PGE : bouée de sauvetage face à la défaillance et au manque de loyauté des sociétés post-crise

OPINION. Deux ans après le début de la crise sanitaire en France, le constat est clair : le Prêt Garanti par l'Etat (PGE) a été une réponse structurelle forte, massive et rapide qui a sauvé l'économie au sens large. Il représentait 143 milliards d'euros à la mi-mars 2021, au bénéfice de 690 000 entreprises. Selon une étude d'Altares, le nombre de défaillances d'entreprises en 2021 a connu une baisse de 12% par rapport à l'année 2020 et de 45% par rapport à 2019, pour 30 000 défaillances enregistrées au total. En cette période électorale, il devient essentiel de rappeler la nécessité de son maintien. Par Thierry Luthi, Président de Report One
(Crédits : Sarah Meyssonnier)

Le Prêt garanti par l'État, une mesure réactive qui donne de l'air aux sociétés...

Selon Altares, jamais un taux aussi faible n'avait été atteint depuis 35 ans. Avec la crise de la Covid-19, les entreprises ont vu chuter leur régime d'activité, et leurs revenus, entraînant des difficultés à payer leurs charges fixes. Les sociétés ont donc su utiliser le PGE pour obtenir des ressources financières et se remettre à flot avec pour certaines d'entre elles des investissements qui étaient nécessaires pour maintenir ou renouveler l'appareil de production et de ventes. Il s'avère alors essentiel de prendre conscience de l'efficacité de cette aide et de la nécessité de son maintien. La fin de ces appuis financiers étatiques altèrerait davantage la trésorerie des entreprises, socle de leur bonne santé et de leur pérennité (près de 2⁄3 des défaillances d'entreprise résultent d'une gestion inadaptée de la trésorerie).

De plus, la reprise économique actuelle fait face à des contraintes qui perdurent : une situation de pénurie de talents sur des marchés déjà en tension, le phénomène de "grande démission" et un contexte géopolitique qui freine les exportations et impacte la croissance des entreprises. Le respect et la continuité de cette gouvernance de l'État est alors davantage un enjeu vital dans une perspective de sortie de crise avec en toile de fond, le renouvellement ou le changement du gouvernement au printemps 2022.

... et pallie le manque de loyauté des entreprises

Les entreprises font partie d'un microcosme commun, où elles enfilent tour à tour les costumes de fournisseurs et de créanciers. Mis en exergue par la crise de la Covid-19, le crédit inter-entreprises représente annuellement plus de 670 milliards d'euros qui révèle entre autres le poids du financement du besoin en fonds de roulement des sociétés lié principalement au délai de paiement. En effet, de nombreuses sociétés ne respectent pas ceux qui leur sont accordés et qui sont pourtant clairement définis par la Loi dite de modernisation de l'économie (LME). Dans ce contexte, il est tout à fait plausible que le PGE ait permis de financer, aussi, le manque de trésorerie de court-terme subi par certaines sociétés.

Aujourd'hui, il est plus que jamais nécessaire que les acteurs économiques respectent les délais de paiement afin de réduire les sommes d'impayés (56 milliards d'impayés par an, soit 9% du crédit inter-entreprises). C'était tout l'objectif de la LME qui prévoit un contrôle de la DGCCRF et une amende administrative publiée en cas de non-respect des règles légales relatives aux délais de paiement. Faut-il aller plus loin que la sanction administrative et sa publicité sachant que peu de PME peuvent appliquer cette mesure au risque de perdre leurs contrats commerciaux ?

Le prochain gouvernement a donc tout intérêt à maintenir en place le PGE, et plutôt deux fois qu'une. En palliant la chute des revenus des sociétés, ce soutien financier étatique a sauvé de nombreuses sociétés des gouffres du financement de l'activité. Cependant, dans ce contexte actuel, de larges incertitudes subsistent et le nombre de défaillances d'entreprises reste volatile. Une mutualisation des risques doit nécessairement voir le jour, avec la pérennisation des politiques économiques gouvernementales très accommodantes et le respect de la solidarité inter-entreprises. Quoi de mieux que ce dernier enjeu pour rendre concret les nombreux discours et promesses sur le développement durable de l'économie.

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Commentaire 1
à écrit le 11/03/2022 à 9:59
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