« Contre le cancer, des opportunités de victoires » (Sylvie Retailleau, ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche)

À l’occasion de la Journée mondiale contre le cancer, Sylvie Retailleau souligne les progrès scientifiques réalisés par les laboratoires français avec le soutien de l’État. Pour la ministre de la Recherche, la révolution en cours est celle de l’individualisation des traitements.
Sylvie Retailleau, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.
Sylvie Retailleau, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. (Crédits : LUDOVIC MARIN/AFP)

Parler de cancer aujourd'hui, c'est faire le constat que chaque Française ou Français a, souvent par son entourage, un lien avec la maladie. Avec 2,7 millions de diagnostics chaque année, et 1,3 million de décès, c'est la deuxième cause de mortalité dans l'Union européenne. Derrière la froideur de ces chiffres, je pense surtout au combat que mènent tant de nos proches, et à l'épreuve que traversent les familles qui les accompagnent.

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La France bénéficie d'une recherche parmi les plus puissantes au monde, et cela est particulièrement vrai s'agissant du cancer. Notre pays occupe la deuxième place en Europe pour la recherche clinique en cancérologie. À l'occasion de la Journée mondiale contre le cancer, ce dimanche, je souhaite dresser un constat simple des actions menées et des résultats attendus dans notre quotidien.

Côté actions, la recherche française sur le cancer est aujourd'hui mieux organisée que par le passé. Elle est coordonnée depuis 2005 par l'Institut national du cancer (Inca), et s'inscrit jusqu'en 2030 dans une stratégie décennale. Son objectif ? Réduire de 60.000 le nombre de cas évitables chaque année. Sur cinq ans, ce n'est pas moins de 1,74 milliard d'euros, dont 634 millions pour la recherche, qui sont investis pour sa mise en œuvre. Les avancées de ces dernières années ont déjà permis aux patients de bénéficier de nombreuses innovations en matière de diagnostic et de thérapie. La France a également su prendre des mesures pour accélérer la mise à disposition des médicaments les plus innovants.

Cette stratégie permet que des acteurs, qui hier œuvraient chacun de leur côté, puissent désormais travailler plus étroitement ensemble. Universités, organismes de recherche, hôpitaux publics et privés, centres de lutte contre le cancer, entrepreneurs et industriels, etc. : nous créons les conditions d'interactions rapprochées pour accroître la connaissance, développer la prochaine génération de traitements et contribuer à la souveraineté thérapeutique de la France.

Création de trois nouveaux instituts hospitalo-universitaires (IHU)

Première concrétisation de cette ambition, le Paris-Saclay Cancer Cluster vient de voir le jour à Villejuif. Ce biocluster de dimension mondiale regroupe sur un même site les équipes de l'Institut Gustave-Roussy, de l'université Paris-Saclay, de l'Institut polytechnique de Paris, de l'Inserm, de Sanofi et de partenaires clés : l'AP-HP, Medicen, Unicancer et l'Institut Curie. Il bénéficie de 100 millions d'euros d'investissement public de France 2030. La structuration de nos écosystèmes s'appuie aussi sur la création de trois nouveaux instituts hospitalo-universitaires (IHU) annoncée par le président de la République le 16 mai dernier. Les efforts sont soutenus par deux stratégies d'accélération, l'une consacrée aux biothérapies pour produire 20 nouveaux biomédicaments en France à l'horizon 2030, en particulier dans le domaine de l'oncologie, l'autre en santé numérique pour développer l'utilisation de l'intelligence artificielle.

C'est à l'échelle de chaque patient que se situe l'avenir des traitements

Révolution en cours

Côté résultats, c'est une révolution qui est en cours dans la compréhension de cet ensemble de maladies. Je pense notamment aux cancers féminins, pour lesquels nous développons par exemple la prévention des rechutes. Plus généralement, c'est à l'échelle de chaque patient que se situe l'avenir des traitements. L'une des principales ambitions de la recherche, c'est en effet de développer l'analyse des cellules de chaque malade pour caractériser la nature exacte du cancer dont il souffre et déterminer le meilleur traitement possible. Des cancers mieux identifiés, ce sont des opportunités de victoires décuplées. Nous changeons donc de paradigme en privilégiant les traitements personnalisés, guidés par une analyse plus fine, et non plus selon l'organe à l'origine du cancer. Le travail de nos chercheuses et chercheurs permettra aussi demain d'accélérer le développement de médicaments, de réduire les effets secondaires et ainsi de transformer le pronostic.

Ces perspectives sont des sources d'espoir autant que de fierté. Nous bénéficions d'une recherche fondamentale excellente, et nous sommes présents sur l'innovation : l'Inserm est le deuxième acteur mondial en nombre de brevets déposés, suivi du CNRS et de plusieurs acteurs publics et privés. Une agence de l'innovation en santé a été créée en 2022. Pour autant, il faut aussi regarder les choses avec humilité car le paysage reste largement dominé par des partenaires comme les États-Unis et l'Allemagne. Il nous faut donc encore redoubler d'efforts.

Dans le chemin encore à parcourir, le travail de nos chercheurs est un maillon déterminant. Bien sûr, il n'est pas le seul. Avec ma collègue Catherine Vautrin et l'ensemble des professionnels de santé, nous nous attachons à améliorer la prévention. Depuis la rentrée 2023, les collégiens de cinquième peuvent se faire vacciner gratuitement contre les cancers liés aux papillomavirus humains (HPV). Nous travaillons aux diagnostics précoces, à l'accès aux traitements et aux parcours de soins ainsi qu'à la qualité de vie des patients. Parce que nous ne saurions accepter un système à plusieurs vitesses, nous veillons aussi à ce que chacun bénéficie d'un égal accès aux progrès réalisés.

Chaque Français place, à raison, un espoir immense dans la recherche contre le cancer. Avec des moyens renouvelés, nous pouvons compter sur le travail des chercheuses et chercheurs français qui, sur l'ensemble du territoire, œuvrent chaque jour pour répondre à cet enjeu majeur de notre siècle.

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Commentaire 1
à écrit le 04/02/2024 à 8:19
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Contre le cancer arrêtons déjà de manger et boire agro-industriel.

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