Radicalisation et entreprise

La radicalisation est religieuse, politique, sociale, syndicale, intellectuelle, voire dans l'éducation... Tentons de trouver une explication, et une réponse.

Radicalisation, déradicalisation: depuis les drames du 13 novembre, on n'entend que ces mots pour expliquer les attentats et comme réponse afin d'éviter qu'ils ne se renouvellent.

À observer de près la radicalisation, le sujet est plus large et plus fondamental. L'affaire de la « chemise déchirée », un DRH et un autre cadre frappés en comité central d'entreprise, est une autre radicalisation. Elle rappelle celle du "démontage" du McDo de Millau, en fait une démolition, encore des radicaux. Noter le vocabulaire utilisé pour minimiser l'action.

Il y a quelques jours, des radicaux masqués jetaient les bougies et les pots de fleurs amassés autour de la statue de la République pour agresser la police.

Facettes de la radicalité

La radicalisation est religieuse, politique, sociale, syndicale, intellectuelle, voire dans l'éducation... Tentons de trouver une explication, et une réponse.

La cellule "Stop djihadisme" a analysé 3.645 individus signalés en vingt mois. Les résultats sont surprenants : 40% sont des femmes, 20% ont moins de 18 ans, la moitié sont des convertis dont certains de très fraîche date. Ces individus vivent en France, seuls 10% sont partis au moment ou très peu de temps après le signalement reçu. Ceux qui sont passés à l'action en France étaient des hommes autour de 30 ans, musulmans d'origine.

Il n'y a pas d'étude semblable pour les "zadistes", qui s'opposent violemment à différents projets d'aménagement. Ils seraient, selon la sociologue Irène Pereira, issus de la classe moyenne, généralement diplômés et précaires, plutôt jeunes.

A la recherche de valeurs

Les partis politiques de gouvernement, les syndicats dominants, les religions ont des encadrements entre 50 ans et 60 ans, pour ne pas dire plus âgés. C'est une rupture générationnelle qui s'élargit, quasi semblable à celle de mai 1968, avec des sujets différents. Bien sûr, il y a le rejet de la société de consommation, du modèle environnemental. Il y a aussi la recherche de valeurs de référence, la recherche de héros.

Et puis, il y a l'effet pervers du chômage français, trop élevé, en hausse, qui écarte durablement de l'emploi tant celui-ci est protégé. Il crée des exclus. Que peut l'entreprise ? Elle est une source d'innovation attractive, un champ d'exploration pour de nombreux jeunes. Elle est un rêve de création. Mais elle se trouve confrontée au manque de courage des politiques, notamment vis-à-vis de la laïcité, au manque de poids des syndicats, souvent trop conservateurs et débordés. L'entreprise n'est pas l'ambulance sociale du mal-être français, mais elle est un lieu de dialogue, d'échange et de construction.

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L'AUTEUR

Philippe Cahen est prospectiviste.

Son ouvrage le plus récent : Les Secrets de la prospective par les signaux faibles, Éditions Kawa, 2013.

À découvrir aussi : sa contribution à l'ouvrage collectif Rupture, vous avez dit disrupture? Le futur est déjà derrière nous, Éditions Kawa, 2015.

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