2025 : Facebook met au point le premier ordinateur doué de langage

#30ansLaTribune - La Tribune fête ses 30 ans. A cette occasion, sa rédaction imagine les 30 événements qui feront l'actualité jusqu'en 2045. Le 25 avril 2025, après des années de recherches, Facebook vient de mettre au point le premier système d’intelligence artificielle capable de comprendre le langage des hommes et de communiquer de la même manière. Une révolution sociétale est en marche.
"L'intelligence artificielle est le moteur des nouvelles technologies au travers des robots, des automatismes industriels et de nos objets quotidiens."

Une - ordinateur à langage

Parler à un ordinateur comme on le ferait avec un collègue, un ami ou un proche et être compris de la même manière... Ce rêve de tous les utilisateurs d'informatique vient de devenir réalité. Les chercheurs de Facebook, après plus d'une dizaine d'années de travaux et d'expérimentations, viennent de mettre au point un système intelligent capable de comprendre le langage naturel et de s'exprimer de la même manière. Il s'agit d'une avancée considérable dans l'histoire de l'informatique, après laquelle les scientifiques couraient pratiquement depuis 1956, lorsque les spécialistes de l'intelligence artificielle américains se sont réunis en été de cette année-là au Dartmouth College pour lancer les recherches sur l'intelligence artificielle.

A l'époque il s'agissait de réfléchir à une proposition : puisque les mécanismes du cerveau sont en grande partie chimiques, ils doivent pouvoir être reproduits par une machine. Depuis, l'intelligence artificielle est devenue le moteur des nouvelles technologies, au travers des robots, des automatismes industriels mais aussi de nos objets quotidiens.

Des logiciels qui communiquent

Investir le domaine du langage était une gageure. Depuis son développement par l'Homo Sapiens (ce qui explique d'ailleurs que ce groupe ait pris le pas sur les autres hominidés), le langage fut le moteur essentiel du développement de l'humanité, et ses nuances se sont enrichies en permanence. Il est le pur produit de l'intelligence humaine. Jusqu'à maintenant, les ordinateurs ne pouvaient communiquer que dans leurs propres langages, des langages formels, codés, dans lesquels aucune ambiguïté n'est possible dans la nature des informations transmises.

Depuis le début des années 1990, de nombreuses équipes ont commencé à travailler sur le langage homme-machine, pour aboutir progressivement aux progrès que l'on connaît dans l'ergonomie des systèmes d'exploitation et des navigateurs Internet.

Quelques années plus tard, les ordinateurs ont commencé à « parler » grâce à des logiciels de synthèse vocale, mais ne communiquaient que des informations sélectionnées ou ne répondaient qu'à des questions très précises. Le Siri d'Apple, la première application de commande vocale grand public en fut un exemple. Dans sa nouvelle version, elle a encore gagné en souplesse, en faculté de compréhension et en rapidité de réponse aux questions. D'autres entreprises ont développé des logiciels de traitement du langage naturel (TALN) et ont travaillé sur la théorie sens-texte (TST), basée sur les relations sémantiques entre les mots, afin que les ordinateurs commencent à comprendre le sens du langage humain et non plus seulement sa structure. Ce sont ces systèmes qui sont notamment à l'oeuvre dans les centres d'appels et qui permettent de répondre, grâce à des logiciels spécialisés, aux questions les plus fréquentes des clients. Ce sont également ces mêmes logiciels qui se sont développés dans le domaine des e-mails et qui permettent d'y répondre sans intervention humaine, s'ils ne concernent pas de sujets complexes ou techniques.

Facebook, à la pointe de la recherche

Depuis une dizaine d'années, Facebook a développé l'une des plus importantes équipes de chercheurs au monde en matière d'intelligence artificielle au sein d'une structure baptisée FAIR (Facebook Artificial Intelligence Research). Le mathématicien français Yann LeCun, qui dirige aujourd'hui le laboratoire d'intelligence artificielle de Facebook fut l'un des pionniers de la reconnaissance d'image et du « neuralnet » (la reproduction de façon artificielle du fonctionnement des neurones du cerveau).

D'autres Français ont d'ailleurs rejoint les équipes de la société américaine comme Léon Bottu, une recrue de Microsoft, spécialiste des systèmes d'apprentissage des ordinateurs ou Nicolas Usunier, ancien professeur à l'université de technologie de Compiègne et expert en matière de compréhension de textes par l'ordinateur.

L'intelligence artificielle au service du langage

Le système de langage naturel de Facebook baptisé Ireadyourlips (une expression américaine qui signifie à peu près « je te comprends ») a été mis au point dans le laboratoire d'intelligence artificielle de Facebook installé à Paris depuis 2015. Il ne se contente pas d'exercer un certain nombre de tâches commandées à la voix, comme les premiers systèmes de reconnaissance vocale, mais est doté d'un logiciel qui comprend une partie importante du langage, dans toutes ses profondeurs et ses nuances. Il associe un ensemble de technologies complexes, à commencer par des logiciels capables d'analyser et de comprendre différentes langues avec leurs constructions spécifiques, mais aussi des systèmes d'intelligence artificielle pour comprendre la composition des langues et leurs structures narratives.

Les applications du système Ireadyourlips sont potentiellement sans limites pour ce qui concerne nos interactions quotidiennes avec les objets connectés. Il devient possible de converser non seulement avec son ordinateur, mais aussi son smartphone, sa tablette, son réfrigérateur, sa voiture sans autre interface que la voix et dans la même forme que celle de nos conversations quotidiennes. On imagine aisément la fluidité parfaite qu'offre ce nouveau système dans nos relations avec les machines.

Vers un langage naturel des machines

L'innovation de Facebook est à rapprocher d'une autre annonce, faite la semaine dernière par le professeur Wolfgang Wahlster, directeur général du Centre allemand de recherche sur l'intelligence artificielle (DFKI), dont l'un des laboratoires est situé à l'université de la Sarre à Sarrebruck. Il est l'un des meilleurs spécialistes mondiaux du langage homme-machine, du web sémantique et de l'Internet des objets. Wolfgang Wahlster et son équipe ont annoncé la mise au point d'une nouvelle technologie permettant le langage naturel homme-machine et machine-machine dans des environnements industriels, intégrant des systèmes de reconnaissance faciale et des gestes. Les premiers systèmes implantés chez BMW permettent à un opérateur de commander une chaîne de robots à la voix, ces derniers étant capable de « reconnaître » le visage de celui qui dirige leur travail.

En outre, dans le cadre du projet Innovation Alliance Product Memory, qui travaille sur l'interopérabilité sémantique des machines, le DFKI a, pour la première fois, fait dialoguer entre elles les mémoires de produits physiques, ce qui ouvre un champ de développement considérable à l'industrie et aux activités logistiques, dans la mesure où les produits pourront dialoguer entre eux au cours de la phase de production ou de distribution. Une contribution décisive au concept de cloud manufacturing qui vise à la constitution de vastes plates-formes industrielles autonomes, dans lesquelles l'ensemble des systèmes de production seront connectés et capables de dialoguer sans intervention humaine.

Ces deux avancées technologiques majeures montrent que l'informatique vient de franchir une étape clé de son développement en conquérant un espace jusque-là réservé à l'homme, celui du langage.

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