La défense européenne a-t-elle (encore) un sens ? (2/10)

Dans le but de permettre à la base industrielle et technologique de défense de contribuer à la sortie de crise et aux plans de relance français et européen, le groupe de réflexions Mars* souhaite partager, dans une série de tribunes, les réflexions qu’il mène notamment autour des sujets de la souveraineté et de l’autonomie, du sens donné à l’Europe de la défense et la place réservée à la défense dans un "plan Marshall" européen, des enjeux macroéconomiques et des enjeux industriels et d’innovation dans la défense. L'objectif du groupe de réflexions Mars est de trouver des solutions pour sécuriser les budgets de défense à court et à moyen terme.
Il importe que l'Allemagne confirme la réalisation effective de ce projet d'avion dans le cadre d'un accord européen (groupe de réflexions Mars)
"Il importe que l'Allemagne confirme la réalisation effective de ce projet d'avion dans le cadre d'un accord européen" (groupe de réflexions Mars) (Crédits : Dassault Aviation / Pierre Barut)

La crise sanitaire que le monde entier traverse doit renforcer notre vigilance sur le regain des tensions géopolitiques et économiques. Alors que tous les arguments convergent pour défendre des logiques de protections communes entre Européens, les décisions de certains États membres risquent de remettre en cause cette évidente nécessité. Ainsi, on retiendra le choix de l'Allemagne, qui en pleine gestion de la crise du coronavirus, annonce vouloir acquérir plusieurs avions "made in USA".

La raison évoquée - embarquer des armements nucléaires -, est d'ailleurs bien étrange quand on sait que les F/A-18E/F Super Hornet n'ont jamais eu cette vocation. En revanche, une dépendance complète à l'égard des USA en matière de guerre électronique résultera du choix du "EA-18 G Growler". Dans le cadre d'un combat collaboratif interconnecté, intégrer une brique américaine dans ce domaine central équivaut à une "ITARopérabilité". Il en ressort une soumission volontaire et accrue des États européens..

Europe : 100 milliards de commandes "Made in USA"

En ce sens, l'Allemagne rejoint d'autres États membres, notamment la Pologne adepte de la panoplie complète avions/hélicoptères/missiles, mais aussi les Pays-Bas et la Belgique qui ont récemment opté pour des avions américains F35 aux coûts vertigineux. L'ensemble des commandes européennes récentes au profit de l'industrie américaine aéronautique dépasse les 100 milliards d'euros. On comprend bien le manque à gagner pour l'industrie européenne et, en particulier française, pourtant apte à fournir des matériels performants et à des prix souvent moindres. Au-delà, ces décisions d'États européens portent un coup très rude à l'élaboration d'une défense européenne, laquelle se construit d'abord par son industrie. L'interdépendance technologique et économique qu'une initiative européenne génère conduit à une logique de défense partagée.

De plus, à un moment où la notion de souveraineté revient en grâce, il serait illusoire de penser une défense européenne sans autonomie. En l'espèce, les coûts de développement des matériels de défense étant devenus prohibitifs, leur partage entre pays aux valeurs et aux intérêts communs procède du bon sens. Malgré cette évidence, tel n'est pas le cas. Pourquoi ? La réponse est probablement pluri-factorielle. Il est manifeste que les Européens ont toujours des difficultés à surmonter le poids de l'Histoire et des compréhensions géopolitiques différentes des menaces. De nombreux observateurs ont misé sur l'élection de Donald Trump et ses prises de positions radicales pour espérer une prise de conscience de l'intérêt commun des Européens à être plus forts ensemble. Il n'en est manifestement rien.

"Les Américains ne sacrifieront pas Boston pour les beaux yeux des Hambourgeoises", Charles de Gaulle en réponse à la doctrine McNamara (de riposte graduée).

En outre, en Europe de l'Est, il est encore fréquent d'entendre que les USA seront d'un meilleur secours en cas d'attaque. Quelles certitudes permettent de garantir que des USA repliés sur eux-mêmes iront à la rescousse d'un État européen, traité d'alliance ou non ? Malgré tout le talent des États-Unis qui alimentent à merveille cette illusion en envoyant un grand nombre de coopérants militaires dans ces pays, aucune analyse n'est décisive pour expliquer les choix d'acquisitions de technologies américaines.

Schizophrénie européenne

Nous sommes en présence d'une forme de schizophrénie européenne consistant à dénoncer les gesticulations guerrières des USA et à en alimenter le potentiel par des achats d'armes stratégiques. D'autant plus que leur usage dépend entièrement de l'accord des Américains, annihilant de la sorte toute souveraineté européenne. Surtout, en étant trop obsessionnels de ces circonvolutions géopolitiques, nous oublions que ces décisions relèvent des États européens et d'eux seuls. Finalement, le jeu des USA est donc accessoire. Il n'appartient qu'aux Européens de le refuser et de faire face à leurs responsabilités. L'Europe en a les moyens technologiques, industriels et budgétaires.

