Le basculement industriel et commercial chinois... une nouvelle route de la soie !

La Tribune publie chaque jour des extraits issus des analyses diffusées sur Xerfi Canal. Aujourd'hui, le basculement industriel et commercial chinois.
Jean-Michel Quatrepoint, Journaliste-essayiste. / DR

L'ancienne route de la soie, que les caravanes ont parcourue pendant des siècles et des siècles, s'est transformée depuis peu en un vaste réseau de chemins de fer. L'objectif est clair. Il s'agit d'offrir aux grandes entreprises chinoises et européennes un moyen de transport plus rapide, moins coûteux et plus sûr entre l'empire du Milieu et l'Europe.

En passant par les anciennes républiques soviétiques, notamment l'Ouzbékistan et le Kazakhstan, en passant bien sûr par la Russie, pour aboutir en Pologne et même en Allemagne. C'est une route moins longue et plus facile que le traditionnel transsibérien, pour unir le Pacifique à la Baltique.

Pour la Chine, ce projet est éminemment stratégique, tant sur le plan économique que politique

Un mouvement de délocalisation des zones côtières vers le centre de la Chine s'est amorcé ces dernières années. Les salaires à Shanghai ou à Shenzen ont fortement augmenté. Ils atteignent souvent 400 dollars par mois.

Dans le centre de la Chine, à Zhengzhou par exemple, ils ne sont que d'une centaine de dollars. Le gouvernement chinois pousse donc à l'implantation de villes nouvelles dans le centre, où les usines et les immeubles poussent comme des champignons.

Afin de transformer la paysannerie locale en une main d'oeuvre plus ou moins qualifiée, pour les grandes entreprises. Ainsi, la machine à fabriquer des infrastructures continue d'alimenter la croissance chinoise et, accessoirement, la spéculation immobilière.

Les grands groupes occidentaux n'ont pas été les derniers à suivre le mouvement

Hewlett Packard, Volkswagen, Mercedes, Adidas ont été les premiers à délocaliser dans le centre de la Chine et à utiliser cette nouvelle route de la soie.

Dès lors que les usines se déplacent loin des côtes, la voie maritime devient moins rentable et prend beaucoup plus de temps. Ainsi un container met quarante cinq jours pour aller du centre de la Chine vers l'Europe, par la voie maritime, mais dix jours seulement par cette nouvelle voie de chemin de fer, baptisée Chengdu Europe Express.

Un gain de temps et d'argent non négligeable. Claviers d'ordinateurs, disques durs, chaussures, pneumatiques, textiles, pièces détachées de l'industrie automobile remplissent ainsi les wagons depuis les provinces centrales de Chine.

Deuxième avantage pour le Chine

Le basculement d'une partie de son commerce vers le Nord lui permet de conclure des accords commerciaux et politiques avec les pays qui vont bénéficier des investissements en chemin de fer.

Le Kazakhstan notamment va jouer le rôle de plaque tournante et entend développer avec l'aide de Siemens, de General Electric et d'Alstom une véritable industrie ferroviaire. En outre, la Chine est un gros acheteur d'hydrocarbures et de matières premières notamment agricoles de ces pays.

De quoi remplir les containers sur le trajet de retour. Enfin, la Russie est totalement associée à ce vaste projet. Ce qui n'est pas pour déplaire à Pékin qui cherche de nouvelles alliances face à l'hostilité grandissante du Japon, et à la volonté américaine de pratiquer une politique plus musclée vis-à-vis de la Chine.

Face aux tensions de plus en plus vives en Mer de Chine, avec un Japon soutenu par les Américains, le déplacement d'une partie du commerce chinois, de la mer vers la terre, prend donc tout son sens. 

 

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Commentaires 2
à écrit le 17/03/2014 à 22:03
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Il s'agit de la voie nord passant par le nord de la mer Caspienne, mais dans ce cas pourquoi passer par l'Ouzbékistan, le Kazakhstan ayant une frontière commune avec la Russie. La voie sud millénaire, passe par le sud de la Mer Caspienne sauf que le ...

à écrit le 17/03/2014 à 14:04
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le transibérien, le lac Baïkal, la Mongolie si la Russie n' était pas si " mafieuse " cela aurait du être pratiqué depuis longtemps.

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