Pourquoi parler le même langage entre acteurs du territoire est crucial

TRIBUNE. A la veille d'un salon des maires qui se tiendra de manière dématérialisée les 24, 25 et 26 novembre prochains, seule une approche collective peut se révéler « fertile » tant pour les collectivités et leurs territoires que pour les acteurs économiques et la société civile - et in fine pour les habitants. Par Stéphanie Gay-Torrente, directrice du salon des maires et des collectivités locales (SMCL).
Stéphanie Gay-Torrente, directrice du salon des maires et des collectivités locales (SMCL).
Stéphanie Gay-Torrente, directrice du salon des maires et des collectivités locales (SMCL). (Crédits : DR)

Santé et dynamisme économique, vivre ensemble et cadre de vie, retour aux sources et besoin de modernité, stabilité et libération du travail, sécurité mais pas surveillance... La crise sanitaire s'installe à l'agenda des territoires et c'est avec des impératifs de plus en plus complexes que les nouveaux exécutifs locaux abordent leur récente mandature.

Lire aussi : Le double discours du gouvernement sur les cœurs de ville

L'attractivité des territoires doit être étudiée de manière transverse au regard de nouvelles exigences sociales, économiques et écologiques et des nécessaires relations et solidarités entre les territoires. Cela va bien au-delà des problématiques de ruralités, des enjeux des quartiers et de politique de la ville, des centralités et des périphéries ou bien encore du volet économique.

Ce dernier s'articule et relie l'économie aux réalités concrètes et aux aspirations nouvelles des acteurs, comme l'économie circulaire. L'Ademe vient de publier son nouveau label « économie circulaire » développé par et pour les territoires. Le nombre de territoires candidats et la nature de la thématique attestent de ce qui, aujourd'hui, fait la « valeur » d'un territoire. Pour que les habitants s'établissent, restent et que l'activité se développe, il faut un « terreau », fertilisé par un ensemble subtil de paramètres qui doivent entrer en jeu en même temps et s'équilibrer.

Révolutionner l'approche de l'attractivité

Éducation, santé, commerces et services, numérique, emploi et activité économique, qualité de l'environnement, mobilité, infrastructure, loisirs, culture, patrimoine, tissu social : l'attractivité est constituée par une boucle circulaire conditionnelle de paramètres, tous aussi importants les uns que les autres.

L'un des enjeux est donc de recréer de la valeur à partir de ce qui est déjà là et qui fait vivre le territoire. Mais attention, chaque territoire est différent. D'où l'importance de travailler sur ses spécificités avec les parties prenantes locales pour adapter la stratégie de transition à l'historique du territoire et à ses acteurs. Transiter sans bousculer.

Lire aussi : Un an après l'abandon d'Europacity, trois projets encore flous pour le Val-d'Oise


La crise sanitaire actuelle aura d'autant plus révélé la nature du travail des élus : ils sont sur tous les fronts, autant engagés à gérer le quotidien qu'à préparer l'avenir de leur territoire. Ils peuvent pour cela compter sur les entreprises, les associations ou les institutions qui constituent un vivier de solutions à accompagner ou à faire émerger.

Une nouvelle façon de travailler émerge

Les interactions et les collaborations entre ces acteurs représentent la clé pour ce travail plus « horizontal », cultivées dans l'écoute et la proximité mais aussi dans leur capacité à adopter une double approche : au microscope ou l'ultra proximité avec ses habitants et des initiatives fortes de potentiels pour changer d'échelle ou encore se répliquer ; et la vue télescopique, en prenant de la hauteur mais aussi en recherchant des partenaires et relais à plus grande échelle, du local à l'international. Il existe aussi des sujets, qui, initiés localement appellent un plus vaste maillage pour s'ancrer et se pérenniser - c'est notamment le cas des solutions de mobilités.

Si cette année si spéciale a démontré quelque chose de fondamental, c'est bien que c'est l'ensemble de la société qui fait sa résilience. Les territoires dialoguent au quotidien avec tous les acteurs économiques, publics, privés et citoyens et font émerger ensemble des solutions novatrices.

Lire aussi : A.-M. Idrac :"La logistique doit cesser d'être un angle mort des politiques publiques"

Il s'agit d'aller plus loin et d'accélérer ces dynamiques « fertiles » qui se multiplient. Des efforts ont été réalisés pour faire évoluer les réglementations et intégrer les PME à la commande publique : l'augmentation des avances par exemple, et la tendance à la dématérialisation des marchés publics. Il demeure que la part des PME ne représente que 30% du montant total des marchés, bien qu'elles représentent 60% du nombre total des marchés passés.

L'Observatoire économique de la commande publique décrit un manque d'attractivité du secteur public perçu comme complexe, l'emploi de clauses contractuelles standard inadaptées aux petits opérateurs et donc encore perçues comme dissuasives. Or ce sont justement ces acteurs, plus petits, qui confèrent aux territoires leur agilité.

Parler le même langage

L'Observatoire met en avant des pistes de progrès, comme le développement du sourcing ou l'allongement des délais de réponse aux consultations. Il est un volet primordial à appréhender : les acteurs des collectivités, les administrations, les startups et PME ne parlent pas encore le même langage. En approchant les sujets sous un angle « solution », les acteurs pourraient adopter un vocabulaire commun et une vision partagée.

Exemple ? La mobilité. Ce sujet, crucial s'il en est à l'attractivité, concerne autant la voirie, le bâti ou l'énergie que le véhicule ! On parle aussi de plus en plus de mobilités servicielles (le MaaS, Mobility as as Service) qui s'appuient sur les plateformes digitales, les applications qui créent de nouveaux modèles, de nouveaux services à la mobilité. Et lorsque l'on intègre les sujets d'inclusion et d'accessibilité, travailler avec des associations est non optionnel.

L'énergie aussi. Les collectivités abordent aujourd'hui autant les questions de production, de distribution ou de consommation, individuelle, privée ou collective, de modèles plus ou moins décentralisés, de stockage... Là encore, seule une approche solution peut permettre d'embrasser le sujet et de mettre autour de la table tous les acteurs à la fois potentiellement concernés et sources de solutions. Le sujet sociétal est loin d'être anecdotique. Cette année plus que jamais, les collectivités vont pouvoir compter sur les acteurs de l'économie sociale et solidaire (ESS) et des associations.

Seule une approche collective peut se révéler « fertile » tant pour les collectivités et leurs territoires que pour les acteurs économiques et la société civile - et in fine pour les habitants. Même avec les contraintes actuelles, et peut être même, en particulier avec les contraintes actuelles, qui nous empêchent de nous voir, ce sont ces plateformes d'échanges et de travail que nous devons mettre en place. Quelles que soient les formes qu'elles prendront, pour que tout un chacun mesure la puissance de la rencontre et du dialogue, en vue de co-construire et faire émerger des projets.

Lire aussi : "L'autonomie financière des collectivités a été mise à mal", Johanna Rolland, France urbaine

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 1
à écrit le 10/11/2020 à 9:22
Signaler
Oui mais comment parler "la même langue" tandis que les mêmes mots ne veulent pas forcément dire la même chose selon le cerveau de chacun justement au sein de notre propre langage ? Nous sommes tous différents, attendre que l'autre adopte un comp...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.