Le silence de Sarko

La crise financière commence sérieusement à inquiéter les Français qui s'interrogent sur les risques d'une récession, sur la qualité de leurs placements, celle de leur banque aussi. Sur tout cela, Nicolas Sarkozy est resté jusqu'à présent très discret?

Oui, silence radio. Le président de la République, qui n'est pas avare de sa parole, est resté, depuis l'été, étrangement absent sur ce front. En général, dès qu'un incendie s'allume, le président français courre pour l'éteindre ! On l'a vu chez Arcelor Mittal ou aux Chantiers de l'Atlantique. On l'a vu surtout ces derniers temps parcourir le monde, en Géorgie, en Afghanistan et ailleurs encore.

Alors, aujourd'hui, le monde vit une crise financière sans précédent, la plus grave depuis un siècle au moins. Faillite de banques, plongeon des marchés boursiers, menace générale de récession. Partout, l'inquiétude monde. Les gens ne s'inquiètent plus seulement de leur pouvoir d'achat ou de leur emploi. Ils commencent à se demander s'ils doivent laisser leur argent dans leur banque ! Pendant ce temps-là, le président reste muet. Il ne dit rien, ni sur la crise, ni sur son impact pour la France, ni sur ce qu'il compte faire...

La parole est d'argent, le silence est d'or ! ! !

Oui, alors il vaut mieux effectivement parfois ne rien dire. Les propos du président, au début de la crise, il y a un an, n'avaient pas été du meilleur effet. Il s'était déclaré alors convaincu que les mouvements de marché n'affecteraient pas notre croissance ! On voit où on en est. Elle devait être de 2% cette année - on sera en dessous de 1%. La crise ensuite est d'abord américaine ; c'est d'abord aux dirigeants américains de s'y attaquer.

Et puis, si le président ne parle pas, ses ministres s'en chargent. Le problème, là, c'est que leur propos sur la crise, sur la politique économique - on le voit sur les impôts - n'est pas très harmonieux, qu'il est plutôt même cacaphonique. Pas de quoi rassurer les Français.

Les autres dirigeants européens ne sont pas plus diserts...

Justement. En ce moment, Nicolas Sarkozy n'est pas que le président français, il est aussi celui de l'Europe. Et là encore, voire l'Europe muette face à cette crise, il y a là quelque chose d'anormal. Nicolas Sarkozy avait toujours dit qu'il fallait remettre de la politique dans la politique économique européenne. Cette crise, une crise qui affecte tous les pays européens, sans exception, c'était une belle occasion pour organiser une réponse commune.

Il y a bien eu, il y a quelques jours, à Nice un sommet des grands argentiers européens. Il n'en est en fait pas sorti grand chose. Le président français avait promis qu'il assisterait, de temps en temps, à ces sommets économiques, qu'il leur donnerait une autre dimension. Il n'a pas saisi non plus cette occasion. Le semestre de présidence française aura été marqué par la crise financière ; la présidence française n'en aura rien fait, rien dit non plus !

Mais que peut-il faire, que peut-il dire ?

Surtout ne pas prétendre régler la crise, du jour au lendemain. Non, tout simplement montrer qu'il y a un pilote dans l'avion, rien de plus ! Sa visibilité est faible, les manettes dont il dispose sont peu nombreuses. C'est vrai. Reste que l'opinion demande à être rassurée. Si elle sait, si elle voit qu'il y a quelqu'un dans la cabine de pilotage, cela peut déjà y contribuer !

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