait connu son industrie au tournant du siècle ? La belle affaire ! L'eût-elle fait, qu'aurions-nous répondu ? Imaginez le dialogue Jospin-Schröder, à l'époque...

"Jospin : Vous voulez comprimer vos salaires ? Mais vous êtes fous, cela va tuer la consommation !
Schröder : En fait, nous pensons que cela pourrait redonner de la compétitivité à notre industrie.
Jospin : Vous n'avez rien compris, l'heure est au partage du travail, au développement de la civilisation des loisirs... Enfin, si ça vous chante, allez-y... " (Pour être sincère, la négociation, et la mise en place des lois Hartz en Allemagne, s'est jouée entre 2002 et 2004, mais le dialogue avec Raffarin aurait-il été fondamentalement différent ?)

Vous voyez le plaisir que je prends à écrire pour ne rien dire. Parce que le rêve, cette semaine, ce serait que l'on s'empare de l'iPad 2, décortique les "process" d'innovation, remonte la chaîne de valeur, pour s'en inspirer, les dépasser. Le rêve, ce serait que l'on regarde les paris prodigieux de l'industrie automobile : tenez, Ford tiendra l'un des stands du Cebit, le plus grand Salon du monde pour les technologies de l'information. C'est Alan Mulally lui-même, le patron, qui viendra présenter des projets de voitures transformées en plates-formes de communication. Au fait, le Cebit, c'est à Hanovre. Pas en France. C'est peut-être préférable qu'on n'en parle pas plus finalement. Nous sommes incorrigibles, on en viendrait encore à bavarder sur le modèle allemand.

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