N'allons pas si vite.

Mais c'est vrai, depuis deux mois, sur les marchés boursiers, c'est presque l'euphorie, l'euphorie discrète, l'euphorie quand même. Que ce soit à Paris, à New York ou à Shanghaï, les marchés ont désormais effacé leurs pertes du début de l'année. La chute de janvier-février, oubliée ! Ils ont en général gagné près de 30% en huit semaines. Un sacré rebond.

Alors, les raisons. C'est qu'après avoir broyé du noir pendant des mois, les investisseurs veulent aujourd'hui voir la vie en rose. Le scénario du pire a été évité. Ils ont l'impression que l'économie mondiale va un peu mieux, un peu moins mal plutôt. Aux Etats-Unis et en Chine, ils s'appuient ainsi sur les « lueurs d'espoir » repérées par Barack Obama. Ce n'est pas encore le paradis, ce n'est plus tout à fait l'enfer : l'immobilier américain va un peu moins mal, les résultats des entreprises sont un peu moins pire, la production chinoise ne baisse plus... Bref, les plans de sauvetage, les plans de relance et les autres plans commencent à produire leurs effets. « Le désert commence à fleurir », notait un banquier. D'où ce regain de confiance sur les marchés.

Un rebond qui va se poursuivre dans les semaines à venir ?

En fait, et ce n'est pour jouer les Cassandre, mais il faut reconnaître que ce genre de rebond, brutal, on en observe souvent dans les périodes de crise. Les investisseurs reviennent sur les actions parce que celles-ci sont très bon marché, parce qu'ils sont à la recherche de placements et qu'il n'y a pas tellement le choix.

Souvent aussi, après le rebond vient la rechute. Et là, pour beaucoup d'experts, une rechute, avant la fin de l'année n'est pas exclue. Parce que la crise économique n'est pas finie, qu'elle va à nouveau affecter le secteur financier. Exemple : les banques. Le problème n'est pas réglé, loin de là. Elles sont en train de se débarrasser de leurs actifs toxiques. Il leur faudra ensuite récupérer l'argent qu'elles ont prêté. Pas sûr qu'elles pourront rentrer dans leur frais, récupérer leurs mises. Une autre crise, celle du crédit, s'annonce.

On pourrait ainsi avoir, en bourse, dans les mois à venir, un paysage de montagnes russes ?

Oui, de la tôle ondulée, comme on dit. Une succession de hauts et de bas, de rebonds et de rechutes. Pour s'y aventurer, mieux vaut ne pas être sensible au vertige. Avoir le cœur solide accroché . En fait, dans ces périodes de crise, la Bourse, ce sont de belles opportunités, de grands risques aussi. Plus encore que dans les périodes de croisière.