L'Europe doit se débarrasser de ses scories « trumpiennes »

OPINION. Donald Trump ne sera pas le prochain président des Etats-Unis, mais le "trumpisme", lui, s'est imposé jusqu'en Europe. Avec la présidence de Joe Biden, les pays européens doivent renouer avec les Etats-Unis une relation plus équilibrée en suivant une politique européenne commune. (*) Par Laurence Daziano est maître de conférences en économie à Sciences Po
Laurence Daziano.

L'après Trump commence à se dessiner outre Atlantique, même si les traces de ces quatre années vont continuer à durablement marquer les Etats-Unis : une Amérique divisée, un pays abandonné à la pandémie qui compte ses morts, un débat politique interne radicalisé et une place sur la scène internationale qui suscite la défiance, y compris parmi ses plus proches alliés.

Cependant, le « trumpisme » a fait des émules ces dernières années, y compris en Europe. Il y a d'abord les dirigeants populistes européens, et notamment en Europe de l'Est, qui ont vu leurs méthodes de gouvernance légitimisées par l'attitude de Donald Trump, qui prônait ouvertement un agenda anti-européen. Mais en Europe de l'Ouest aussi, le « trumpisme » a influencé les débats des dernières années, de la victoire de Boris Johnson aux élections britanniques jusqu'au ministre français de l'Economie, qui a déclaré que "les géants du numérique sont les adversaires de l'Etat". Or, il est temps de revenir aux fondamentaux démocratiques et économiques, et de redonner leur véritable sens aux mots.

Attaques américaines

Certes, les Européens ont été atteints, pendant ses quatre années, par les attaques américaines contre le multilatéralisme, le chantage et les menaces de sanctions envers les produits européens, notamment par l'augmentation unilatérale et au mépris des règles de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) des droits de douanes. Le multilatéralisme et le respect des règles de droit sont le fondement de la politique économique et commerciale de l'Union européenne. Les Etats-Unis de Joe Biden reviendront probablement à une politique davantage multilatérale, tout en conservant de la présidence Trump une volonté plus marquée et bipartisane de défendre leurs intérêts commerciaux. L'Europe, qui a tu pour un temps ses divergences internes pour parler d'une seule voix à l'administration Trump, doit conserver cette unité dans ses futures relations avec l'administration Biden. Or, le cavalier seul de la France avec sa taxe sur les services numériques, alors que des travaux sont en cours au niveau de l'Union européenne et de l'OCDE, augure mal de la volonté de Bruxelles de parler d'une seule, et forte, voix dans de futures négociations avec les Etats-Unis.

Relancer la relation transatlantique

L'Europe pourrait s'attacher à relancer la relation transatlantique par une politique commerciale dynamique mais apaisée, plutôt que de s'enfermer dans une volonté de souveraineté protectionniste. En effet, la Commission européenne va présenter ce mois-ci son « paquet » digital qui vise directement les grandes entreprises américaines du numérique. S'il est légitime de vouloir faire émerger de réels champions numériques européens, il parait vain de penser qu'une politique de régulation européenne, avec le Digital Market Act, voire l'évocation d'un possible démantèlement des GAFA, puissent en être les instruments. A défaut de créer une rupture technologique voire de nouveaux services, il est probable que ce soit encore une bataille perdue par Bruxelles, alors qu'un agenda ambitieux pourrait être établi avec l'administration Biden pour les prochaines années.

La présidence Trump laissera des traces aux Etats-Unis et dans le monde. L'Union européenne devrait en garder le meilleur, notamment son unité autour de ses intérêts et de ses valeurs fondamentales, et se débarrasser de ses aspects les plus dangereux, notamment ce vocabulaire guerrier qui divise, exacerbe et mène à l'impasse, pour repartir sur une relation raisonnée et constructive avec Washington.

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Commentaires 10
à écrit le 10/12/2020 à 5:42
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"...un pays abandonné à la pandémie qui compte ses morts,..." Vous afficher un joli minois mais vous ne devez pas trop connaitre les USA. La santé est du ressort des Etats. Nous avons 896 décès pour 1M habitant aux US mais NY en a 1,811 alors que ...

à écrit le 09/12/2020 à 14:33
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Obama a dit : pour faire une loi je n'ai besoin que d'un crayon, un stylo et un téléphone. A méditer.

à écrit le 09/12/2020 à 14:11
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L'anti trumpisme c'est le pouvoir à des institutions mondialistes entre les mains de groupes de pression divers qui entendent régir le monde avec leurs lois oligarchiques. C'est le contraire de la démocratie et du multilatéralisme. Le respect des nat...

à écrit le 09/12/2020 à 13:14
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Enseignant à Sciences Po. , c'est le label des utopistes de cette gauche socialo-communiste qui a ruiné la France et continue à croire aux chimères d'une mondialisation d'Etats et peuples de bisounours .

le 09/12/2020 à 13:24
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Je plussois !

le 09/12/2020 à 13:43
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Un commentaire aussi subtil que l'acteur principal de l'article: les profs de Sciences Po sont aussi "socialo-communiste" (un vocable qui fleure bon les années Giscard...) que Biden est communiste selon TRUMP....

le 09/12/2020 à 15:49
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je dirais même plus : je plussois ! ! !

à écrit le 09/12/2020 à 10:31
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Bravo! Nous allons retourner a nos scories antérieures qui présages des conflits internes, puisque un monde global sans frontière, au lieu d'un équilibre entre pays!

à écrit le 09/12/2020 à 8:37
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Donald Trump, le gars qui a fait fermer le plus gros site de prostitution de mineurs aux états unis, le gars sous qui jamais les salariés non blancs n'ont autant été embauchés, le gars qui a évité une guerre contre l'Iran en abbatant un oligarque ira...

à écrit le 09/12/2020 à 8:14
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Plutôt que de s'intéresser à Donald Trump, la rédactrice de cet article devrait s'intéresser à ce qu'est devenue l'Europe, et c'est pas très beau à voir : Beaucoup de corruption chez les dirigeants européens, qui s'attachent plus à servir les intérêt...

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