Certes, les sempiternels débats institutionnels sur l'Europe de la défense ralentissent notre compréhension des enjeux. Fondamentalement, ils n'interfèrent pas pour expliquer l'absence de choix collectifs des Européens. En la matière, il n'est pas besoin de changer les traités ou la gouvernance et l'organisation des institutions européennes pour s'entendre. Un outil est d'ores et déjà disponible, le Fonds européen de la défense, "saupoudré" d'un timide affichage politique.

Les exportations de l'UE vers les USA très stratégiques

Quels sont donc les mobiles de l'absence de stratégie européenne en matière d'industrie de défense ? Il est maintenant établi qu'il faille les chercher ailleurs. C'est-à-dire dans des logiques économiques pour lesquelles les choix en matière de défense sont des variables d'ajustement. En Europe, les USA pratiquent "le soft et le hard power". On peut même affirmer qu'ils ont l'art du rapport de force. Les dernières "piques" de Donald Trump ont visé l'Europe dans un chantage : importations de voitures allemandes aux USA contre exportations agricoles US en Europe. L'Union européenne a cédé sans rien gagner d'autre qu'un statu quo. L'enjeu est de taille.

L'UE agit par intérêts, pas par faiblesse ou par compassion. Les exportations européennes aux USA génèrent chaque année un excédent commercial de 140 milliards d'euros par an, dont la moitié pour l'Allemagne. https://www.europarl.europa.eu/thinktank/infographics/tradeflows/public/partners.html?country=us. Elles devaient donc être protégées. On comprend aisément que l'achat de 15 milliards d'euros de matériels militaires américains est un geste "utile" en temps de crise économique. Un travail de "déminage" dont le but est de désamorcer des tentations de repli protectionniste aux USA.

Berlin a défendu son industrie civile

Face à la crise, l'Allemagne a fait le choix de consolider son industrie civile performante. Elle prend soin d'éviter un courroux américain augmenté par un choix uniquement centré sur le futur avion de combat européen. Toutefois, il importe que l'Allemagne confirme la réalisation effective de ce projet d'avion dans le cadre d'un accord européen. En ce sens et suite à la dernière réunion du Conseil européen fin avril, les arbitrages budgétaires européens qui seront décidés courant mai doivent inclure cet enjeu. A titre accessoire, on notera que ces décisions sont complexes à prendre dans un pays dirigé en coalition avec des tendances très fluctuantes sur le sujet et de surcroit à croiser avec les réalités industrielles des différents États-régions "Länder".

A titre principal, il n'est pas possible pour les États européens, concurrents des USA, d'utiliser le même mode opératoire qu'eux. En effet, à défaut d'acquisition de matériels français par l'Allemagne, la Belgique, les Pays-Bas ou tout autre État membre, la France ne peut pas pratiquer de représailles commerciales dans d'autres secteurs. La "carotte" est possible, même si elle est très encadrée, le bâton : non ! En raison du marché intérieur et des dispositions du Traité sur le fonctionnement de l'Union européenne, nous ferions l'objet d'une procédure d'entrave sans aucune chance de gagner. Les quatre grandes libertés européennes empêchent les Européens de déroger à la libre circulation des marchandises, des services, des capitaux et des personnes.

Tout est affaire de rapports de force puis de compromis

Néanmoins, la France n'est pas démunie. Son rôle en Europe est essentiel. Depuis le départ des Britanniques, sans elle, aucune défense européenne n'est possible dans un cadre stratégique européenne. Tel est le problème et la solution. Seule une action politique d'envergure peut aboutir. Dans l'Union européenne, on ne convainc pas. Tout est affaire de rapports de force puis de compromis, y compris à l'appui d'intérêts ciblés dans d'autres domaines que celui de la défense. Les États européens qui ont recours à des acquisitions américaines doivent maintenant avoir plus à perdre qu'à gagner à jouer ce jeu dangereux pour notre avenir commun. La conjoncture nous en donne les moyens. La question n'est pas "pourquoi" la défense européenne mais "combien" et "comment" ? (à suivre).

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* Le groupe Mars, constitué d'une trentaine de personnalités françaises issues d'horizons différents, des secteurs public et privé et du monde universitaire, se mobilise pour produire des analyses relatives aux enjeux concernant les intérêts stratégiques relatifs à l'industrie de défense et de sécurité et les choix technologiques et industriels qui sont à la base de la souveraineté de la France.

