Le Burn out : nouveau mal de ce début de siècle ?

Qu'est-ce précisément, que le burn out? En quoi se différencie-t-il du stress? par Laurence Saunder, associé de l'IFAS* auteur de "l'énergie des émotions"

Au hit-parade des phénomènes en vogue dans les entreprises, le burn out tient incontestablement une place de choix. Mais de quoi parle-t-on ? Est-ce une maladie ? Combien de personnes sont-elles touchées par ce phénomène ? Qu'est-ce qui différencie le burn out du stress ? Existe-t-il des remèdes?
Pas question aujourd'hui d'ignorer le phénomène, mais il en manque encore une définition opérante et consensuelle ainsi que des études épidémiologiques suffisantes pour en caractériser l'ampleur.
Est-ce une maladie ? Dans les classifications actuelles des pathologies mentales , le concept de burn out n'apparaît pas et ne peut donc être caractérisé comme une maladie!
Pour l'OMS le burn out se traduit par un épuisement professionnel et plus précisément un sentiment de fatigue intense, de perte de contrôle et d'incapacité à aboutir à des résultats concrets au travail. L'INRS (Institut National de Recherche et Statistique) quant à lui décrit un syndrome d'épuisement professionnel et un ensemble de réactions consécutives à des situations de stress professionnel chronique.

Un large spectre

Le burn out couvre donc un large spectre qui va d'une fatigue intense à une pathologie de type dépression d'épuisement, en désignant à la fois les causes et les symptômes (tout comme le stress...).
C'est justement, cette largeur de spectre, qui empêche de quantifier l'ampleur du phénomène. Si on parle de fatigue intense, il touchera très certainement un plus large nombre de travailleurs que si on le circonscrit à la dépression d'épuisement !

Entre 25 et 28% des salariés touchés

Même s'il n'y a pas encore de « metrics » disponibles pour mesurer le phénomène, quelques points de repères permettent de s'y retrouver. Si on parle de stress professionnel chronique, entre 25 et 28% des salariés actifs sont touchés, alors que si l'on parle de dépression, on n'est plutôt autour de 5-6%.


Quelle différence ou ressemblance peut-on faire entre burn out et stress ?

La différence la plus évidente entre burn out et stress est la représentation sociale que l'on peut en avoir. Le stress renvoie à la fragilité de l'individu qui est en débordement et qui ne peut pas faire face à la contrainte. Le burn out renvoie à l'image du « battant », du travailleur engagé qui se dépasse et qui se « consume ». Cela nous renvoie à l'image du héros. Vous entendrez rarement un dirigeant ou un manager reconnaître qu'il est stressé, mais il n'hésitera pas à dire qu'il a été « limite burn out » ! C'est presque même un terme valorisant qui montre son implication, son ambition, sa capacité à absorber une surcharge de travail.


Que doit faire l'entreprise ?

A minima, l'entreprise doit considérer le phénomène comme un signal d'alerte à prendre en compte.
Comme elle a l'obligation de le faire pour le stress, la direction d'une entreprise peut développer les conditions de la prévention en travaillant sur les différents axes que sont l'organisation du travail, la sensibilisation des salariés, particulièrement les managers, la mise en place de procédures d'alerte, mais surtout ne pas nier le phénomène.
Elle devra se montrer particulièrement vigilante sur le sur-engagement de certains salariés et sensibiliser le management à ne pas encourager la multiplication des heures supplémentaires.


Quels sont les signaux d'alerte chez un individu ?

Si au moins deux symptômes apparaissent pendant plus d'un mois dans les dimensions décrites ci-dessous et si on note un changement par rapport à l'état intérieur, il convient de s'interroger.
- Dimensions physique : fébrilité, insomnie, fatigue, douleur, ...
- Difficultés intellectuelles : manque de lucidité, déconcentration, oublis, manque de vivacité intellectuelle
- Débordement émotionnel : euphorie, irritabilité, inquiétude, impatience, agacement...
- Perturbation comportementale : hyperactivité, manque de disponibilité, désorganisation, précipitation, agressivité, retrait, changement de comportement alimentaire...

Le plus important, mais aussi le plus difficile est de ne pas être dans le déni et d'accepter de « ne pas aller bien ». En parler avec un tiers permet de prendre du recul, de prendre conscience de sa situation et d'engager des actions pour réagir, car le soutien social est un puissant modérateur.

* Institut Français d'action sur le Stress

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Commentaires 3
à écrit le 14/03/2015 à 22:21
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Encore un effort de nos parlementaires, sénateurs et ministres et le burnout les emportera ! Non, tout mais pas ça !

à écrit le 13/03/2015 à 19:32
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Le vrai soucis n'est pas celui de licencier le salarié en Burn-Out pour inaptitude au bout d'un mois et que celui-ci plusieurs années après, au chômage, au RSA, n'est toujours pas réussi à se faire réembauché dans son métier, parce qu’il est marqué d...

à écrit le 13/03/2015 à 18:47
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"ne pas encourager la multiplication des heures supplémentaires" Qu'est ce que j'aimerais que le fondateur de General Electric qui faisait des semaines de 100 heures soit encore en vie, histoire d'entendre son commentaire. Il est parti de rien jusq...

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