Le Covid-19, une chance pour l'innovation dans la robotique

OPINION. La pandémie actuelle, qui représente le plus grand défi auquel le monde a été confronté depuis des décennies, n'a pas ralenti l'innovation dans la robotique. Bien au contraire, elle l'a amplifié à un niveau historique, tous secteurs confondus. Par Stéphanie Jandard, Directrice exécutive d’Accenture Technology en France.
Toutes les industries ont désormais l'opportunité de développer de nouvelles capacités autonomes en dehors des environnements confinés.

Des robots qui désinfectent les villes, préparent la nourriture des hôpitaux et livrent les colis. Des équipements intelligents qui surveillent la santé des patients et collectent de précieuses données médicales. L'intelligence artificielle devient un outil essentiel pour les scientifiques qui étudient le virus du COVID-19. La pandémie actuelle, qui représente le plus grand défi auquel le monde a été confronté depuis des décennies, n'a pas ralenti l'innovation. Bien au contraire, elle l'a amplifié à un niveau historique. La collaboration entre l'homme et la machine n'a jamais été aussi intense, tous secteurs confondus.

Une prise de conscience de l'importance de la robotique

En février, la Chambre de commerce américaine de Shanghai a interrogé des entreprises ayant des activités de fabrication en Chine : la moitié d'entre elles déclarait que leur plus gros défi immédiat était le manque de personnel. Cette pandémie n'a fait qu'accélérer la prise de conscience de l'importance de la robotique et de l'automatisation. Les progrès notamment en matière de capteurs, de reconnaissance vocale et de vision par ordinateur, combinés au déploiement des réseaux 5G et à la baisse des coûts, ouvrent de nouvelles perspectives à la robotique. L'époque où les robots étaient cantonnés aux entrepôts ou aux chaînes de production est révolue. Toutes les industries ont désormais l'opportunité de développer de nouvelles capacités autonomes en dehors des environnements confinés.

Chaque entreprise se doit donc de réfléchir à son avenir au prisme de cette mutation. De fait, 61% dirigeants d'entreprise s'attendent à ce que leurs sociétés utilisent des robots dans des environnements non-supervisés d'ici deux ans (1). Toutefois, à la question de son adoption par les salariés, les réponses des dirigeants sont plus partagées : s'ils sont 55% à dire que leurs employés y parviendront sans problème, 45% d'entre eux pensent que la collaboration des salariés avec les robots constituera un défi.

Une opportunité mais aussi un défi RH

La capacité à faire accepter une robotique en espace ouvert par l'ensemble des collaborateurs mais aussi par le public en général sera déterminante. Les nouvelles opportunités offertes par ces technologies nécessitent de la part des entreprises une capacité à relever un certain nombre de défis. À commencer par investir dans les talents. La demande de techniciens en robotique a augmenté de 121% entre 2017 et 2019, celle de data scientists de 88% depuis 2018 (2).

Autant dire que les entreprises vont devoir déployer une stratégie d'embauche et de formation ambitieuse. Des talents dont la qualité sera déterminante pour assurer une transition en douceur à mesure que les robots quitteront peu à peu les entrepôts et les usines. L'enjeu est de taille, à savoir collecter et analyser suffisamment de données pour anticiper toutes les éventualités et les interactions auxquelles seront confrontés des robots en liberté.

Anticiper les enjeux éthiques, juridiques et sociétaux

Si globalement les consommateurs semblent enthousiastes à l'idée que les robots jouent un rôle plus important dans leur vie (48% pensent qu'ils leur faciliteront la vie et 30% qu'ils leur rendront la vie plus distrayante), les avis divergent toutefois selon les pays : les dirigeants d'entreprise en Chine et en Indonésie sont convaincus que leurs concitoyens accepteront parfaitement les robots dans les espaces publics, en revanche leurs homologues irlandais, canadiens et français craignent que le public dans leur pays soit beaucoup plus réticent.

La présence de robots dans les espaces publics soulève en effet de nombreuses questions d'ordre éthique, juridique et sociétal, notamment en matière de sécurité et de protection de la vie privée. Les entreprises doivent impérativement tenir compte de l'impact croissant de la présence de robots sur leurs clients et sur la société dans son ensemble. Anticiper et favoriser une intégration sûre et équitable de la robotique dans le quotidien de tous sera l'un des piliers du succès de cette révolution en marche.

Au final, c'est une démarche à plus long terme visant à sceller de nouveaux partenariats technologiques et industriels, privés et publics, qui permettra aux entreprises de jeter les bases d'un avenir plus automatisé. Or, en stimulant un effort d'innovation massif de la part des entreprises, des gouvernements, des universités et des particuliers, le défi mondial du COVID-19 a ouvert dans ce domaine des opportunités inédites.

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(1) Technology Vision 2020 - We, the Post-Digital People (Accenture)

(2) Demand for Robotics and Data Experts Skyrockets - Thomas Insights (2019)

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Commentaires 4
à écrit le 28/09/2020 à 16:23
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La France est en retard sur TOUS les plans. Les robots auraient pu constituer à une certaine époque la restauration de nos capacités non seulement de production mais aussi dans bien d'autres domaines : serveur de restaurant, guide touristique, juges ...

à écrit le 28/09/2020 à 15:09
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Assez d'accord avec citoyen blasé mais le vrai problème est de donner du travail à l'immense majorité des citoyens non diplômés qui ne sont pas responsables de leur niveau "d'intelligence". On ne peut pas tous avoir un niveau universitaire ou supérie...

à écrit le 28/09/2020 à 11:57
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Mais la robotique non plus n'est pas immunisée contre les virus. Et elle le sera de moins en moins.

à écrit le 28/09/2020 à 11:26
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Je veux bien le croire et merci d'aller chercher un peu de positif dans le chaos actuel. Comme on l'a vu dans le plus gros abattoir du monde allemand, faire venir de la main d’œuvre étrangère moins chère, ce que l'on nomme dumping social, va devenir ...

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