DCRI : le "Grizzly" lance l'opération séduction

Un des très hauts responsables de la DCRI va apparaître dans deux émissions de télévision dans les prochains jours.

Dans le bestiaire enchanté de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI), il y avait déjà le "Squale", alias Bernard Squarcini, le grand patron. Désormais, c'est un Grizzly qui montre son nez. Le Grizzly, c'est le petit nom attribué à Gilles Gray, le sous-directeur chargé de la protection économique, en clair l'intelligence économique, la surveillance des "officines" et la lutte contre la prolifération nucléaire. Rien que du lourd.

Et cet homme, pur produit des services de renseignement, notamment de la DST, l'ancêtre de la DCRI, passé ensuite par la préfectorale avant de revenir à ses anciennes amours, fut l'un des artisans clé de la fusion entre les Renseignements généraux et de la DST. Il est également responsable de la sécurité de la DCRI, bref, le contre-espion des contre-espions. C'est lui qui a mené les enquêtes sur tous les fonctionnaires des RG pour leur attribuer - ou leur refuser - le label secret défense indispensable pour qu'ils intègrent ou non la DCRI.

Et c'est cet homme secret, avec son allure de moine soldat - visage glabre et maigre, cheveux gris fer coupés en brosse, diction polie et précise - qui va apparaître dans deux émissions de télévision - Envoyé spécial sur France 2, le 7 mai, Pièce à conviction sur France 3, le 13 mai - pour présenter le travail délicat et nécessaire de son service, alors que les dérapages des "officines" défraient la chronique.

C'est un évènement. Tant les policiers de la DCRI n'ont pas pour habitude de se montrer sur les écrans et même d'être interviewer par les journalistes. Certes, les apparitions publiques régulières de la DCRI ont été initiées par Bernard Squarcini qui a donné sa première interview seul à latribune.fr, le 19 octobre 2007. Mais aujourd'hui, il faut des raisons bien impératives pour que Gilles Gray s'exprime.

Elles sont, me semble-t-il, trois. La première, c'est la vogue de la communication tout azimuts des hauts fonctionnaires lancées depuis le sommet de l'Etat par Claude Guéant. Il a été le premier Secrétaire général de l'Elysée à prendre publiquement la parole sur tous les dossiers traités par le gouvernement.

Deuxième raison, imitées des gendarmes français et du FBI américain, les opérations de communication ciblées sur des sujets sensibles sont un moyen efficace pour convaincre les hommes politiques de se montrer généreux lors des arbitrages budgétaires. Et les sommes à dispositions de la DCRI sont jugées, en interne, bien modestes, même si officiellement le budget de la direction serait de 41 millions et officieusement autour de 50 millions.

Enfin, et surtout, ces opérations de communication permettent de positionner la DCRI - service public - au centre du renseignement économique, alors que la multiplication des entreprises d'intelligence économique révèle une tendance à la privatisation du renseignement. Une tendance dangereuse pour les libertés publiques.

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