Les « méthodes staliniennes » de José Manuel Barroso

À un an de la fin de son mandat, le président de la Commission européenne et son équipe n'ont jamais été aussi soucieux de contrôler le moindre message, le moindre kilobit d'information offert à la curiosité des internautes.
José Manuel Barroso, président de la Commission européenne / Reuters
José Manuel Barroso, président de la Commission européenne / Reuters (Crédits : Thomson Reuters 2011)

La page Web consacrée aux commissaires européens a ainsi fait les frais de ce perfectionnisme. C'est une des rares à être assez largement consultée (quelques dizaines de milliers de visites par mois). D'où l'idée de l'utiliser pour y faire passer quelques messages politiques. Un sain réflexe de la communication maison. Les choses se gâtent vite toutefois quand le cabinet de José Manuel Barroso s'en mêle. Tant qu'à remettre cette vitrine à plat, il faut en profiter pour souligner la « collégialité » de l'institution en remplaçant le simple trombinoscope des 27 commissaires par une photo, explique l'entourage de Barroso.

Seul hic : il n'y a pas de photo à jour. Sur le seul cliché disponible apparaît le Maltais John Dalli... alors qu'il a démissionné il y a plusieurs mois, à la suite d'une affaire de possible corruption par l'industrie du tabac. Heureusement, se disent les exécutants, il y a Photoshop. En quelques clics, la trombine de Dalli est remplacée par celle de son successeur, Toni Borg.

Scandale au 13e étage de la Commission. « Ce sont des méthodes staliniennes ! » Sans parler du « respect pour le travail du photographe ». Les responsables de cette malheureuse initiative en restent interdits. D'autant que le service du porte-parole n'hésite pas à sortir les ciseaux du tiroir : depuis 2010, l'élimination systématique d'Herman Van Rompuy de toutes les vidéos et autres photos mises en ligne sur le site de la Commission est devenu le sport favori de la « DG Communication ».

Le président du Conseil européen est en effet le grand rival de José Manuel Barroso pour le titre de « visage de l'Union européenne ». Ce malheureux incident n'a toujours pas trouvé d'issue. Moyennant quoi, à l'heure où était rédigé cet article, il n'y avait plus aucune photo sur la page des commissaires européens...


MAIS L'IMPORTANT, C'EST LE MESSAGE,
dira-t-on. Justement, la vice-présidente a lancé un « grand débat » sur l'avenir de l'UE. On est rassuré. Il importe de préciser que Viviane Reding espère devenir la première présidente de l'histoire de l'institution, tandis que le président Barroso n'a pas, de son côté, renoncé à se succéder à lui-même. Le site est plein d'idées originales telles que « imaginons que le Royaume-Uni entre dans la zone euro » (https://ec.europa.eu/debate-future-europe/index_en.htm). On n'y avait pas pensé. Surtout après la lecture du discours de David Cameron à La Haye en janvier, où il annonçait que son pays ne ferait « jamais » de l'euro sa monnaie.

À l'origine, la page aurait dû être dans les tons bleus, la couleur du drapeau européen. Mais la maquette a été censurée par le cabinet de la vice-présidente qui a jugé que « le bleu n'est pas une couleur de débat ». Qu'est-ce alors qu'une « couleur de débat » ? « L'orange », bien sûr. Fichtre ! On n'y avait pas pensé non plus. Que ferait-on sans l'expertise des hautes autorités ?

La technique, hélas, est parfois ironique. Le 20 juin à 9 heures, alors que j'entreprenais de m'imprégner de cette puissante symbolique, la page Web était hors-service et indiquait : « Bad Gateway », autrement dit « mauvaise passerelle ». Est-ce à dire qu'il sera difficile de relier le présent au « futur de l'Union » ?

Quant à la page https://www.debatingeurope.eu/, elle avait carrément été « hackée ». On y voyait un homme qui croise les doigts dans son dos. Cela change du signe des ciseaux qui coupent la tête de Van Rompuy. Heureusement, le site est très peu fréquenté.
 

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Commentaires 11
à écrit le 02/07/2013 à 10:06
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l'Europe est trop libérale, c'est un immense fourre-tout, les citoyens n'y comprennent plus rien, seuls les pays pauvres y trouvent encore leur compte, car on leur donne des subsides, au moins au début de leur adhésion et après ça dém... tout seul, c...

le 02/07/2013 à 16:52
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l'europe est trop libérale ??? pouvez vous argumenter cette affirmation contredite par la réalité ?

à écrit le 02/07/2013 à 9:22
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Enfin la Tribune reconnait le caractère collectiviste des dirigeants de l'Europe

à écrit le 02/07/2013 à 8:29
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Encore un article de dénigrement, pour ne pas dire de diffamation, qui ne contribue pas à la gloire du journalisme français. Et la tête de méchant de la photo n'abuse personne : tout le monde sait ce qu'est Photoshop.

à écrit le 02/07/2013 à 0:31
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"Viviane Reding espère devenir la première présidente de l'histoire de l'institution, tandis que le président Barroso n'a pas, de son côté, renoncé à se succéder à lui-même." miss liberalisons encore et encore, abrutissons les masses avec des coupure...

à écrit le 02/07/2013 à 0:20
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Au Portugal ils n'en n'ont pas voulu...ce type est un arriviste

à écrit le 01/07/2013 à 22:56
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Barosso est un excellent gestionaire.Il est peut etre trop franc quand il denonce la faillite de la France.

le 02/07/2013 à 0:34
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la faillite de cameron avec son déficit a 7% et sa planche a billet , cela vous parle . oui Barroso adore le modele big societY. vous avez vu une video de sesp laintes surles ecoutes , non !!! un communiqué et c'est bien suffisant ... entre gens qui ...

à écrit le 01/07/2013 à 19:39
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Si ce n'est pas Angela c'est Barroso, c'est un peu lassant, y a pas quelqu'un d'autre de temps en temps?

à écrit le 01/07/2013 à 18:47
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Oh! la tronche" ! un message d'un homme comme ça, ne peut être que nul et non avenu ! oops !!

le 01/07/2013 à 20:11
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Il faut faire la gueule pas trop de liberté ...

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