Le nouveau slogan d'AMD : « Real men have partners »

Après avoir lancé son nouveau microprocesseur Shanghai pour les serveurs, Advanced Micro Devices (AMD) a tenu sa réunion d'analystes d'automne. Sa stratégie « asset smart » devrait diminuer le poids des investissements dans son compte d'exploitation.

Après avoir suscité beaucoup d'espoir avec la sortie de l'Opteron en 2003, AMD a beaucoup déçu les investisseurs par la suite. Barcelona, l'un des successeurs de l'Opteron, n'a pas pu concrétiser l'avance d'AMD. Parallèlement, l'acquisition d'ATI Technologies, le spécialiste des processeurs graphiques, a consommé des ressources.

Quelques trimestres de tâtonnement plus tard, l'entreprise semble être repartie sur un bon pied mais il lui faudra confirmer cette amélioration. Cela passe par la stratégie « asset smart », d'utilisation intelligente des actifs industriels, qui avait été annoncée il y a dix-huit mois. « C'était peut-être un peu trop tôt, reconnaît Emilio Ghilardi, le responsable d'AMD pour l'Europe. Les fonds d'Abou Dhabi ont fait une analyse poussée. Ils sont intelligents et ils ont le temps. Et ils savent que d'ici à dix ans il y a aura un trou dans la production mondial de semi-conducteurs. Pour eux, c'est donc le bon moment pour investir ».

Autrefois, Jerry Sanders, le truculent co-fondateur d'AMD avait l'habitude de dire : « real men have fabs » (les hommes, les vrais, possèdent des usines). Aujourd'hui, le nouveau slogan d'AMD serait : « real men have partners » (les hommes, les vrais ont des partenaires).

En l'occurrence, ces partenaires sont deux entités d'Abou Dhabi, Mubadala, équivalent à un fonds souverain et ATIC (Advanced Technology Investment Co), un nouveau fonds de prise de participations industrielles. ATIC (55,6%) et AMD (44,4%) ont créé un joint venture baptisé Foundry Co qui va recueillir d'un coté l'usine de Dresde appartenant à AMD plus la propriété intellectuelle la concernant (brevet de fabrication, méthode de travail), et de l'autre 1,4 milliard de dollars apporté par ATIC. L'opération est structurée de telle manière que Foundry Co possède une valeur d'entreprise de 5 milliards de dollars, se décomposant en 2,4 milliards de dollars pour les apports industriels et intellectuels d'AMD (y compris ses 3000 employés), la reprise d'une dette d'AMD de 1,1 milliard de dollars, 100 millions de dollars apporté par AMD, plus 1,4 milliard apporté par ATIC.

Ce n'est pas tout puisque ATIC doit verser 700 millions de dollars à AMD. Dans le même temps, Mubadala a participé à une nouvelle augmentation de capital de 314 millions de dollars (58 millions de titres AMD) et possède des droits de souscription lui permettant d'acheter 30 millions de titres supplémentaires.

« Nous allons va pouvoir accélérer la transformation de notre Fab 38 à Dresde grâce aux fonds d'Abou Dhabi, précise Emilio Ghilardi. Pour passer à la génération de puces au pas d'écartement de 45 nanomètres, il faut 1,5 milliard à 2 milliards de dollars d'investissement. Pour passer à la suivante (32 nm), il faudra 2 à 3 milliards et pour la suivante encore, on parle de 3 à 4 milliards ».

Effectivement, ATIC a promis d'investir 3 à 6,6 milliards de dollars sur 5 ans, dont une partie pour l'agrandissement programmé de l'usine de Dresde et une autre pour la construction d'une usine dans l'Etat de New York. En cas de succès, d'autres usines pourraient être construites, soit à Abu Dhabi, soit au Brésil. Pour 2014, Foundry Co prévoit une capacité de 75.000 wafers (tranche de silicium) par mois, dont 25.000 à la Fab 38 de Dresde. L'usine de Malta dans l'Etat de New York (Fab 4x) devrait ouvrir ses portes en 2012 et atteindra sa capacité maximale de production (25.000 wafers par mois) en 2014.

Trois technologies seront utilisées, le SOI (Silicium sur isolant, ce qui est bon pour

Soitec

), le silicium normal (« Bulk Silicon ») et la technologie « high K metal gate » pour les produits à faible consommation.

Foundry Co va permettre à AMD de se libérer du fardeau des investissements nécessaires pour ces usines (1,7 milliards de dollars en 2007, 800 millions en 2008 mais 300 millions seulement en 2009). Il demeure que Foundry Co devra trouver d'autres clients pour parvenir à gagner de l'argent. Pour faciliter la manœuvre, AMD va lui apporter la production de ses puces graphiques, jusqu'à présent fabriquées chez les taiwanais TSMC et UMC.

« Avoir un tel partenaire nous permet de présenter un plan de capacité de production pouvant rassurer nos clients, explique Emilio Ghilardi. Dans le passé, nos concurrents ont joué sur ce chapitre en faisant peur à nos clients, en les faisant douter de notre capacité à livrer les commandes en cas de montée en puissance. C'est terminé maintenant ».

Cela dit, même si le transfert des actifs est bouclé début 2009, la remise à niveau des marges d'AMD est une entreprise de longue haleine. A priori, le point mort serait atteint à partir d'un chiffre d'affaires trimestriel de 1,5 milliard de dollars.

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