A bâtons rompus avec Dan Serfaty

Dan Serfaty est le co-fondateur du réseau social professionnel Viadeo. Il emploie 200 personnes et assure que sa société est rentable.

Vous venez de racheter Apna-Circle en Inde. Qu'est-ce que cela vous apporte ?

C'est la suite logique de notre implantation en Chine et au Mexique. Depuis deux ans, dans le cadre de notre développement international, nous avons cherché à nous implanter d'abord en Europe puis dans les pays émergents. Le cash flow dégagé par l'Europe doit financer les pays émergents. Nos premiers pas en Chine ont été réalisés avec l'achat de Tianji puis nous avons lancé le Mexique en novembre 2008. Pour l'Inde, nous avons choisi la croissance externe avec l'acquisition d'Apna-Circle le numéro 1 du réseau professionnel local.

Combien comptez-vous de membres en Inde ?

C'est un réseau de 350000 membres.

Cela s'est fait rapidement ?

Il nous a fallu six à sept mois de négociations intensives, assez difficiles sur le plan culturel. Nous avons du discuter avec les actionnaires dont le premier groupe média indien Bennett, Coleman & Co, propriétaire du Times of India, ainsi qu'un entrepreneur célèbre, Sabeer Bhatia le fondateur d'Hotmail (revendu rapidement à Microsoft). Nous avons proposé une partie en cash et une partie en titres et cela a été accepté. Les actionnaires d'Apna-Circle sont maintenant actionnaires de Viadeo et intéressés au développement de l'aventure.

Comment peut-on valoriser 350.000 indiens ?

Nous avons 6,5 millions de membres, ils en avaient 350.000. Comme nous avons échangé des actions contre des actions, on s'est entendu rapidement.

Avez-vous des membres payants en Inde ?

Non. Nous allons conduire la même stratégie qu'en Chine. Pas de revenus B2C mais nous allons nous concentrer sur l'accroissement du nombre de membres pour taper le million et ensuite mener une politique B2B : recruteur et publicité.

La monétisation des membres n'est-elle pas difficile en ce moment?

Le succès de Facebook, MySpace et HiFive a du mal à se transformer en espèces sonnantes et trébuchantes. En revanche, les réseaux sociaux professionnels vont mieux. Avec la crise, les gens passent plus de temps sur Viadeo que sur Facebook. Le contexte de crise est positif car nos inscriptions membres et nos taux de conversion en membres payants sont en train d'exploser.

Certes, mais l'explosion n'est-elle pas un concept relatif ?

Si je vous dis que nous employons 200 personnes et que nous sommes largement rentables, c'est pas mal comme explosion. En France, nous avons un taux de rentabilité proche de 35%.

J'en conclus que votre point mort est aux alentours de 10 millions d'euros et que votre chiffre d'affaires est supérieur ?

C'est une bonne supposition.

Avez-vous du churn ?

En décembre, nous avons explosé tous nos records en terme de membres. Les deux propositions de valeur du réseau social sont : on vous offre de la visibilité, notamment auprès des chasseurs de têtes et on vous permet de développer votre réseau et c'est le moment de vous en servir. En Chine, on tournait à 80.000 mois mais on a fait 180.000 en décembre. En tout, on tourne à 350.000 à 400.000 nouveaux membres par mois, contre 250.000 début 2008.

En terme de revenu, on a dépassé le million de dollar en Chine en 2008 et on prévoit de le tripler en 2009. Parmi, nos clients, nous avons eu Cartier et des promoteurs immobiliers. En Inde, nous lancerons des services B2B en 2010.

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