Le fantôme du Minitel

Par Jean-Baptiste Jacquin, rédacteur en chef "Technologies & médias" à La Tribune.
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La France risque de se retrouver prisonnière de ses succès dans l'Internet haut débit. Car - c'est un fait - ce pays a été pionnier en matière de haut débit via l'ADSL, grâce à un réseau télécoms d'excellente qualité jusque chez l'abonné (merci France Télécom) et à une bataille commerciale féroce sur l'accès à Internet (merci Free, Neuf, Alice, Cegetel et les autres) permise par l'intervention du régulateur sur les conditions du dégroupage (merci l'Arcep).

La France est également l'un des pays où l'IPTV (la télévision via ADSL) connaît le développement le plus rapide. Il y a donc de quoi s'autocongratuler devant le miroir. Mais l'image y est statique et le miroir cache la vue. Le danger narcissique est connu : la France, qui a savouré le succès avant-gardiste du Minitel, s'est réveillée à la fin des années 1990 avec des ménages - et surtout des PME - totalement sous-équipés en PC.

Or certains pays, handicapés par un réseau téléphonique de mauvaise qualité, passent aujourd'hui directement à l'étape suivante, celle de la fibre optique jusque chez l'abonné. Et pour répondre à ce défi, l'intervention de l'Etat est légitime. Déployer de la fibre optique est un chantier extrêmement coûteux que les opérateurs privés sont capables de financer dans les grandes villes. Pour le reste du territoire, la piste d'une structure mutualisée entre les opérateurs télécoms, avec des concours publics, doit être encouragée afin que le fantôme du Minitel ne se réincarne pas dans l'ADSL.

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