Le singulier plan de sauvetage Geithner

Geithner, Paulson, même combat.

Hank Paulson avait imaginé le TARP, Troubled Assets Relief Program, pour nettoyer les bilans bancaires et c'était une mauvaise idée. Tim Geithner a présenté un plan qui fait intervenir le secteur privé...et c'est toujours une mauvaise idée.

L'erreur de base consiste à prétendre que les banques ne peuvent pas prêter, donc financer l'économie, parce qu'elles ont des bilans malencontreusement impactés par des actifs devenus douteux. Une fois ces actifs sortis des bilans, les banques devrait recommencer à prêter et hop, presto, l'économie américaine devrait repartir.

Désolé, mais quand bien même les bilans des banques américaines seraient nettoyés au karcher, elles ne prêteraient pas pour autant. La situation économique est telle qu'elles sont forcément prudentes.

Mais revenons au plan Geithner. Comme indiqué dans La Tribune du 24 mars, il permet d'acheter aux banques les créances les plus toxiques. Un investisseur privé apporte 50 cents, le Trésor apporte 50 cents et le FDIC, l'organisme qui assure les dépôts bancaires, garantit 6 dollars de dette. Le Trésor limite son intervention à 100 milliards de dollars, ce qui permet théoriquement, si les partenaires privés se manifestent, de récupérer 1400 milliards de dollars d'actifs douteux.

Reste maintenant à évaluer ces actifs douteux. On sait que les banques américaines n'ont pas voulu passer toutes les dépréciations nécessaires dans leur bilan. Malgré le plan Geithner, elles n'ont pas envie de le faire à moins de liquider une bonne partie, sinon la quasi-totalité, de leur fonds propres.

A quoi fait-on allusion quand on parle d'actifs « toxiques » ? De portefeuilles de « bons » prêts hypothécaires dont le taux de défaut augmente ? Ou de portefeuille de « mauvais » prêts hypothécaires qui ne sont plus courants sur les intérêts depuis longtemps ? Parmi ces derniers, on peut donner l'exemple d'une cabane qui, par le jeu des refinancements hypothécaires, a vu sa valeur passer de 50.000 à 200.000 dollars. C'est toujours une cabane, qui ne vaut sans doute que 30.000 dollars. La banque va-t-elle inventorier la créance de 200.000 dollars à 15% de sa valeur faciale. On peut en douter.

En revanche, les investisseurs privés, comprenez les investisseurs vautours, n'auront pas ce genre de pudeur. Mais peut-on les laisser faire ? Est-ce que le Trésor américain peut clamer au monde entier : « la moitié ou les trois-quarts de nos banques sont insolvables » ?

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