Les zones économiques spéciales chinoises, l'illusion de la croissance ?

A deux jours du déplacement de François Hollande et de plusieurs entrepreneurs français en Chine, Sandra Poncet, professeur à l'Ecole d'Economie de Paris et conseiller scientifique au CEPII, dresse un bilan mitigé des zones économiques spéciales dédiées aux exportations. La fiscalité attractive sur ces zones incite effectivement les investissements directs étrangers, mais offre à la Chine peu de perspectives de croissance...
DR Sandra Poncet

Attirer des investissements directs étrangers a souvent été envisagé comme un moyen efficace pour promouvoir la montée en gamme de la production industrielle. Le premier canal est direct puisque la qualité des biens produits par les entreprises à capitaux étrangers est généralement supérieure à celle des entreprises nationales. Par différents effets de diffusion, la présence de multinationales peut aussi induire une amélioration des biens produits par les entreprises nationales.

La Chine est probablement le pays le plus emblématique d'une stratégie dynamique d'attraction des entreprises étrangères. Depuis 1979, le gouvernement chinois a activement promu les entrées d'investissements directs étrangers (IDE) par diverses incitations fiscales dans l'espoir que la présence d'entreprises étrangères soutienne le processus de transformation structurelle. Depuis le début des années 2000, les autorités ont multiplié le nombre de zones ciblant les activités d'assemblage (« export processing zones »).

Mirage statistique
Dans le cas de la Chine, les autorités ont concentré les investissements étrangers et les activités de transformation dans des zones économiques spéciales (ZES) dédiées aux exportations : cette déconnexion structurelle et géographique entre les activités domestiques ordinaires d'un côté, et celles reposant sur la technologie importée et les entreprises étrangères de l'autre, a pu entraver la diffusion technologique.


 

Une étude du G-MonD récente suggère que ce choix délibéré a réduit les retombées potentielles et les gains de croissance provenant des activités d'assemblage et étrangères. En effet en concentrant les investissements étrangers et les activités de transformation dans des ZES dédiées aux exportations les autorités en ont limité l'enracinement local. Or l'appropriation domestique et l'insertion forte des entreprises dans l'économique locale sont essentielles pour que l'adoption de nouvelles technologies renforce la croissance. Ce travail indique qu'il est crucial de distinguer entre les différentes origines (domestique et étrangère) de la montée en gamme pour disposer d'un indicateur pertinent de la véritable adoption des technologies occidentales par les pays émergents et que la seule référence au volume des investissements directs étrangers ne saurait suffire. En effet dans le cas de la Chine, l'amélioration apparente des exportations pourrait n'être qu'un mirage statistique dans la mesure où elle provient uniquement des progrès des entreprises étrangères ou de la qualité des composants assemblés, sans qu'ils initient ou signalent une montée en gamme des entreprises nationales. En outre, dans ce contexte, les externalités et les bénéfices qui en sont attendus en termes de croissance semblent amoindris.
 

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Commentaires 10
à écrit le 11/05/2013 à 6:17
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Difficile de comprendre ce que l'article cherche a demontrer... Que l'ouverture des ZES et les investissements etrangers depuis 1979 n'ont pas entraine une acceleration de la croissance ni contribue a une montee en gamme des entreprises chinoises ? E...

à écrit le 24/04/2013 à 15:00
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Le sujet aurait mérité un article plus long. Difficile de se faire une opinion. Il est possible que la Chine soit surestimée actuellement, mais on aimerait avoir des "mirages statistiques" de ce genre en France (où les déficits commerciaux sont abyss...

à écrit le 24/04/2013 à 11:43
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un article plus court que les breves de l'AFP (388 mots) pour traiter d'un sujet aussi complexe !!! De nos jour les jouneaux nous vendent que des titres, a l'interieur c pire que les produits chinois de bas de gamme

à écrit le 23/04/2013 à 17:15
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"l amelioration apparent des exportations pourrais n etre qu un mirage statistiques" . Avec une phrase pareille venant d un doctorant en eco, pepere va bien pedaller. ( les ZES ont une autre finalite que le postulat de mme Poncet )

à écrit le 23/04/2013 à 15:13
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La conclusion est un peu simpliste. On oublie que les joint-ventures, avec leur technologie, appartiennent aux chinois au bout de 15 ou 20 ans. Et les entreprises joint-venture et étrangères ont formé également des ingénieurs, des commerciaux et des ...

le 23/04/2013 à 17:21
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@chinechine: ils n'attendent gnéralement pas 15-20 ans, dès qu'ils ont la technologie et le savoir-faire, ils virent les Occidentaux. Ce qui les intéressent c'est le transfert de technologie gratos, pas autre chose !!! et va donc essayer de les pours...

à écrit le 23/04/2013 à 14:35
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Sauf que les Chionois attirent les entreprises étrangères pour que celles-ci amènent ghratuitement leurs technologies en Chine...et ce sera ensuite le coup de pied au cul quand ils sauront faire. Les Chinois ne jouent pas le jeu et ont des pratiques ...

le 23/04/2013 à 17:26
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Pour certains le coup de pied au cul peut s'attendre longtemps. Pour WV et PSA par exemple. Ca fait 30 ans ils sont en Chine. Ils ne voient toujours pas le cou de pied au cul à l'horizon. C'est pourquoi qu'ils renforçent encore leur présence en Chine...

le 23/04/2013 à 18:50
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En tous cas le coup de pied a ete immediat pour les centrales nucleaires, le TGV, les grands ouvrages d'art, etc. Ce sont maintenant les entreprises chinoises qui viennent construire nos autoroutes, nos reseaux telephoniques et bientot nos voitures e...

à écrit le 23/04/2013 à 14:21
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Concernant le Dr Poncet, combien de voyages en Chine, a quels endroits, dans quelles provinces, accompagnee par qui, rencontres avec qui??? Ou uniquement des voyages standards, ou des etudes papier derriere un bureau, en france?

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