TVA au resto : une addition salée

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pilogue hier d'un très long feuilleton : les restaurateurs ont enfin obtenu la TVA à taux réduit, 5,5% au lieu de 19,6%. Elle s'appliquera dès le 1er juillet. Pour le contribuable, l'addition est salée...

Très salée. Oui. Alors, bien sûr, Nicolas Sarkozy peut se prévaloir d'avoir tenu une promesse de son prédécesseur. Une vieille promesse de Jacques Chirac en réalité. Il s'achète une clientèle électorale influente aussi. Il peut enfin soutenir qu'il ajoute, avec cette baisse ciblée de la TVA, un nouveau volet à son plan de relance. Cela étant, l'addition est lourde, très lourde, vous le disiez. Les caisses sont vides, avait on entendu ! Ca va quand même coûter à l'Etat, en net, 2,4 milliards d'euros en année pleine. Ca va gonfler d'autant un déficit qui est déjà stratosphérique - 104 milliards d'euros aux dernières nouvelles ! Joli cadeau donc à une belle profession.

Quand même, les restaurateurs ont pris des engagements. Ils vont baisser leur prix...

Vous y croyez, vous. Le contrat signé hier, il est « non contraignant », c'est clair. Pas de sanction donc en cas de non respect de ces engagements. Il y aura bien un comité de suivi. Le bilan sera fait dans deux ans. Beaucoup d'eau, beaucoup de vin aura coulé dans les verres ! De toutes façons, c'est ce que montrait un rapport parlementaire récent, on n'a jamais pu évaluer l'efficacité des dispositifs d'aide. Alors, question prix, les restaurateurs feront quand même, c'est sûr, un effort. Ils n'ont pas le choix : en ce moment, ils souffrent. Une baisse de 10% environ de leur chiffre d'affaire au premier trimestre. Alors, l'autocollant « la TVA baisse, les prix aussi », ça pourra leur servir d'argument pub. Même si les prix ne baissent pas autant que la TVA...

Cette baisse de la TVA, ça doit aussi permettre la création d'emplois : 40.000 en deux ans...

Attention, pas 40.000 en deux ans. 20.000 pérennes seulement en réalité - le reste, ce sont des contrats d'apprentissage, temporaires. Le volet emploi, c'est là sans doute l'aspect le plus scandaleux du deal, de ce contrat d'avenir !

20.000 jobs de plus pour une profession qui emploie 900.000 personnes, c'est déjà pas beaucoup. 20.000 jobs quand on sait que la restauration crée, de toutes façons, 15.000 emplois par an depuis dix ans, on voit que l'effort supplémentaire n'est pas énorme. Et puis, 2,4 milliards d'euros d'aide pour 20.000 emplois, ça fait 100.000 euros par emploi. On n'a jamais vu cela ! Surtout pour des emplois qui ne sont pas délocalisables. Il y a sûrement bien des professions qui sont prêtes à accepter ces 100.000 euros par an ! La TVA à 5,5% dans la restauration, c'est donc une belle victoire pour Nicolas Sarkozy et pour les restaurateurs. Les contribuables paieront l'addition, une addition très lourde, trop lourde aujourd'hui.

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