Le sommet évitera la question de l'euro-obligation

L'idée commence pourtant à s'affirmer en Europe, y compris en Allemagne. Elle suppose une forte intégration fiscale et budgétaire.
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Le gouvernement allemand a été clair : il ne faut pas s'attendre à des annonces fracassantes, et encore moins à des miracles, de la rencontre entre Angela Merkel et Nicolas Sarkozy. Selon le porte-parole allemand, il sera question « d'une gestion plus appropriée des crises dans la zone euro », notamment le partage de responsabilités entre les autorités européennes et le rôle de l'Eurogroupe (ministres des Finances de la zone euro). En clair, il s'agit de renforcer le pouvoir des États, au détriment de la Commission européenne, très en retrait il est vrai dans la gestion des crises depuis 2008. Outre la gouvernance économique, le sommet vise également à discuter des conditions pratiques de mise en oeuvre du plan de sauvetage de la zone euro élaboré par l'accord de Bruxelles du 21 juillet.

En revanche, la création d'euro-obligations, une idée qui fait son chemin surtout depuis l'accord de Bruxelles, ne devrait pas être évoquée lors de ce sommet franco-allemand. C'est le porte-parole d'Angela Merkel qui l'affirme et le ministère allemand des Finances est encore plus catégorique : « Les euro-obligations ne sont pas une option. » La position française n'est pas si éloignée. « C'est très prématuré car l'euro-obligation suppose une plus grande intégration politique, budgétaire et fiscale de l'Europe », souligne une source à l'Élysée. De nombreux responsables politiques, du commissaire européen aux Affaires économiques Olli Rehn au ministre des Finances italien, Giulio Tremonti, en passant par Jean-Claude Juncker, président de l'Eurogroupe, se sont pourtant récemment déclarés en faveur de ce projet. Même le financier milliardaire américain George Soros estime que « les pays notés AAA doivent créer un système d'euro-obligation, sinon l'euro va s'écrouler ».

Le principe de l'euro-obligation est simple : il s'agit de gommer les divergences de taux d'intérêt entre les différentes obligations émises par les États de la zone euro, entre le « bund » allemand à 10 ans à 2,3 % et l'obligation grecque de même maturité à près de 15 %. Autrement dit, il s'agit de « mutualiser » la dette souveraine en euro pour relâcher la pression sur les pays les plus faibles en échange d'un surcoût pour les pays les mieux notés. Reste à créer un véhicule d'émission, une agence européenne de la dette, mais le FESF pourrait, dans un premier temps, remplir cet office. Pour beaucoup, l'élargissement de ses missions constitue déjà un embryon de ce que pourrait être cette agence européenne.

Toutefois, la décision est forcément politique car l'euro-obligation est un pas vers plus de fédéralisme économique, que peu de politiques sont prêts à endosser, surtout à la veille d'échéances électorales. Une émission européenne impose de facto un droit de regard des autorités européennes sur les budgets nationaux que ni Paris, ni Berlin ne sont prêts à concéder. Reste que le « tabou » de l'émission européenne commence à vaciller, y compris en Allemagne. Le parti d'opposition social-démocrate est clairement pour, avec, en contrepartie, un droit de regard européen accru sur les budgets nationaux, et les Verts font désormais campagne en faveur de l'euro-obligation. Quant aux investisseurs, ils ne verraient pas d'un mauvais oeil la création d'un produit complémentaire dans la gamme de rendement déjà proposée. Une diversification de l'offre, en quelque sorte.

 

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