Des limites de la transparence

Le commissaire aux Affaires administratives, l'Estonien Siim Kallas, affectionne la transparence. Il avait créé l'été dernier un site internet pour recenser les lobbys sévissant à Bruxelles et publier leur situation financière. Il a présenté vendredi dernier son nouveau projet : créer un registre pour les think tanks, ces laboratoires d'idées dont la capitale européenne regorge.

Il avait choisi pour faire cette annonce l'enceinte du European Policy Centre, l'un des think tank bruxellois les plus en vue. Au cours de son intervention, Siim Kallas congratule son hôte "jusqu'à présent, parmi les principaux think tanks de Bruxelles, il n'y a qu'Hans Martens et l'EPC à féliciter pour leur inscription dans le registre". En revanche, Friends of Europe, "concurrent" du European Policy Centre en prend pour son grade. Voilà le commissaire qui en fait le mauvais élève, l'exemple type du lobby qui s'ignore et se cache derrière son étiquette de think tank. "Ce mois-ci, Friends of Europe co-organisera un "sommet international" sur "investir dans la croissance et la santé de l'Afrique". C'est évidemment un événement très sérieux, mais avec deux représentants senior parmi le panel, c'est aussi une opportunité de lobbying pour la compagnie "Total", co-organisateur de l'événement[...]."

Nous avons contacté Giles Meritt, secrétaire général de Friends of Europe, qui juge le discours du commissaire "malheureux, très surprenant et regrettable". Il a d'ores et déjà adressé une lettre à Siim Kallas pour l'inviter à prendre part à un débat : "Les think-tanks doivent-ils figurer sur la liste européenne des lobbys ?" "Monsieur Kallas peut choisir les invités. Je lui en ai suggéré quelques uns dont Dieter Frisch", ancien directeur général au développement et membre fondateur de l'ONG Transparency International. Pour Giles Meritt, la "confusion [est] totale" (en français dans le texte) entre lobbys et think-tanks et il ne compte pas du tout ajouter à la confusion en s'inscrivant dans le registre des lobbys, comme l'a fait EPC au mois de janvier dernier. Il se félicite de participer à la transparence européenne en confiant tous les ans son bilan financier à la Commission. "Si le commissaire prépare un registre spécial pour les think tanks, je serais enchanté [d'inscrire Friends of Europe]. Mais je ne suis pas prêt à dire que FoE est un lobby, car ce n'est clairement pas le cas. Rien n'est plus différent d'un lobby qu'un think tank."

Y.-A.N. Avec C.V.

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