Le grand emprunt qui fait pschitt

Combien l'Etat va mobiliser avec son grand emprunt ? L'Elysée avait parlé de 100 milliards d'euros. Hier, Michel Rocard, qui co-préside la commission chargée du sujet, a dit « plutôt 40 que 100 ». L'autre co-président, Alain Juppé parle de 20 milliards. Le grand emprunt, ce sera finalement un petit emprunt...

Est-ce la conséquence d'un automne exceptionnellement doux, c'est vrai, le grand emprunt fond comme neige au soleil ! 100 milliards, 40, 30, 20...qui dit moins ? Rien, pour l'instant, n'est décidé. Mais c'est vrai que l'idée de gonfler de 100 milliards encore la dette de l'Etat, ça commence à inquiéter beaucoup de monde. On a en fait, pour l'instant, sur ce grand emprunt, une certitude et deux grandes incertitudes.

La certitude, c'est que pour ce grand emprunt, l'idée d'un appel direct à l'épargne des particuliers a été abandonnée. Au départ, il y avait, dans ce « grand emprunt » un projet très politique. On voulait proposer aux Français de participer directement à la construction de la France de demain, d'investir avec l'Etat dans des projets porteurs d'avenir. On voulait les mobiliser en leur proposant de souscrire directement. Le problème, c'est qu'un tel emprunt, accessible au grand public, pour être un succès, c'est compliqué à mettre en place ; ça coûte très cher surtout. Pour ce grand emprunt, l'Etat ira finalement chercher l'argent sur les marchés, comme il le fait déjà tous les jours pour financer ses déficits...

Les incertitudes, c'est d'abord le montant de ce grand emprunt ?

Oui, pour l'instant, l'Elysée n'a pas encore trancher. On peut quand même dire que l'opération de déminage engagée par Bercy et Matignon  après l'annonce du projet, il y a six mois, a porté ses fruits. Le montant, on en est revenu à des niveaux plus modestes que ceux avancés au départ. 20 à 40 milliards contre 100 ! Michel Rocard explique que 30 milliards, c'est rien, presque rien, «  l'épaisseur du trait », comme il dit. C'est vrai que l'Etat emprunte déjà chaque année plus de 250 milliards d'euros sur les marchés. C'est vrai que la dette de l'Etat dépasse déjà les 1400 milliards. 30 milliards, ce n'est pas beaucoup. Le problème, c'est qu'à multiplier les « épaisseurs du traits », on risque de noircir complètement le tableau.


Autre question, l'argent du grand emprunt, ça devrait finalement servir à quoi ?

Oui, bonne question. Là aussi, c'est l'incertitude. A financer l'investissement, un investissement rentable et porteur d'avenir. C'est l'objectif numéro un, le seul argument qui vaille d'ailleurs. C'est vrai que l'Etat n'investit plus depuis longtemps, qu'il y a nécessité. Alors, quels investissements ?

On attend les propositions de la commission Juppé-Rocard. Aujourd'hui, c'est le concours Lépine. Les candidats au grand emprunt font la queue. Le grand emprunt, il faudrait qu'il finance, je cite : les universités, la recherche médicale, les biotechnologies, les nanotechnologies, la radio numérique, la fibre optique, les transports propres, les industries culturelles, le grand Paris, la dépendance même - c'est la dernière idée, celle du Nouveau Centre. Alors, on le voit, ce grand emprunt est en train de faire naître, dans tous les secteurs, de grands espoirs. Il sera difficile pour l'Elysée de s'en tenir à un petit emprunt. A partir du moment où on avait ouvert la boîte de Pandore, il ne faut pas s'étonner que tout le monde y cherche son bonheur, au risque de provoquer, demain, bien des désillusions, de grandes désillusions.

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