Sarkozy retourne à l’usine

Nicolas Sarkozy veut apporter « des solutions concrètes aux problèmes des Français ». Hier, il est allé déposer un chèque à Gandrange. Son ministre, Christian Estrosi, a lancé les « états généraux de l'industrie ». Objectif : faire revenir les usines en France. Avec une « prime à la relocalisation ». Ca peut marcher...

Alors, d'abord, une remarque sur la méthode. Autrefois, en France, quand il y avait un problème, on créait une commission - c'était une manière pour enterrer le problème.

Maintenant, quand il y a un problème, on lance soit un « Grenelle » (de l'environnement, de la mer, du lait), soit des « états généraux ». Etats généraux de la recherche, de l'automobile, de la restauration, de la presse. Les « états généraux », ça n'enterre pas un problème.  Ca se termine toujours par un gros chèque de l'Etat.

Quand même, les usines ferment, les emplois industriels disparaissent, c'est un problème ?

Bien sûr. Il y a dix ans, un Français sur quatre travaillait dans l'industrie. Un sur cinq aujourd'hui. La désindustrialisation de notre pays, c'est un vrai sujet. Le diagnostic, il a été fait mille fois. Le ministre souhaite que les états généraux ne s'alourdissent pas sur le diagnostic, qu'ils fassent des propositions concrètes. Là, on ne peut que l'approuver.

La prime à la relocalisation, c'est l'une de ses propositions...

Pas nécessairement la meilleure. Faire revenir les usines qui sont parties en Tunisie, en Chine ou au Vietnam, est-ce vraiment une bonne idée, est ce possible ? Bien sûr, à la marge, il y a aujourd'hui des entreprises qui rapatrient la production qu'elles avaient délocalisé. Produire en Chine, c'est loin, ce n'est pas sûr, ça pose des problèmes de qualité, de sécurité aussi, ce n'est pas pratique non plus surtout quand vos distributeurs vous demandent des livraisons immédiates. Bref, dans quelques rares secteurs, le haut de gamme par exemple, il y a des relocalisations. On cite toujours les mêmes exemples : Geneviève Lethu - pour les arts de la table, Atol pour les lunettes...Tout cela reste néanmoins marginal ?

Une prime, ca devrait accélérer le mouvement ?

D'abord, une telle prime, pas sûr que l'Europe  laissera faire. Une prime à la relocalisation, ce serait une aide d'Etat, une forme de protectionnisme. Bruxelles n'aime pas. Ensuite, sur le plan pratique, comment s'assurer qu'il a relocalisation. Les industriels sont convaincus que c'est mission impossible. Enfin, on peut se demander si l'objectif d'une politique industrielle, c'est de faire revenir des industries du passé, si ce n'est pas plutôt de favoriser le développement des industries du futur...

C'est aussi ce que souhaite le ministre, Christian Estrosi..

Oui. Dans les pistes proposées, sûr qu'il y en a de plus subtiles : le soutien à l'innovation, aux éco-industries, aux pôles de compétitivité. Cela étant, le pire, pour l'industrie française, ce serait que pour financer les primes que ces états généraux vont inventer, on alourdisse encore les impôts et charges qui pèsent sur les entreprises ! Ca, c'est promis, on n'en parlera pas aux « états généraux ». On ne peut pas parler de tout.

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