Bombe nucléaire

Nouveau coup dur dans le couple franco-allemand. Dans le nucléaire cette fois-ci. L'allemand Siemens a annoncé qu'il mettait fin à son partenariat avec le français Areva. Une mauvaise nouvelle pour Areva.

Oui, décidément, dans l'industrie, Français et Allemands ont du mal à travailler ensemble. On se rappelle des déboires d'Aventis, dans la pharmacie. Il y a régulièrement des bisbilles franco-allemandes dans l'aéronautique, chez

EADS

. La construction de centrales nucléaires, c'était avec Siemens et

Areva

l'un des seuls mariages qui avait l'air de bien rouler. Eh bien non. Il n'en est rien. Le géant allemand Siemens, un conglomérat qui fait aussi bien des locomotives que des centrales électriques, a décidé de mettre fin à son partenariat avec le Français

Areva

, une alliance qui durait depuis de très nombreuses années. Les causes de ce divorce ? Les difficultés sans doute de l'EPR, ces centrales nucléaires de troisième génération. Le couple en a déjà vendu quelques unes. Mais il a des problèmes pour respecter ses délais. Il a déjà deux ans de retard en Finlande. Le coût de la centrale s'avère plus élevé aussi.

Mais enfin, tout cela, c'est un peu business as usual dans l'industrie, ça ne peut expliquer le divorce.

Il y aurait des raisons politiques à cette séparation ?

Un peu. Les Allemands en avaient marre d'être sous la coupe des Français. Siemens n'avaient qu'une minorité de blocage dans l'entreprise commune. C'était bien

Areva

, les Français donc, qui dirigeaient. Le risque, c'est maintenant que Siemens ne cherche un autre partenaire. On évoque la Russie. On n'en est pas là. Normalement, Siemens ne pourra pas se lancer dans le nucléaire avant huit ans. Pas sûr que le groupe allemand ne trouve une manière de contourner cette clause de non-concurrence.

Le groupe français

Areva

va se retrouver seul...

Oui. La chance d'

Areva

, c'est que le marché des centrales nucléaires dans le monde est en plein boom. Partout, l'atome est de retour. Même en Allemagne, l'un des pays les plus rétifs, le débat est ouvert !

Le départ de Siemens va obliger l'Etat français, l'actionnaire principal d'

Areva

, à accélérer la restructuration du secteur. Ca promet. Nicolas Sarkozy adore le monopoly industriel. Il est gâté. Il y a deux grandes d'hypothèses possibles.

Un. Il laisse

Areva

vivre son après-divorce en célibataire - il lui faudra alors doter richement l'entreprise. Que l'Etat y mette de l'argent, plusieurs milliards d'euros, là, personne n'y verra rien à redire : le caractère « stratégique » de l'entreprise ne fait pas débat.

Deux. Il cherche un nouvel amant pour la belle

Areva

, un nouveau mari même. Des courtisans, il n'en manque pas : le pétrolier

Total

a fait connaître son intérêt, le fabricant de cuves et autres TGV

Alstom

rode lui aussi depuis des mois. Derrière, il y a l'ami du président, Martin

Bouygues

, le principal actionnaire d'

Alstom

désormais.

Ce départ de Siemens, c'est donc un nouveau coup dur dans les relations franco-allemandes. La bombe a explosé plus tôt que prévu et pas de là où on l'attendait. Après tout, tant mieux. Elle oblige Paris à se décider plus vite dans ce dossier sensible. C'était nécessaire.

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