De la révolution à la régénération. Sept ans après la publication de son livre programme Révolution, Emmanuel Macron essaie de retrouver l'esprit conquérant de 2017 pour relancer un second quinquennat déjà enlisé. C'est l'objectif de l'opération que le président de la République a lui-même baptisée « régénération », avec la nomination surprise à Matignon de Gabriel Attal et le choix disruptif de Rachida Dati au ministère de la Culture.
En une semaine, le chef de l'État a renversé la table, mettant cul par-dessus tête la Macronie. Son allié François Bayrou est contrarié. Son ancien Premier ministre Édouard Philippe préfère se taire. Son compagnon de route Richard Ferrand n'a pas été écouté. D'autres fidèles (Stanislas Guerini, Julien Denormandie) ont été ignorés ou laissés de côté. La majorité est sous le choc.
Emmanuel Macron s'est délesté de beaucoup de choses en ce début d'année 2024. Le prix à payer pour faire redécoller sa montgolfière. L'effet « blast » est incontestablement réussi. L'arrivée à Matignon de Gabriel Attal, 34 ans, nouvelle star politique, bouscule les poids lourds du gouvernement sans... les faire tomber. Gérald Darmanin s'est offert le luxe d'annoncer qu'il rempilait à l'Intérieur et l'immarcescible Bruno Le Maire a étendu son périmètre ministériel en récupérant la tutelle de l'énergie.
Pour l'instant, on cherche donc la « patte » Attal dans la composition de son gouvernement. Mais tout ça est vieux comme la Ve. Rien de neuf ou presque sous Macron : le président décide, le Premier ministre exécute et devra... communiquer mieux que ne le faisait sa prédécesseure. Cela tombe bien. Gabriel Attal est un as de la com. « De l'action, de l'action, de l'action ! » a-t-il proclamé, trouvant d'emblée une formule qui marque les esprits.
Dans sa tentative de relance de son second mandat, Emmanuel Macron a mis le cap résolument à tribord. Une clarification tactique à cinq mois d'élections européennes bien mal engagées pour la liste de la majorité, en retard de 10 points sur celle du RN. Le président parie sur un resserrement grâce à son nouveau dispositif politique. Décidé à prendre tous les risques pour combler son retard, l'affranchi Macron est allé jusqu'à nommer la populaire Rachida Dati à la Culture. Voilà la sarkozyste doublement en terra incognita. Celle qui n'a cessé depuis 2017 de brocarder les traîtres de gauche et de droite rejoint à son tour leurs rangs. Le meilleur chemin, calcule-t-elle, pour déloger la gauche d'Anne Hidalgo de la mairie de Paris en 2026. Emmanuel Macron et Rachida Dati s'entendent au moins sur cette détestation. Pour le reste, ce « deal » ressemble comme le reste à un quitte ou double.
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