Méga-Plan

Le plan de sauvetage des banques américaines, le plan Paulson, détaillé ce week-end à Washington, a été accueilli avec enthousiasme par le monde financier. C'est la fin de la crise ?

Pas si vite. Disons qu'on est passé, pour tenter d'en sortir, de l'homéopathie à la chirurgie lourde. On a, ce week-end, clairement changé de méthode, changé d'échelle surtout. La méthode, elle n'est pas totalement originale. L'Etat américain va acheter tous les actifs toxiques qui plombent les banques - tous ces crédits immobiliers qui ne valent plus rien. Il va les cantonner dans une grande structure, un trust, qui en assurera la gestion. Avec le temps, ces actifs vont devenir moins toxiques. Il pourra peu à peu les revendre. Une telle méthode avait déjà été utilisée dans les années 30, à la fin des années 80 aussi après la faillite des caisses d'épargne américaine. En France, on avait aussi un peu connu cela avec le Crédit Lyonnais.

La nouveauté, c'est quand même l'ampleur de ce plan.

Oui, l'Etat américain pourrait y mettre, dit-on, 700 milliards de dollars. C'est totalement fou, totalement inédit. 700 milliards de dollars, c'est un mois de production américaine, c'est le tiers du PIB français, c'est quatre à cinq fois ce que la guerre en Irak va coûter à l'Amérique. C'est absolument considérable. Jamais dans l'histoire récente, un Etat n'avait sorti un chèque d'une telle ampleur pour sauver un secteur de son économie !

Un plan massif pour résoudre un problème massif, a justifié samedi George Bush...

Oui, cela étant, le coût de ce plan pour les contribuables américains ne s'élèvera pas, en bout de course, à 700 milliards. L'Etat va revendre, au fil du temps, ces actifs. Il n'en retirera pas 700 milliards, c'est sûr. Il les vendra à perte. Le coût, ça dépendra de ces pertes, quelques dizaines de milliards de dollars quand même, on peut le supposer.

Ce plan, c'est une garantie de succès ?

Non, pas totalement.

D'abord, il faut que ce plan soit approuvé par le Congrès américain. Ca va se passer cette semaine. En pleine période électorale, même si, dans les deux camps, on est conscient des enjeux.

Le diable est ensuite souvent dans les détails. Les négociations sur certains points techniques, à Washington, risquent de provoquer encore quelques vagues à Wall Street.

Au total, les contribuables vont payer pour les erreurs des banquiers...

Oui, il y a un peu de cela. Disons quand même que les banquiers, que certains banquiers ont déjà payé - Lehman Brothers a disparu, Merril Lynch a été racheté, etc...

Que les contribuables américains paient ensuite pour les erreurs de tout le monde - des banquiers bien sûr, mais aussi des régulateurs.

Et puis, que pour les Américains, s'il n'y avait pas ce méga-plan de sauvetage, sûr que le coût pourrait être plus élevé encore. Sans ce plan, c'était pour l'Amérique une chute de l'activité, une explosion du chômage assurée.

Pour conclure, disons qu'il était temps de passer en salle d'opération ; rappelons aussi que la chirurgie lourde, ce sont toujours des opérations à hauts risques.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.