Ces villes qui pestent contre la 5G

A Lille, Rennes ou Grenoble, plusieurs maires se mobilisent contre la prochaine génération de communication mobile. Tous souhaitent des moratoires ou des « groupes de suivi » pour étudier l'impact de la 5G sur la santé et l’environnement avant de déployer la moindre antenne. Au grand dam du gouvernement, qui juge leur attitude irresponsable.
Pierre Manière
Martine Aubry, la maire de Lille, estime qu'un moratoire sur la 5G est nécessaire.
Martine Aubry, la maire de Lille, estime qu'un moratoire sur la 5G est nécessaire. (Crédits : Reuters)

Dans certaines villes, la 5G continue de faire jaser. Des maires écologistes et de gauche continuent de tirer à boulet rouge contre cette technologie, perçue comme possiblement énergivore et néfaste pour la santé. Ce week-end, c'est la maire de Lille, Martine Aubry, qui s'est illustrée. L'édile a annoncé un moratoire sur la 5G et la stricte application du principe de précaution. « Il est urgent d'attendre », a déclaré l'ancienne ministre sur Twitter. La ville, qui « réaffirme ses doutes » quand à l'impact de cette technologie sur la « santé publique » et son éventuelle « incompatibilité avec les enjeux de sobriété numérique », veut « surseoir à toute autorisation d'implantation d'antennes 'test' liées à la technologie 5G ». Toujours selon la ville, « ce moratoire prendra effet au moins jusqu'à la publication du rapport attendu de l'Anses [l'agence française de sécurité sanitaire, Ndlr] en 2021 ». L'Anses mène aujourd'hui une étude sur l'impact de la 5G sur la santé. Sa copie est attendue au premier trimestre 2021.

D'autres villes sont également très méfiantes à l'égard de la 5G. Rennes a notamment créé un « groupe de suivi » visant « à étudier les conséquences » de l'arrivée de cette technologie. En attendant ses conclusions, pas question que les opérateurs déploient leurs antennes. « Nous demandons que tout éventuel déploiement de la 5G par les opérateurs attende les résultats de cette réflexion », a indiqué la ville. A Grenoble, Eric Piolle, le maire EELV, plaide aussi pour un moratoire. L'édile râle depuis des semaines contre la 5G, une technologie inutile à ses yeux. « Je vais faire un peu de provocation, mais grosso modo, la 5G, c'est pour regarder du porno sur votre téléphone, même quand vous êtes dans l'ascenseur, en HD », a-t-il balancé sur LCI début juillet. A Strasbourg, Jeanne Barseghian, la maire EELV, espère également « prendre le temps de poser le débat » sur la 5G, a-t-elle déclaré le mois dernier, à Actu.fr.

La colère de Cédric O

Ces sorties, et en particulier celle de Martine Aubry à Lille, suscitent la colère du gouvernement. Ce dimanche, dans un entretien au Parisien, Cédric O a qualifié la décision lilloise de « tartufferie incompréhensible ». « Dire qu'il y a encore des incertitudes sur les fréquences utilisées pour la 5G, c'est mentir aux Français », a bombardé le secrétaire d'Etat à la Transition numérique. Le gouvernement argue que les fréquences 3,5 GHz qui permettront d'abord d'offrir la 5G - et qui viennent d'être attribuées aux opérateurs - sont proches de celles utilisées pour la 4G et le Wi-Fi. Ces fréquences ne soulèvent donc pas, selon l'exécutif, de questions de santé.

Cédric O martèle que la France doit rapidement prendre le virage de la 5G pour des raisons de compétitivité économique et de relance de l'industrie. Il rappelle, aussi, que les Orange, SFR, Bouygues Telecom et Free ont besoin de la 5G pour faire face à l'explosion du trafic mobile. Tous les opérateurs soulignent que les réseaux 4G arriveront à saturation d'ici environ deux ans dans les grandes villes. Sans la 5G, les services mobiles se dégraderont rapidement. Face à la fronde de certains maires contre la 5G, Cédric O préfère saluer « l'attitude d'Anne Hidalgo, qui refuse l'idée d'un moratoire à Paris », jugée « infiniment plus courageuse et responsable ». Il en va de même pour « le maire de Bordeaux [qui] n'a, finalement, pas fait voter un moratoire ».

L'ANFR va effectuer plus de contrôles

Pour convaincre les villes qui se méfient de la 5G, le ministre a annoncé un plan de contrôle renforcé sur le niveau d'émission d'ondes électromagnétiques par les téléphones et par les antennes. L'Agence nationale des fréquences (ANFR) va notamment « doubler le nombre de contrôles de smartphones en 2021 », souligne Cédric O. L'ANFR va aussi augmenter significativement les contrôles des antennes, en ciblant, en priorité, les équipements 5G.

Dans les villes où la 5G n'est pas en odeur de sainteté, certaines entreprises et représentants du monde économique tirent aussi la sonnette d'alarme. C'est le cas à Rennes. Dans un communiqué publié récemment, Hervé Kermarrec, le président de l'Union des entreprises d'Ille-et-Vilaine (UE35), fusille les réticences de la ville à l'égard de la 5G. Y renoncer, lâche-t-il, « c'est renoncer à défendre les emplois et les entreprises du territoire ». Hervé Kermarrec juge que « le débat qui s'exacerbe bat en brèche la stratégie numérique que Rennes Métropole a déployée avec intelligence toutes ces dernières années ». « Pionnières de la technologie, employant plus de 30.000 salariés, des centaines d'entreprise continuent ici d'innover et s'attachent à conserver une avance numérique », poursuit-il.

« Pas question d'installer nos antennes de force »

Quoi qu'il en soit, les maires n'ont pas la compétence d'interdire la 5G. « Le Conseil d'État a déjà tranché sur ce sujet : une collectivité locale n'a pas compétence à s'opposer à la téléphonie mobile », rappelait Stéphane Richard, le PDG d'Orange, au Figaro le mois dernier. Cela dit, les opérateurs ne devraient pas aller au bras de fer avec les villes qui refusent la 5G. « Nous ne nous sommes jamais battus contre des élus, nous indique Marc Blanchet, le directeur technique d'Orange. Nous n'allons pas entrer en guérilla pour installer nos antennes de force. » C'est, dans tous les cas, la première fois qu'une nouvelle technologie de communication mobile suscite autant la controverse.

Pierre Manière

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 2
à écrit le 07/11/2020 à 6:13
Signaler
Madame Aubry devrait plutôt s'offusquer du salafisme qu'elle protège et que son compagnon défend.

à écrit le 07/11/2020 à 6:13
Signaler
Madame Aubry devrait plutôt s'offusquer du salafisme qu'elle protège et que son compagnon défend.

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.