Nationalisations US

'Amérique nationalise ! Hier, Washington a présenté un plan de sauvetage de son système financier qui prévoit la nationalisation de deux de ses grandes banques privées, Freddie Mac et Fannie Mae. Les Américains ne croient plus au marché?

Oui, incroyable mais vrai ! L'Amérique libérale, celle qui dit que l'Etat n'est jamais la solution, que l'Etat est toujours le problème, cette Amérique-là envoie l'Etat justement au secours de ses banques. Le plan présenté hier est à cet égard spectaculaire. Le gouvernement de George Bush met sous tutelle ces deux grandes institutions financières privées que sont Freddie Mac et Fannie Mae. Il en a tout de suite viré les dirigeants et mis à leur place des hommes à lui. Il annonce qu'il est prêt ramasser toutes les actions de deux banques qui seront à vendre. Il faut dire que celles-ci ont perdu 90% de leur valeur en un an, que plus personne n'en veut. Le Trésor américain est prêt à y mettre 100 milliards de dollars de sa poche - l'argent du contribuable - pour chacune d'elles. Jusqu'à la fin de 2009, il est seul maître à bord ! Si ca ne s'appelle pas une nationalisation, ça y ressemble furieusement...

Personne ne conteste ce plan ?

Non, au contraire, ces deux nationalisations font consensus. Un consensus total. L'ex-patron de la banque centrale, Alan Greenspan les avait suggérées, l'actuel Ben Bernanke leur a donné sa bénédiction. Surtout, les deux candidats à la Maison Blanche ont donné dès hier leur imprimatur à ce qui pourrait bien être la dernière grande décision économique de George Bush...Imagine-t-on chez nous une telle situation !

Il n'y aurait donc plus de libéraux aux Etats-Unis ?

Les dirigeants américains, les Américains plus généralement ne sont pas libéraux pur sucre, ils sont en fait d'abord et avant tout pragmatiques. Ce qui compte pour eux, ce n'est pas de savoir si une solution est de droite ou de gauche, c'est de savoir si elle est efficace. Et aujourd'hui, face à la crise immobilière, face à la crise du crédit qu'elle a engendrée, la situation est alarmante. Ces deux grandes banques, Freddie Mac et Fannie Mae, c'est 40% du crédit immobilier américain. Elles sont menacées de faillite. Si elles craquent, c'est tout le système qui risque de s'effondrer. D'où l'urgence. D'où le recours à des méthodes peu orthodoxes comme ces nationalisations temporaires. Dès vendredi soir, des rumeurs sur ce méga-plan de sauvetage avait permis de stopper la panique qui montait à Wall Street...

Un plan pour redonner le moral à la Bourse ?

Notamment. Un plan surtout pour éviter un krach général. La preuve aussi que, malgré les leçons de libéralisme qu'ils donnent volontiers au reste de la planète, les Américains savent utiliser l'Etat quand ils en ont besoin. On le voit dans l'aéronautique depuis longtemps, dans la banque aujourd'hui, on va le voir demain dans l'automobile. Les trois grands constructeurs américains - General Motors, Ford et Chrysler - en difficulté, réclament à l'Etat fédéral de l'argent pour financer la voiture propre. Là encore, les deux candidats ont d'ores et déjà répondu oui par avance. Pas de doute : ils arriveront à leur fin. Il y va de l'intérêt national. En Europe, Bruxelles ferait bien parfois de s'inspirer un peu de ce pragmatisme-là !

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