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Commentaires 38
à écrit le 02/05/2020 à 16:26
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Plus que jamais la défence Européene est nécessaire au même titre que l'Europe sociale et politique. Plus on va moins l'individualité fonctionnera. Le problème ce sont tous ces gens qui sont nés quelque part.

le 02/05/2020 à 18:53
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L'Europe sociale n'existe pas et ne peut pas exister. L'Europe actuelle incarnée par l'UE n'a pas été imaginée pour faire du social.

à écrit le 01/05/2020 à 21:00
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Article mal écrit, exposant mal le contexte, les arguments des autres pays et la faiblesse de ces arguments. Il ne faut pas croire que les autres européens sont irréalistes sur les questions de défense. Les européens disent que les français ne les é...

à écrit le 01/05/2020 à 15:33
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Macron a eu doublement tort de parler de guerre à propos du virus. Le virus appartient à Dame Nature qui n'est pas notre ennemie. Ensuite, lui et son gouvernement ont montré au monde entier et à l'Europe en particulier leur incapacité à gérer la logi...

le 02/05/2020 à 18:49
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N'excluez pas complètement l'hypothèse d'un bidouillage génétique chinois échappé d'un labo P4, volontairement ou involontairement telle est la question.

le 03/05/2020 à 15:44
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A ce jour, rien ne prouve que le virus sort d'un labo et le terme "guerre" est inapproprié. De la part de celui qui peut déclencher le feu nucléaire c'est inquiétant (comme son incapacité à prévoir et gérer la logistique de crise) et ne peut que renf...

à écrit le 01/05/2020 à 14:34
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En géopolitique, pour être écouté, entendu, respecté, pour participer à des négociations, il faut être fort militairement. Les Américains, les Russes et maintenant les chinois l'ont très bien compris. Observez le budget défense de ces pays depuis l...

le 02/05/2020 à 16:20
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oui.

à écrit le 01/05/2020 à 13:23
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L'achat d'avions américains doit être voté par le Bundestag .Le SPD ,die Linke .et les verts sont contre .Et AKK nie avoir discuté d'une offre formelle .De plus un système de bombes est bien dépassé par les missiles à têtes nucléaires .Enfin les fina...

à écrit le 01/05/2020 à 9:57
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avec des vision aléatoires de certain dirigeants demain l'europe en conflit avec un partenaire actuel voyer la dépendances avec les fournisseurs c'est la fin de l'europe précipité par la cupidité a l'argent de la majorité de nos élus et la fra...

à écrit le 01/05/2020 à 8:36
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On reparlera de défense européenne quand la politique de l'UE se différenciera de la défense des intérêts de l'industrie allemande en particulier de son industrie automobile!

à écrit le 30/04/2020 à 19:54
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Ça aura un sens quand on aura changé les personnes qui sont chargées de cette mission. 500 millions de gens qui ont un intérêt commun à fabriquer leurs propres armes, munitions et je dirais même 700 millions car il faut y inclure la Russie et ses pay...

à écrit le 30/04/2020 à 18:25
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Dés qu'un patriotisme apparaîtra, une défense aura un sens a condition que cela soit des citoyens en arme et non une armée de métier au service d’intérêt privé!

à écrit le 30/04/2020 à 15:47
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Pour moi, une défense européenne reste une utopie, certes souhaitable, mais loin des réalités du nationalisme de la plupart des dirigeants européens... Seule solution réaliste pour avancer , ce serait de mettre en place une "centrale d'achat" europé...

le 01/05/2020 à 6:49
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La centrale d’achat existe déjà via l’occar. Ça n’a rien changé.

à écrit le 30/04/2020 à 15:45
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Pour moi, une défense européenne reste une utopie, certes souhaitable, mais loin des réalités du nationalisme de la plupart des dirigeants européens... Seule solution réaliste pour avancer , ce serait de mettre en place une "centrale d'achat" europé...

à écrit le 30/04/2020 à 14:14
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On essai d'être ITAR free mais est on asie, plus spécifiquement, taiwan free ? Où sont fabriqués les composants électroniques nanométriques ? certainement pas en France. Même les USA dépendent en partie de la chine pour leurs composants, un comble. ...

le 30/04/2020 à 15:57
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Que ça soit produit en Asie n'est pas un problème,le but c'est "Itar-Free" donc pas de production chez les américains qui sont les seuls à lancer des répliques sur ce domaine,interdictions d'exportations de matériel militaire si il venait à y avoir u...

le 30/04/2020 à 19:34
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Les composants américains n'étaient pas un problème non plus jusqu'à ce qu'ils le deviennent, gouverner c'est prévoir. Je vois pas comment on peut être certain que parmi les firmes taiwanas il n'y en est pas qui soient aux mains des chinois sans q...

