Le paysage audiovisuel subit une double révolution technologique et générationnelle sans précédent. Alors que l'âge moyen des téléspectateurs ne cesse d'augmenter, l'audiovisuel public est en danger. À l'ère de l'hyperconnexion, le maelstrom d'images et d'informations devient chaque jour plus important. Pour ne pas laisser les réseaux sociaux devenir la source d'information dominante, pour continuer à véhiculer un imaginaire commun dans une société divisée, un audiovisuel public puissant est plus que jamais nécessaire. C'est un enjeu démocratique fort !
Pour faire face aux défis que France Télévisions, Radio France, France Médias Monde et l'Institut national de l'audiovisuel (INA) doivent affronter, les initiatives de mutualisation et de synergies engagées nous paraissent aujourd'hui trop limitées. Depuis la création de France Médias Monde en 2012, celle de Franceinfo en 2016, la seule évolution notable en ce domaine concerne l'émergence d'un pôle local composé de France 3 et France Bleu.
Députés et sénateurs réunis, nous proposons d'accélérer le rythme des réformes et d'avancer dans deux directions complémentaires. Primo, il faut regrouper les forces. Il ressort de nos travaux parlementaires que l'audiovisuel public a besoin d'un pilotage stratégique, ce qui passe par des modifications structurelles. Plusieurs options sont sur la table : présidence commune, création d'une holding, fusion des sociétés... Le débat parlementaire, initié au Sénat par l'adoption d'une proposition de loi en juin dernier, doit suivre son cours.
Sans exclure la possibilité à terme d'une entreprise unique, cette option préserverait l'identité des différentes filiales : France Télévisions, Radio France, France Médias Monde et l'INA. Tel est le sens de la proposition de loi adoptée par le Sénat et des conclusions de la mission d'information de l'Assemblée nationale sur l'avenir de l'audiovisuel public. Nous nous réjouissons que la ministre de la Culture ait décidé de prendre ce sujet à bras-le-corps.
Secundo, il faut aussi consolider le financement. C'est l'autre pilier indispensable de la réforme. La contribution à l'audiovisuel public a été provisoirement remplacée par une fraction de TVA. Sans intervention législative, un financement par crédits budgétaires s'y substituera l'an prochain. Il ne nous paraît pas souhaitable que le financement de ce champ soit, ainsi, directement à la main de l'État. Comme sur la réforme des structures précédemment évoquée, un consensus parlementaire existe sur la nécessité de modifier la loi organique relative aux lois de finances: là encore, le Parlement est à l'initiative, avec une proposition de loi déposée, cette fois, à l'Assemblée nationale. La pérennisation d'un financement par affectation ou le prélèvement de recettes doit notamment permettre de conforter l'indépendance et donc la crédibilité de nos chaînes publiques à l'international.
Ce sont les pistes d'action que nous avons proposées dans le cadre des différentes propositions de loi respectivement défendues au Sénat et à l'Assemblée : le moment est venu pour le gouvernement de s'en saisir afin de garantir la pérennité d'un audiovisuel public fort et d'assurer son rayonnement sur les réseaux hertziens et numériques ! Nous lui apporterons une majorité solide au Parlement.
Ces avancées pour le public doivent également, dans le grand « big bang » audiovisuel en cours, nous permettre de trouver les bases d'un « New Deal » avec l'audiovisuel privé à qui nous devons donner de nouvelles perspectives économiques. Rallumons nos radios et nos télévisions !
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