Campagne de Brousse : « Donnez-moi un bon cuisinier et je vous ferai de la bonne politique »

CHRONIQUE. Ingénieur, éditeur, observateur attentif des sociétés, du monde et des gens, Jean Brousse, corrézien, bretteur de mots, a publié "Deux mois ferme", collection de ses chroniques quotidiennes du confinement. En cette année présidentielle, il tient dans La Tribune une revue de la crise politique et sanitaire, intitulée comme il se doit Campagne de... Brousse.
(Crédits : Jean Brousse LT)

Morne semaine entrecoupée de jolies éclaircies. Pour la météo, on tient à peu près le cap. Pour les grands premiers débats de la campagne présidentielle, il en est autrement : Z fait du Z à Lille, mais ne décolle pas de ses 14% d'intentions de vote et Marine le Pen tente un coming out à Reims, telle une star sur le retour s'approchant de ses fans à la fin du show pour enfin leur dire qui elle est vraiment et démentir beaucoup de ce qu'on croyait d'elle. Cela sent le coup monté des faux adieux au public, et ça ne prend pas, au contraire : sa « courbe », comme celle des autres candidats ou présumés tels reste désespérément plate. Seul Fabien Roussel grignote peu à peu quelques précieux points. Il faut dire qu'il est le seul à oser parler de l' « art de vivre à la française » en vantant les valeurs d'un joli petit vin de pays et d'un bon saucisson. Il a l'air sincère, sourit et « parlerait » vrai.

Les Français aiment bien Épicure, qu'on se le dise. Les Français aimaient croire à la passion de Jacques Chirac pour la tête de veau, appréciaient le goût de Georges Pompidou pour le chou farci et la potée auvergnate, des plats et des marqueurs du terroir. Les vagues woke et vegan n'ont encore pas opéré le « grand remplacement » dans nos assiettes et peu se réjouiraient d'un Président abonné à « Comme j'aime.fr ». Que diable, nos prestigieux hôtes étrangers se délectent de quelques-unes de nos meilleurs adresses. Et nos cuisines attirent de nombreux touristes qui participent généreusement au redressement de la balance commerciale pour le moins malmenée.
Alors, mesdames et messieurs qui voulez nous plaire, montrez-nous que vous êtes vraiment Français, trinquez avec nous et partageons un bon steak frites. Et souvenons-nous du Duc de Talleyrand : « Donnez-moi un bon cuisinier et je vous ferai de la bonne politique ».

Le feuilleton de l'instant tourne autour des parrainages, dont on commente quotidiennement la production hebdomadaire. Auront-ils leurs cinq cents signatures ? Il semble bien que oui. Les appareils s'en chargent et Jean Lassalle a beaucoup d'amis.
Et ceux qu'on attend dans la compétition ne peuvent pas ne pas y être. Par contre, les paris, prévisions, analyses et autres pronostics sur les résultats du 14 avril restent risqués. Les commentateurs ne s'y aventurent pas. Et les courbes restent tenacement atones, où est le bon temps de la Covid ?

Les sondeurs s'arrachent les cheveux de ne pouvoir déceler dans la moindre variation même pas significative le signal d'un bouleversement. Sauf bien sûr pour le Président toujours au travail qui en quatre ou cinq jours et quelques tours d'avion calme à l'Est les tensions alarmantes, rachète à Belfort la branche énergie de General Electric, commande à la volée quelques réacteurs nucléaire et sauve à Brest les océans de la planète. Il reste largement en tête des intentions de vote, même si nos concitoyens impatients et ses concurrents agacés aimeraient bien qu'il se déclare, et leur déclare sa flamme. Il ira jusqu'au bout, comme tous, de Christiane Taubira à Jean-Luc Mélenchon en passant par Anne Hidalgo et Yannick Jadot, tous empêtrés dans des dissensions domestiques inutiles. Jusqu'au bout.

Et comme promettent d'aller jusqu'au bout les participants des « convois de la liberté », importés de la belle province. A nous Paris ! On a compté deux mille six cents voitures. Sept mille gendarmes les attendent. En pleines vacances, c'est un comble. Ils convergent de tout le pays avec l'espoir vain de bloquer la capitale. Il y a des parfums de gilets jaunes, de grillades et de bons gros sandwichs par ces belles journées d'hiver. Pschitt ? Bruno Lemaire se frotte les mains : à deux euros le litre de sans plomb, il aura vite récupéré les cent euros de la « prime inflation »...

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Commentaires 2
à écrit le 13/02/2022 à 1:58
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Nous partîmes 500 et par un prompt renfort nous nous vîmes.. zéro au por(c)t.. C'est assez symptomatique, plus cela avance plus cela s'effrite ( belge ) non ? Cocasse, les prétendants partirent avec un ridicule capital fromager d'intentions de vote e...

à écrit le 12/02/2022 à 20:20
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Ah le fumet de la bonne andouillette

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