à écrit le 30/04/2020 à 11:41
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Que faut-il penser alors du choix italien de s'associer avec les anglais maintenant hors de l'union européenne pour développer un futur avion de combat (projet Tempest) et peut être rejoint par la Suède . . . c'est comme le dit si bien un internaute,...

le 01/05/2020 à 6:53
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Va falloir avancer... Un porte-avions ne peut pas être européen pour le moment. Les règles et décisions d’engagement sont nationales, personne ne meurt pour UE. Par ailleurs, le porte-avions n’est peut-être pas l’avenir.

à écrit le 30/04/2020 à 11:36
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Excellent article, on touche le coeur du problème. La france devrait renverser la table en Europe. Elle est parmit les principaux contributeurs, mais hormis un parlement à Strasbourg elle n'en retire rien. Il faudrait renégocier sous la menace: ...

le 30/04/2020 à 12:41
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la France est soumise( 1 par son soucis de plaire aux usa en 2 ne rien faire pour contrarier les allemands 3 la majorité des élus gauche et droite confondu rêve d'être le 51 état des états uni. il suffit de regarder la justice françaises qui donne ...

le 01/05/2020 à 6:55
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Intéressant

à écrit le 30/04/2020 à 11:20
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Arrêtons tout de suite toute cette lubie européenne dispendieuse et inefficace. En particulier dans le domaine de la Défense. Nous avons la chance en France d'avoir une industrie de Défense compétente dans quasiment tous les domaines : de l'aéronaut...

à écrit le 30/04/2020 à 10:59
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Bien sur que le constat est décevant et montre l'extraordinaire pression que les américains font pour vendre leurs deux actifs stratégiques : les systèmes d'armement et le numérique ( empêchant tout développement d'entreprises majeures européennes da...

à écrit le 30/04/2020 à 10:43
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Oui si l'Europe paye pour un 2eme porte avion !

le 01/05/2020 à 8:25
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Tant qu'il n'y a pas de politique commune, il ne faut pas envisager d'avoir une Défense commune.Que ferait un porte avions armé par des marins venant de pays différents, si les parlements ne se mettaient pas d'accord pour une intervention, il restera...

à écrit le 30/04/2020 à 10:39
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Mais enfin quand comprendrez vous que c'est la guerre commerciale totale ou la politique au sein de l'UE n'a que peu de place !. Les Américains, comme les Etats en général, n'ont pas d'amis, ils n'ont que des intérêts... L'UE tient plus ou moins en f...

le 01/05/2020 à 7:00
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Vous faites le constat mais vous n’allez pas au bout du raisonnement. Concrètement, que souhaiteriez vous voire advenir pour créer le rapport de force qui permettra de renverser la table? Imaginons quoi...

à écrit le 30/04/2020 à 10:01
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C'est sûr que la défense européenne, dans son acception la plus large, a été redoutablement efficace face au covid-19 ! Non, je blague. Si on y ajoute les Allemands en embuscade, qui n'attendent qu'une chose, mettre la main sur tout ce qui peut ass...

le 30/04/2020 à 10:46
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Pourquoi craindre l'Allemagne qui nous offre des taux bas pour emprunter encore plus :))

le 30/04/2020 à 10:58
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Pour avoir une idée de la situation, le Covd 19 a tué plus d'américains que toute la guerre du Viet Nam. La situation en UE est encore pire que pour les USA si on fait le total . Avant de relancer une hypothétique Europe de la Défense, il faudrait pe...

le 30/04/2020 à 15:44
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Je suis d'accord avec vous. Mais il nous faudrait, je pense, un autre projet politique européen que celui qui nous est imposé depuis 70 ans. Or, cette union européenne est biaisée dès l'origine, son but n'est pas le bonheur (ou le mieux-être, faut ...

à écrit le 30/04/2020 à 9:44
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Méfions nous, la défense est globalisée, certes militaire mais aussi sur le front numérique, financier (dette), industriel, alimentaire, médiatique et comme nous le vivons médical, en ce sens l’absence de masques devrait être une piqûre de rappel tou...

le 30/04/2020 à 10:05
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Tout ça fait exact. La guerre bactériologique est une option envisagée par nos deux généraux. Et pour publier, ils ont forcément échangé et reçu l'autorisation du PCC. Nous y sommes...

à écrit le 30/04/2020 à 9:37
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Quelle Europe, celle qui donne plus à certains qu'ils ne contribuent, pour aider au développement , et qui en profitent pour acheter des armes américaines par milliards .Il y a quelque chose qui ne tourne pas rond dans cette UE sans règles claires su...

à écrit le 30/04/2020 à 9:15
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"Les États européens qui ont recours à des acquisitions américaines doivent maintenant avoir plus à perdre qu'à gagner à jouer ce jeu dangereux pour notre avenir commun. " Cela n'est jamais arrivé et cela n'arrivera jamais, notre oligarchie europ...

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