La réforme de la TP : le « Trop Plein »

« Fronde fiscale parmi les barons de la droite », titre ce matin « La Tribune ». Hier, Alain Juppé d'abord, Philippe Séguin ensuite ont violement attaqué les projets fiscaux de Nicolas Sarkozy. Ses réformes, la taxe professionnelle, la taxe carbone, etc.. ont du mal à passer au sein même de la majorité...

« On se fout du monde ». Ce sont ces mots-là, d'une violence plutôt inhabituelle dans sa bouche, qu'a utilisés, hier, Alain Juppé, le placide Alain Juppé, pour commenter la réforme de la taxe professionnelle. « La fiscalité des entreprises reste inadaptée à la compétitivité » de notre économie, a dit Philippe Séguin. Le grand colérique était, en apparence, plus soft. En réalité, avec son rapport sur les prélèvements obligatoires, il est plus rude encore. Avec des tirs dans tous les coins. La baisse de la TVA dans la restauration. Nul. Ca ne créera jamais 40.000 emplois - 6000 au plus. La reconduction du crédit impôt recherche. On change ce dispositif tous les ans. On y comprend plus rien. Il est en outre inefficace ! L'exonération des charges pour la première embauche, dans les TPE : il aurait mieux valu accorder des aides directes à l'emploi.

Bref, méfie de toi de tes amis, de mes ennemis, je m'en occupe. Pour Nicolas Sarkozy, aujourd'hui, l'opposition n'est pas à gauche. Elle est dans son propre camp. Si Juppé et Séguin s'expriment ainsi, c'est qu'ils savent que la révolte monte dans les troupes UMP, parmi les élus du parti de Nicolas Sarkozy.

Ces réformes, ce sont pourtant celles qu'il avait promises pendant la campagne, que tous ces élus avaient soutenues, non ?

Grosso modo, oui. Mais Nicolas Sarkozy va, parfois, plus loin qu'il ne l'avait annoncé ; il fait surtout toutes ces réformes en même temps ; ils en ajoutent d'autres qui ne font qu'alimenter davantage encore l'inquiétude des élus. Exemple : les députés craignent que la réforme de la taxe professionnelle n'assèche les recettes des collectivités locales, leurs recettes donc ! Normal. Mais derrière cette réforme, il y en a une autre, en réalité, qui les panique, c'est celle de l'organisation territoriale, une réforme qui doit se traduire par une réduction du nombre des élus locaux. Ca, les élus, ils n'aiment pas trop.

C'est le rythme de toutes ces réformes qui inquiète ?

Oui, le rythme et le brouillard !

Le rythme, c'est essentiel dans un mouvement de réformes. Alain Juppé le sait. En 95, il était alors premier ministre, il avait voulu faire plein de réformes en même temps - sur la sécu, la retraite, les régimes spéciaux, etc. Il avait dû caler - il avait finalement perdu son job !

Au-delà du rythme, il y a le brouillard. On peut sans doute faire plein de réformes en même temps. Mais il faut alors bien les expliquer, bien les mettre en perspective, leur donner un sens. Là, il faut le reconnaître, ça va un peu dans tous les sens. Le grand risque, c'est une coagulation de tous les intérêts opposés à ces réformes.

Le coup de gueule, hier, de ces deux éléphants de la droite que sont Juppé et Séguin, c'est clairement un avertissement pour Nicolas Sarkozy. On ne peut pas conduire à une vitesse folle dans un brouillard absolu et sans allumer ses phares. C'est le message adressé à l'Elysée. Reste à savoir maintenant s'il sera entendu. On peut en douter !

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