Quel est le point commun de 92,5 % des dirigeants du CAC 40 ? Facile : ce sont des hommes. Aujourd'hui, seuls trois de ces patrons sont des patronnes. Un progrès ? Pas vraiment. Il y a dix-huit ans, elles étaient deux. Cela signifie qu'en une génération, on n'a progressé que d'une femme. Si les entreprises du CAC 40 continuent à ce rythme, dans une génération encore, on atteindra péniblement le chiffre de quatre. En écho, le World Economic Forum a calculé que nous ne parviendrions à l'égalité femmes-hommes dans le monde économique qu'en l'an... 2234. C'est évidemment trop lent. Nous devons aller beaucoup plus vite.
Attention, ce n'est pas un combat des femmes contre les hommes, mais un combat de toutes et de tous pour arriver à une société plus juste. Il ne s'agit pas de limoger les hommes mais d'accélérer la transition vers un pouvoir mixte, de ne plus se priver de 52 % des talents de la population. Trop souvent, on nous a dit : « Nous aurions aimé nommer une femme, mais nous n'en avons pas trouvé. » Pourtant, des femmes à la tête de grosses ETI, des directrices générales, compétentes, prêtes, il y en a ! Nous les croisons, nous les connaissons. Alors, aidons-les à être identifiées. Et aidons les actionnaires, les instances dirigeantes, les chasseurs de têtes : allons trouver ces futures patronnes du CAC 40.
Nous sommes une cinquantaine d'expertes, présidentes de fédérations et de réseaux professionnels, anciennes ministres et parlementaires, dirigeantes, chasseuses de têtes, activistes féministes, et nous nous unissons avec des hommes, présidents d'entreprises et économistes, pour dénicher ces futures boss. Nous nous réunirons cette semaine au siège du Medef pour créer une nouvelle ONG appelée Actives. Notre slogan : « Réussite des femmes, le débat éclot ! » Parce que nous ne pouvons plus croire le mythe de l'égalité acquise. S'il est dans la loi - nous sommes heureuses de vivre en France, où l'éducation des filles est obligatoire et l'IVG constitutionnalisée -, le droit formel doit devenir enfin un droit réel en matière d'égalité professionnelle.
Notre première action avec Actives ? Ensemble, nous établirons la sélection du Next Women 40 : une liste des futures patronnes du CAC, puis du SBF 120. Ces femmes dont aujourd'hui vous ne connaissez pas les noms dirigeront demain les grandes entreprises françaises. Nous croyons en elles. Elles en ont la compétence, le talent, l'envie, l'énergie, au moins autant que ces messieurs !
Simone de Beauvoir écrivait que c'est par le travail seul que la femme franchira la distance qui la sépare encore de l'homme. Et Christine Lagarde disait que vous ne pouvez pas laisser tomber vos sœurs. L'autonomie sociale et financière, mais aussi l'accès au pouvoir sont des enjeux féministes, de justice, et de performance. Il est grand temps de les mettre à l'agenda du débat public. Abandonner le pouvoir économique, et donc politique et social, aux hommes uniquement, ce serait abdiquer. À l'époque où l'on parle de « femmes puissantes » et de « girl boss » à tout bout de champ, passons à l'action avec enthousiasme. Les femmes ne peuvent pas être réduites au rôle de victimes dans le débat public. Osons l'ambition, à titre personnel comme collectif !
N'attendons pas une nouvelle génération et que l'égalité avance à petit pas, soutenons dès à présent les femmes du monde de l'entreprise, par une action concrète de sororité. Ces femmes de talent, trouvons-les, nommons-les, soutenons-les. Créons ensemble une génération de grandes patronnes françaises. Au travail !
La liste des signataires
Marlène Schiappa, présidente d'Actives
Hélène Antier, cofondatrice de la start-up Lyv
Yael Azoulay, experte des transformations de l'entreprise
Catherine Barba, présidente d'Envi
Assia Benziane - Membre de la gouvernance SNCF Mixité
Patricia Chapelotte, présidente du Cercle des femmes d'influence
Hedwige Chevrillon, rédactrice en chef et journaliste
Gervanne Colboc, présidente de l'ONG africaine AAD Fund
Bérangère Couillard, députée, ancienne ministre à l'Égalité entre les femmes et les hommes
Julie Delpech, secrétaire de la délégation de l'Assemblée nationale aux droits des femmes
Patricia Di Martino, directrice de cabinet du maire du Mans retraitée
Géraldine Durand, membre de comex
Anne-Sophie Fauvet, associée codirigeante de HeR value
Goretty Fereirra, présidente de l'Agence pour l'entreprenariat féminin
Laurence Guillet, directrice aux droits des femmes et à l'égalité entre les femmes et les hommes en Bourgogne-Franche-Comté
Chékéba Hachemi, présidente d'Afghanistan libre
Sophie Iborra, directrice du conseil diversité et inclusion et membre du comex du Groupe La Tribune
Sandrine Joseph, directrice de projets innovation & RSE d'Orange
Katrin Gülden Le Maire, conseillère stratégique et chercheuse indépendante
Anaïs Lunet, secrétaire générale d'instance consultative et conférencière
Jade Nourisson, cofondatrice et directrice de Women Sales Club
Rachel-Flore Pardo, avocate et activiste
Garance Pineau, directrice générale du Medef
Armèle Portelli, artiste, webdesigneuse
Ramona Radu, entrepreneuse, fondatrice du Club des jeunes diplo
Leslie Sawicka, entrepreneuse
Djamila Schafter, déléguée générale de l'IAE Paris Alumni Sorbonne Business School
Carla Schiappa, future inspectrice de l'Éducation nationale
Aurélie Taquillain, présidente de la commission des finances de la Région Île-de-France, conseillère régionale IDF
Sylvie Tellier, productrice, autrice, et présidente d'honneur de Miss France
Anne-Laure Thomas, directrice de la diversité de L'Oréal, fondatrice de StOpE
Marie-Jo Zimmermann, ancienne députée, coautrice de la loi Copé-Zimmermann
Emploi : les vraies raisons des vagues de départs des salariés français
Sujets les + commentés