Bonus, bye bye

Moraliser le capitalisme, mettre fin aux rémunérations excessives et aux parachutes dorés injustifiés : c'était un objectif de Nicolas Sarkozy. La crise fait le travail, Erik Izraelewicz ?

Oui. Quelle évolution ! En quelques semaines, trois grands patrons français - ceux de l'Ecureuil, de

Dexia

et d'Atos, une société informatique - ont été virés de leur poste sans avoir touché leur parachute doré - pourtant inscrit dans leur contrat de travail.

Un Pdg, celui de

Rhodia

, a été condamné au début du mois par la justice à rembourser, sur ses propres deniers, le parachute doré (deux millions d'euros) encaissé par son prédécesseur !

Plein de patrons, ceux des banques américaines, celui en France de

Natixis

aussi renoncent, en ce moment, à leur bonus de fin d'année. Du fait de la crise, les bonus vont d'ailleurs fondre comme neige au soleil : ils vont être réduits de moitié au moins par rapport à l'an dernier. Une année noire qui met fin aux Ferrari rouges pour tous ces jeunes traders fous !

Bref, les rémunérations folles, injustifiés, illégitimes, scandaleuses parfois, c'est fini ou presque. On peut dire que la moralisation est en marche !

Les tensions restent vives pourtant entre le gouvernement et le Medef...

Oui, objet du litige : le code de bonne conduite du patronat. Il a été mis au point, début octobre, par le Medef et l'Afep - le club des grandes entreprises privées. Les patrons ne veulent pas de loi. Ils préfèrent s'autodiscipliner sur le sujet - limiter par avance les excès, les dérives, les dérapages dans la rémunération de leurs patrons. Des parachutes dorés, ces indemnités de départ pour grands patrons seront par exemple plafonnés à deux ans de salaire. Les retraites chapeau seront strictement encadrés. Les PDG devront choisir entre le statut de mandataire social et celui de salarié - pas les deux.

700 sociétés cotées françaises doivent normalement s'engager sur ce code. Problème : beaucoup traînent les pieds. Sur les 40 plus grandes entreprises françaises, 25 seulement ont signé. L'Elysée a fixé une échéance : le 31 décembre. Si toutes les sociétés n'ont pas adhéré, il légifèrera...

La loi, pourquoi les patrons la redouteraient-ils ?

Oui. La loi, à priori, pourquoi pas ?

Beaucoup de pays, en Europe, y ont eu recours sur ce sujet ces derniers temps - les Pays Bas, l'Italie, d'autres encore. D'autres envisagent d'y recourir - l'Allemagne, les Etats-Unis même !

Cela étant, la crainte, c'est bien sûr que la loi ne soit trop contraignante, qu'elle ne tienne pas vraiment compte des réalités économiques. Que la loi, en France, soit plus restrictive, plus coercitive, plus bureaucratique qu'ailleurs, et le risque est grand, et c'est la capacité des entreprises françaises à affronter le concurrence étrangère qui pourrait s'en trouver affectée. En ce moment, c'est sûr, le Medef aurait tout intérêt à se faire plus persuasif auprès de ses adhérents.

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