Cyber-Sarko show

Par Philippe Mabille, rédacteur en chef à La Tribune
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Nicolas Sarkozy annoncera-t-il sa candidature à un nouveau mandat présidentiel sur Twitter ou Facebook ? Au "Davos de l'Internet", le chef de l'État a réussi une énorme opération de com', faisant venir les maîtres du nouveau monde numérique à Paris, en prélude à « son » G8 de Deauville au cours duquel seront présentées les conclusions de ce forum. Ne gâchons pas son plaisir, c'est une bonne nouvelle pour la France, qui accuse un retard considérable dans l'économie du Net, que de recevoir tels des chefs d'État, les Mark Zuckerberg (Facebook), Eric Schmidt (Google) et autres, eux qui règnent sur des marchés de la taille de continents. L'intérêt desdits groupes pour la France n'est d'ailleurs pas fortuit, tant les Français se révèlent de véritables "geeks parmi les geeks". La France, qui compte dans ce secteur quelques géants, tels Orange ou Vivendi, et une myriade de PME dynamiques, a bien raison de chercher là l'énergie d'une nouvelle croissance. Mais, derrière cette jolie façade, il y a aussi des intentions, plus ou moins masquées. Notamment celle de réaffirmer la légitimité de l'État à contrôler la Toile. Bien sûr, Nicolas Sarkozy reconnaît que le Web joue, comme l'ont révélé les révolutions arabes, une fonction libératrice. Mais on sent poindre chez lui comme chez de nombreux dirigeants une gêne, face à cet univers insaisissable, et une tentation régulatrice - "civilisatrice" pour être politiquement correct -, qui suscite la méfiance des internautes. Et si, derrière cet eG8, se cachait une Hadopi mondialisée, qui mettrait fin à cette liberté créatrice qui a permis l'essor si rapide et extraordinaire d'Internet ? Google et Facebook n'auraient sans doute pas connu le même destin si un égal accès de tous au Web n'avait pas été assuré. Désormais, devenus les maîtres du Web, les mêmes sont peut-être prêts à accepter la mise au pas par les États de l'Internet libre. À un sujet de conflit près : celui de la protection des données personnelles et de la vie privée, où leurs préoccupations mercantiles l'emportent sur le droit des individus à disposer d'eux-mêmes.

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