"L'après-Jacques Servier est assuré"

Lucy Vincent, directrice générale des affaires extérieures de Servier, s'explique dans La Tribune après le scandale du Mediator, et évoque l'avenir du groupe.
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Dans quel état d'esprit se trouvent les salariés de Servier ?
Ils sont en colère et frustrés de voir la manière décalée dont l'histoire Mediator est racontée dans les médias. J'entends beaucoup : "pourquoi ne leur expliquez-vous pas les choses ?"

Mais la communication de Servier a beaucoup choqué au début de cette affaire...
En effet, beaucoup m'ont dit que notre communication a été catastrophique au début. Je suis d'accord. Elle a été faite sous le choc de l'annonce, nous n'étions pas organisés pour de la communication de crise.

Pourquoi les dirigeants du groupe n'ont-ils pas voulu répondre à nos questions ?
A partir du moment où nous sommes attaqués au pénal, les avocats leur ont interdit de communiquer.

Comprenez-vous le trouble qu'a suscité l'affaire Mediator, mais aussi les mises en cause du Protelos et du Vastarel, dans l'opinion publique ?
Il faut distinguer le cas du Mediator et celui du Protelos et du Vastarel [médicament actuellement revus par l'EMA; ndlr] qui sont réévalués normalement au cours de leur vie de médicament comme le veut la réglementation, après la survenue d'effets secondaires graves. Un médicament présente toujours un risque. La question est de déterminer si ce risque acceptable ou pas en comparaison avec le risque de la maladie pour laquelle on traite le patient

Et pour le Mediator ?
Le Mediator est un cas à part, car l'effet secondaire grave ne s'est vu qu'après 35 ans de commercialisation. Cela paraît invraisemblable, mais c'est parce que cet effet secondaire a été rare et s'est produit dans une population (les patients âgés, en hyperlipidémie, prédiabétiques ou diabétiques) déjà sujette aux valvulopathies.

Rare, avec tout de même 500 à 2.000 morts sur 5 millions de patients...
Ces chiffres ne sont pas confirmés.

Comment réagit l'entreprise face au déchaînement politique contre le groupe Servier, jusqu'ici très apprécié ?
A quelques exceptions près, nous sommes toujours appréciés pour notre recherche et notre contribution à l'excédent de la balance commerciale.

Ne craignez-vous pas de rencontrer des difficultés lorsque vous voudrez commercialiser ou faire rembourser vos prochains médicaments auprès des autorités de santé ?
Nous sommes un groupe mondial, présent dans 140 pays, avec 75 % de nos ventes à l'étranger une présence où nos médicaments sont très appréciés. Je pense donc que notre avenir en tant que groupe pharmaceutique est assuré. Nous sommes très appréciés dans le monde scientifique et médical, et cela ne change pas.

Pourriez-vous délocaliser la recherche et la production ?
65 % de notre production mondiale est faite en France. Jacques Servier est très attaché à l'industrie et à la recherche française et ce n'est pas la volonté du groupe de faire autrement.

Comment Servier est-il perçu à Bruxelles, où l'Agence du médicament doit remettre prochainement son rapport sur le système de pharmacovigilance chez Servier ?
L'agence porte son attention sur tous les médicaments évalués, c'est son travail. et elle le fait en permanence pour toutes les entreprises pharmaceutiques, pas uniquement pour Servier.

Les dommages réclamés par la Sécurité sociale (jusqu'à 1,2 milliard d'euros) représentent-ils un risque financier pour la survie de l'entreprise ?
Nous n'aurions à payer ces sommes que si l'escroquerie à la Sécurité sociale était prouvée, et nous sommes confiants dans le fait qu'elle ne le sera pas. Mais même si c'est le cas, l'entreprise est solide. Nous allons traverser cette tempête.

Avez-vous accepté de participer au fonds d'indemnisation ?
Nous avions proposé un fonds avec une dotation de 20 millions d'euros, mais il a été refusé par le Ministre qui a créé un fonds avec une clause punitive pour Servier. Il n'y aura donc pas de dotation du fonds de notre part, nous attendrons que les demandes d'indemnisation nous soit envoyées au cas par cas.

Allez-vous provisionner les cautions demandés par la Sécurité sociale (255 millions d'euros) et les mutuelles (100 millions) ?
Nous ne saurons qu'au moment de la décision des juges, qui sera connue d'ici la fin de l'année, si ces cautions nous sont effectivement demandées.

Jacques Servier envisage-t-il de passer la main s'il est mis en examen ?
Il faut attendre la suite de l'affaire. Etant donné le grand âge de Jacques Servier [89 ans, ndlr], il y a bien sûr une stratégie de continuité du groupe via la fondation qui, elle, contrôle les sociétés détentrices du capital. Celui-ci n'appartient plus à Jacques Servier depuis les années 1980.

Ses successeurs seront-ils des cadres du groupe ?
Oui.

Avez-vous reçu des offres de rachat ?
Nous en avons reçu plusieurs. Les entreprises intéressées ne savent pas que notre statut de fondation nous empêche de vendre ou de faire l'objet d'une OPA.

Servier a-t-il tiré des leçons de cette affaire ?
Oui, nous allons ouvrir nos portes davantage. Une grande partie du problème est venue du fait que nous ne nous sommes pas assez faits connaitre.

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Commentaires 8
à écrit le 25/10/2011 à 14:30
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C'est le moment de payer, parce que la politique chez servier c'est celle de l'autruche ils ne sont qu'une bande d'hypocrite

à écrit le 16/09/2011 à 14:08
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le lynchage médiatique porte ses fruits, il n'est qu'à lire les commentaires, mais la réalité est bien plus difficile à entendre et il ne suffit pas de crier avec les loups pour avoir raison, les effets secondaires, même graves, d'un médicament ne pe...

à écrit le 16/09/2011 à 11:38
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Servier devrait être en prison.Depuis plusieurs années il savait que son médicament pouvait tuer mais profitant de ses appuis politiques ou autres il a tout fait pour continuer à le vendre.Pour lui l'argent compte plus que la vie,honteux.

le 28/10/2011 à 20:56
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Attention aux amalgames et fausses informations. A ce jour il n'y a pas de preuves avérées pour MEDIATOR alors que l'aspirine fait régulièrement parler de lui par des évènements hémorragiques graves entrainant la mort.

à écrit le 16/09/2011 à 11:36
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En tout cas , dans le milieu médical et laboratoire l'après servier est surement pas assuré ... rejet pur et simple de tout produits servier dans les cabinets et hôpitaux, la concurrences se frottent les mains ... perso en tant que malade je proscri...

le 16/09/2011 à 15:12
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Vous avez tout a fait raison! Surtout si un jour vous soufrez d'une maladie qui seul une molécule développée par les Laboratoires Servier peut diminuer vos souffrances. Dans ce cas, peut être que vous aurez le temps d'attendre un générique.... Bien ...

à écrit le 16/09/2011 à 11:09
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Que c'est beau un responsable com' en action....On y croirait. Mais au final, on y croit pas quand même...

à écrit le 16/09/2011 à 9:39
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Aujourd'hui c'est le cas des laboratoires Servier, et Oril, mais tous les labos sont concernés, s'il fallait gratter un peu je suis sûr que l'on découvrirai de nombreux cas similaires!!!!!!!

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