Coronavirus : relancer l'économie quel qu'en soit le prix !

Emmanuel Macron doit s'adresser aux Français ce jeudi à 20h00 sur la crise sanitaire provoquée par le coronavirus. Le Covid-19 est aussi un choc économique et social qui nécessite d'agir vite et fort pour rassurer les entreprises et les aider à passer une période, de quelques semaines à quelques mois, de tous les dangers. Les budgets seront si besoin mis massivement à contribution.
Philippe Mabille
(Crédits : STEPHANE MAHE)

Sanitaire, économique et social, le choc du coronavirus est encore devant nous et va imposer pour une période de temps impossible à prédire des mesures inédites à l'échelle du monde, qui ne sont pas sans rappeler celles prises lors de la chute de Lehman Brothers en 2008-2009. A cette différence près que l'origine de cette crise n'est pas, cette fois, la finance sans visage, mais un virus inconnu qui asphyxie directement l'économie réelle. Du coup, le remède et la posologie des réponses publiques ne sont évidemment pas les mêmes.

Face à la crise financière, les Etats et les banques centrales ont inondé les banques de liquidités pour éviter un effondrement par effet dominos qui se serait transmis ensuite à la sphère réelle. Et globalement cela a marché, au prix de la construction de nouvelles bulles financières. Dans le cas actuel, même si l'expérience nous manque pour savoir où et comment agir, c'est l'activité et le chiffre d'affaires de milliers d'entreprises de toutes tailles qui s'est brutalement évaporé. Et nul ne sait si et quand il reviendra. Prenons le cas du tourisme : même si la situation se rétablit rapidement, les gens ne vont pas voyager deux fois plus pour compenser.

Il faut donc un plan massif pour aider les entreprises les plus touchées à résister au choc et à tenir le plus longtemps possible, tout en agissant fortement pour freiner puis inverser la courbe de l'épidémie afin que les capacités hospitalières ne soient pas submergées, comme on le voit en Italie où l'on en est à trier les malades que l'on sauve. L'enjeu, dans cette guerre sanitaire, c'est de gagner du temps. Chacun est et doit se sentir responsable de soi-même bien sûr, mais aussi des autres en appliquant les consignes : se laver les mains plusieurs fois par jour et éviter les contacts sociaux notamment pour protéger les populations les plus exposées.

Agir avant l'effondrement du système économique

Si les banques centrales ont eu raison d'agir vite et fort pour baisser les taux d'intérêt et permettre aux banques de tenir la digue des besoins de trésorerie de leurs clients, ce ne sera qu'un cautère sur une jambe de bois si la crise dure longtemps. Christine Lagarde, très énervée du manque de coordination des Etats européens qui pratiquent le chacun pour soi, a été « cristal clear » dans ses propos : « L'Europe pourrait connaître un scénario qui rappellerait celui de la grande crise de 2008 » si elle n'agit pas ; « certaines parties de vos économies pourraient s'effondrer », prévient-elle à la veille d'annoncer des mesures de financement exceptionnelles suite à la réunion de la BCE. Mais pas de baisse des taux, au risque d'aggraver l'inquiétude des marchés européens qui se sont effondrés jeudi. La présidente de la Banque centrale européenne, Christine Lagarde, a fustigé jeudi "la complaisance et la lenteur" des gouvernements "en particulier en zone euro" face au coronavirus, une critique inhabituellement vive des Etats. "J'espère fortement que lors de la réunion de l'Eurogroupe lundi", il y aura "une avancée décisive et déterminée" vers "cette réponse budgétaire ambitieuse et collective que nous avons réclamée", a-t-elle déclaré.

Transport aérien, tourisme, hôtellerie, restauration, évènementiel, luxe, la contamination économique a déjà commencé et pourrait menacer plus de 10% du PIB européen, sans même tenir compte de la désorganisation des chaînes de production dans l'industrie et l'énergie. De même que ce sera aux systèmes hospitaliers de tenir le choc pour freiner la contagion épidémique, c'est donc aux budgets des Etats de venir en force de rappel pour limiter l'impact économique et social. Et ce quel qu'en soit le prix pour empêcher la panne économique. Bruno Le Maire à Bercy a commencé d'agir sur les reports de paiements de charges fiscales et sociales. Mais c'est aussi l'Europe qui devra mettre la main à la poche bien au-delà des 25 milliards d'euros mis sur la table mardi. Aux Etats-Unis, Trump, qui sent sa réélection menacée par le temps qu'il a perdu à prendre la mesure du choc, a mis 700 milliards...

Une chose est sûre, mieux vaut en faire trop en espérant que la crise temporaire que pas assez et que l'effondrement du système économique ne devienne irréparable. La barre des 3% du PIB de déficit risque bien d'être le dernier de nos soucis dans les semaines et peut être les mois à venir. La seule bonne nouvelle dans ce tableau sombre, c'est que la victoire est possible : la Chine semble en passe d'enrayer l'épidémie, au prix de mesures que nous avons peine à imaginer dans nos démocraties et que pourtant, l'Italie expérimente. Les annonces que doit faire le président Emmanuel Macron ce jeudi seront décisives pour maintenir la mobilisation et la confiance de l'opinion publique sur laquelle tout repose alors que la crise va être un stress test pour la solidité de la cohésion du pays.

Philippe Mabille

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Commentaires 6
à écrit le 13/03/2020 à 18:12
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Donc en France il vaut mieux être chef d'entreprise que chômeur non rémunéré pour recevoir des milliards de l'état, donc nos impôts in fine...On aurait pu leur demander de vendre leur porsche mais on a préféré leur donner les sous de l'école et de l’...

le 14/03/2020 à 5:34
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La majorité des patrons de TPE et PME ne roulent pas en Porsche et gagnent souvent moins que certains cadres. Et en attendant contribue à l'emploi de millions de salariés... Quel idéologisme primaire !

le 14/03/2020 à 5:36
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La majorité des patrons de TPE et PME ne roulent pas en Porsche et gagnent souvent moins que certains cadres. Et en attendant contribuent à l'emploi de millions de salariés... Quel idéologisme primaire !

à écrit le 13/03/2020 à 9:02
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L'économie ? Non vu tous les milliers de milliards qui sont injectés si c'était dans l'économie réelle ce serait l’euphorie, ces milliards vont encore alimenter les comptes des paradis fiscaux qui ne sont même pas inutiles mais carrément nuisibles. ...

à écrit le 12/03/2020 à 17:33
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sur le plan médical je ne sais pas quelle est la solution optimale....sur un plan purement économique.....soit on lâche les vannes pour que les gens puissent continuer à vivre..... donc financement massif du chômage pour les entreprises en difficulté...

à écrit le 12/03/2020 à 9:24
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Dans une course "contre" le temps c'est toujours le temps qui gagne.

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