Crédit gratuit

Décision historique, hier, de la banque centrale américaine. Elle a fixé le loyer de l'argent, aux Etats-Unis, dans une fourchette comprise entre 0 et 0,25%. Le crédit gratuit pour les banques donc. On n'avait jamais vu cela, Erik Izraelewicz ?

Oui, aux grands maux les grands remèdes. Effectivement, du jamais-vu !

Alors, il faut savoir qu'en ce moment, les Etats-Unis broient du noir, un noir intense, bien plus dense qu'ici. Tous les Français qui en reviennent et que je rencontre sont frappés par le pessimisme qui règne là-bas, un pessimisme totalement inhabituel !

Il faut dire, il y a de quoi : deux millions d'emplois supprimés depuis le début de l'année, près d'un million de logement saisis, des magasins qui bradent à tout va, sans succès. L'Amérique est entrée en récession, mais comme toujours avec les Américains, elle fait tout en grand : elle y est entrée avec violence. La récession est en train d'y virer dépression. Un signe qui ne trompe pas : les prix. L'inflation y est aujourd'hui inférieure à 1% l'an. La crainte, c'est que l'inflation recule encore, c'est que le pays entre dans la spirale déflationniste - celle où la chute des prix entraîne la chute de l'activité, des salaires, de l'emploi et ainsi de suite...

Le crédit gratuit, c'est LA solution pour échapper à la déflation ?

La solution, peut-être pas. Un élément de la solution en tous cas. Un élément courageux.

La Banque centrale américaine entre en fait avec cette nouvelle politique des taux zéro dans des terres inconnues : elle ne les a jamais pratiqués, dans son histoire ! Elle a d'ailleurs fait savoir qu'elle avait d'autres munitions, qu'elle pourrait, carrément, se substituer aux banques, si nécessaire !

Cela étant, attention : il ne s'agit pas pour l'instant de crédit gratuit pour tous. C'est du crédit gratuit pour les banques. Et c'est là que le bas blesse. Les banques américaines peuvent se financer à bon compte. Elles n'ont pas encore repris, en revanche, le financement de l'économie. Pour l'instant, pour les Américains, il est toujours aussi difficile de trouver du crédit, de dénicher des prêts pas trop chers.

Qu'est ce qui bloque ?

La crise de confiance, encore et toujours. On n'en est pas sorti. Les scandales comme l'affaire Madoff ne font d'ailleurs que l'entretenir. En fait, la banque centrale américaine fait aujourd'hui tout simplement tourner la planche à billets, elle la fait tourner même en accéléré - dans l'espoir de dégeler le marché du crédit, de faire redémarrer l'activité. Elle le fait sans état d'âme, avec pragmatisme. Il n'y a qu'une chose à attendre : c'est le succès de sa thérapie. On verra toujours, après, ce que l'on fera de tous les billets fabriqués. On aura toujours le temps.

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