En guerre contre Poutine

ÉDITO - Retrouvez l'éditorial de Bruno Jeudy, directeur délégué de La Tribune Dimanche.
Bruno Jeudy
Bruno Jeudy
Bruno Jeudy (Crédits : DR)

Chat échaudé craint l'eau froide. Deux ans après avoir été berné par Vladimir Poutine lors de leur face-à-face au Kremlin, Emmanuel Macron a cette fois immédiatement pris la mesure du « changement de posture » de la Russie, selon ses mots. Dans un discours particulièrement grave prononcé vendredi soir à l'Élysée en présence de son homologue ukrainien, Volodymyr Zelensky, le chef de l'État a appelé à un « sursaut collectif » de la communauté internationale. Un propos fort pour alerter sur la montée en puissance de la menace russe et de l'agressivité du maître du Kremlin à l'égard de l'Europe et, singulièrement, de la France.

Les signaux de cette aggravation se multiplient tous azimuts. De la mort soudaine de l'opposant russe Alexeï Navalny à la propagande grossière de l'ancien président Dmitri Medvedev, avec ses menaces à peine voilées sur la sécurité d'Emmanuel Macron, en passant par les révélations de la presse américaine sur la préparation d'une attaque nucléaire contre les satellites européens, Vladimir Poutine tient bel et bien le rôle d'«acteur méthodique de la déstabilisation du monde », comme le décrit lucidement le président français.

Trois facteurs expliquent ce changement de paradigme. D'abord le repli américain au Congrès en attendant le résultat de l'élection présidentielle, qui risque de modifier l'ampleur du soutien de Washington à l'Ukraine. Ensuite, le comportement de Vladimir Poutine, qui multiplie les actes d'ingérence vis-à-vis de l'Occident et intensifie sa lutte informationnelle. Enfin, la prise de conscience européenne qui conduit l'Allemagne, la France et la Pologne, ainsi que la Grande-Bretagne, à accroître fortement leurs aides militaire et matérielle à Kiev. Chacun comprend progressivement que l'Europe ne va pas pouvoir vivre éternellement sous protection américaine.

C'est dans ce contexte d'une Europe seule face à l'autocrate russe que vont se dérouler des élections européennes cruciales. Un scrutin qui dépasse de très loin les petits enjeux de politique intérieure. En réalité, c'est un combat civilisationnel qui se jouera le 9 juin partout sur le continent entre des populistes trop souvent complaisants avec Moscou et ceux qui refusent de négocier avec le Kremlin. Le tweet larmoyant de Jordan Bardella sur la « mort tragique » de Navalny ne doit pas occulter que le RN a vanté pendant des décennies, et il y a encore peu, les mérites du leader russe. L'heure de la clarification a sonné. Le soutien à l'Ukraine reste majoritaire en France, mais il recule. Face à Vladimir Poutine, qui joue le temps long, Emmanuel Macron a prévenu : il faut aider l'Ukraine « quoi qu'il en coûte et quelles que soient les décisions américaines ». La guerre contre Poutine est à ce prix.

>>> Retrouvez l'édition complète de La Tribune Dimanche du 18 février 2024 dans vos kiosques à journaux et sur notre kiosque numérique.

Bruno Jeudy

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 11
à écrit le 18/02/2024 à 14:08
Signaler
Macron veut aider l'Ukraine qui s'est fait envahir par les forces de Moscou. On peut le comprendre, c'est légitime. Mais au vu de la situation actuelle, quel est l'objectif en donnant 3 milliards à l'Ukraine? Car j'ai bien l'impression que les beaux ...

à écrit le 18/02/2024 à 12:55
Signaler
"Un scrutin qui dépasse de très loin les petits enjeux de politique intérieure" Je résume ses petits enjeux : - souveraineté alimentaire et énergétique - contrôle des frontières - contrôle de l'immigration - contrôle de l'élargissement de l'UE ...

à écrit le 18/02/2024 à 12:42
Signaler
Bizard que le conseil d'Etat ne se penche pas sur certains médias d'opinion qui factuellement appellent à voter pour tel candidat et à boycotter Bardella. Votre tribune me conforte dans mon choix de voter pour la liste contre laquelle vous appelez o...

à écrit le 18/02/2024 à 10:16
Signaler
Ce qui renforce le plus Poutine en Russie est l'opposition militaire de l'occident. Macron, Biden , Scholz, Meloni et Sunak sont les meilleurs amis de Poutine

à écrit le 18/02/2024 à 10:06
Signaler
"l'agressivité du maître du Kremlin à l'égard de l'Europe et, singulièrement, de la France". Parce que la fourniture d'armes par la France et l'UE qui tuent des Russes tous les jours n'est pas un acte agressif ?

le 18/02/2024 à 15:19
Signaler
Quand la Russie envahit un pays avec des chars, de l’artillerie et 150 000 hommes, vous voulez-vous qu’on donne quoi aux Ukrainiens? Des fraises Tagada? Évidemment qu’on ne va pas laisser faire. Quand même!

à écrit le 18/02/2024 à 8:21
Signaler
Ben disons que ça fait deux ans maintenant la guerre.

à écrit le 18/02/2024 à 7:23
Signaler
Se servir de la lutte contre la Russie pour critiquer le RN, faut quand même oser. La réalité est que le RN mise sur un renforcement de la défense. Je préférai avoir un pouvoir politique plus fort et plus ferme. Alors que la menace ne cessait de croî...

le 18/02/2024 à 15:27
Signaler
@Math: Pour être crédible dans ce sens, le RN devra renvoyer tous ceux qui ont affiché les positions clairement pro-russes dans ses rangs. Ah zut, cela va être difficile!

le 18/02/2024 à 17:27
Signaler
Pas besoin de chasse aux sorcières. Le conservatisme sur le plan des mœurs de Poutine me convient, de même que son rapport équilibré à l’immigration. En revanche, quand il envoie son armée intimider l’Europe de l’Est, là, c’est non. Cette pagaille là...

à écrit le 17/02/2024 à 23:58
Signaler
Il serait peut-être temps de se réveiller. Pendant que l'Europe pense, la Russie prend le temps de se renforcer, continue à menacer et surtout tues ses voisins ukrainiens. Alors au lieu de donner des munitions et des armes sans compter et de rester ...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.