Attal - Bardella : les nouveaux Rastignac

EDITO - Retrouvez l'éditorial de Bruno Jeudy, directeur délégué de La Tribune Dimanche.
Bruno Jeudy
(Crédits : DR)

On ne voit qu'eux. On n'entend plus qu'eux. Gabriel Attal (34 ans) et Jordan Bardella (28 ans) se sont imposés en quelques mois parmi les élus de la nouvelle génération. Chacun à leur façon et dans un troublant parallélisme des formes, ils ont bluffé les Français. Le premier a grillé la politesse à ses aînés macronistes. Il est devenu Premier ministre, explosant tous les compteurs de précocité sous la Ve République. Le second a accéléré la normalisation du vieux parti lepéniste et fait oublier un peu plus ses origines d'extrême droite.

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Avec leur profil d'apparatchik, ils ont fait de la politique leur métier sans en avoir exercé un vrai auparavant. Dans une époque désidéologisée, ils ont réussi à séduire jeunes et moins jeunes. Un paradoxe dans un pays où la jeunesse s'épanouit depuis longtemps loin de la politique et en boudant les urnes. Évidemment, le match est lancé entre ces deux as de la communication et redoutables bretteurs. Le champion d'Instagram qui pose avec son chiot sur les marches de Matignon contre le roi de TikTok et des selfies rivalisent par réseaux sociaux interposés. Mais les deux nouveaux Rastignac de la vie politique ont en commun de devoir briller sans faire d'ombre à leurs chefs respectifs. Pour reprendre le titre d'une chanson de Serge Gainsbourg, ils sont « sous le soleil exactement »... Gare au crime de lèse-majesté qui renverrait l'un et l'autre aux oubliettes.

À moins de cent jours d'un scrutin européen crucial pour l'avenir de l'UE sous la menace des partis populistes, le Premier ministre et la tête de liste du Rassemblement national ont engagé le combat. Lancée dans une improbable remontada, la majorité a investi sa tête de liste cette semaine. En réalité, ils seront trois - Emmanuel Macron, Gabriel Attal et Valérie Hayer - à faire campagne contre Marine Le Pen et Jordan Bardella, en meeting ce dimanche à Marseille pour une démonstration de force. Les macronistes se mettront, eux, en ordre de bataille dans une semaine à Lille. Après l'affrontement autour de l'agriculture, la confrontation s'est déplacée, à l'initiative du président de la République et du Premier ministre, vers les menaces que Vladimir Poutine fait peser sur l'Europe. L'argument ne manque pas de pertinence et vise, bien sûr, la complaisance du RN avec l'autocrate du Kremlin, qui vient de faire assassiner son opposant Alexeï Navalny.

Pour préserver la fin de son quinquennat, Emmanuel Macron a misé sur la popularité de
son nouveau Premier ministre afin de réduire l'écart avec l'extrême droite. À Gabriel Attal de relever le gant. Tout en méditant sur cette phrase de Simone de Beauvoir : « La jeunesse n'aime pas les vaincus. »

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Bruno Jeudy

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Commentaires 4
à écrit le 03/03/2024 à 12:40
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📢 Un peu de pluralité des idées : 🇲🇫 François Asselineau sera à la tête de la liste du parti UPR pour les élections européennes ! Pour promouvoir la sortie de l'UE, la sortie de l'OTAN, la sortie de l'euro ! Pour que la France retrouve sa souverainet...

le 03/03/2024 à 13:34
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Euh ... Nous sommes à la fin du premier quart du XXIème siècle. Le réveil pourrait être douloureux ...

à écrit le 03/03/2024 à 9:29
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Quel que soit l'info, c'est toujours le média qui la surjoue, qui l'analyse et conclue...laissant le lecteur, l'auditeur et le spectateur saturé et dégouté ! :-)

à écrit le 03/03/2024 à 9:23
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"Attal - Bardella" La fabrique à opinion, mais qu'est-ce qu'on s'ennuie aussi pendant les "élections"...

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