Un bis repetita de MP2013 ? Dix ans après avoir été capitale européenne de la culture, Marseille saura-t-elle transformer l'opportunité d'être hôte d'un événement planétaire comme les Jeux olympiques pour transformer son image ? Si la notion d'héritage est avant tout associée aux infrastructures, elle n'est pas neutre pour ce qui concerne la notoriété. En clair, c'est l'opportunité de mettre en lumière le territoire, loin des régulières piqûres médiatiques liées au narcobanditisme et à l'insécurité qui en découle.
Il y a d'abord une facette touristique moins connue. Considérée comme une référence en matière de cuisine provençale et méditerranéenne, la ville fait des JO un continuum de Marseille Provence Gastronomie qui, depuis 2022, multiplie les événements gourmands avec la volonté de mettre en avant les saveurs de la région. Le programme est surtout un outil de valorisation des filières agricoles locales. C'est ainsi qu'est née l'idée du banquet solidaire de Notre-Dame de la Garde, qui permettra mercredi d'admirer l'entrée du Belem dans le Vieux-Port depuis le parvis de la basilique. Construite sur le modèle des dîners suspendus, l'opération permet de mettre à disposition des associations caritatives 150 repas sur les 300 places prévues. Installés le long de la digue du large pour trois jours, du 10 au 12 mai, les Déjeuners de la Flamme participent du même objectif de valorisation.
Ces Jeux doivent aider à renforcer l'attractivité et, pour le monde économique, c'est une opportunité à ne pas rater. Directeur de la chaire Attractivité et nouveau marketing territorial au sein d'Aix-Marseille Université, Christophe Alaux souligne l'importance d'un tel focus mondial pour mettre en avant la marque employeur de Marseille. Et faire de l'événement un rendez-vous qui donne envie aux investisseurs.
E-sport et industrie décarbonée
Le territoire se distingue en matière d'industrie décarbonée, attirant de nombreux projets. Les JO sont l'occasion de le montrer, mais aussi un levier pour conforter cette stratégie. « Ils doivent avoir un impact économique et un impact social. Il s'agit de l'héritage qui sera laissé aux habitants », détaille Christophe Alaux, citant la démarche de Londres qui avait fait du raout olympique de 2012 une sorte de grand tour operator pour les investisseurs intéressés par la capitale anglaise. C'est aussi, poursuit l'universitaire, l'opportunité « de conforter des filières ayant des connexions avec les JO, et que l'on souhaite valoriser comme celle de l'e-sport », très structurée à Marseille. La filière Staps, au sein d'Aix-Marseille Université, réfléchit à une formation consacrée au management en e-sport. Une compétition e-sport autour de la voile a, elle, déjà été développée.
La voile. LE sport qui sera roi à Marseille pendant la quinzaine olympique (des matchs de football féminin et masculin auront aussi lieu au stade Vélodrome) avec, mine de rien, un enjeu sportif en filigrane : faire en sorte que la filière voile provençale se structure davantage. Avec une marina flambant neuve et un investissement des collectivités de l'ordre de 49 millions d'euros, l'ambition est de créer un effet d'entraînement et de pousser, pourquoi pas, des talents à opter pour la cité phocéenne comme base référente.
Quant aux retombées économiques attendues, elles sont de l'ordre de 200 millions d'euros, ainsi que l'a indiqué Jean-Luc Chauvin, le président de la Chambre de commerce et d'industrie. « Même si l'impact sera peut-être moins fort que les 400 millions d'euros de retombées générées par la Coupe du monde de rugby [il y a eu six matches au stade Vélodrome en sept semaines], un tel évènement est toujours très positif », s'enthousiasme François de Canson, le président du Comité régional du tourisme. Il y a l'impact immédiat et celui à horizon plus lointain. C'est de dernier qui doit profiter à Marseille. Mais ce n'est pas le plus facile à construire.
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