Femmes au pouvoir : existe-t-il un leadership féminin ?

Les 8 et 9 mars dernier, l'association La Puissance du Lien, fondée par Elisabeth Moreno, ancienne ministre déléguée à l'Egalité entre les femmes et les hommes, à la Diversité et à l'Egalité des chances, réunissait, lors d'un événement, plusieurs personnalités en vue dont Rima Abdul Malak et Catherine MacGregor qui sont ainsi venues démystifier le leadership féminin.
Pour Rima Abdul Malak, ancienne ministre de la Culture, les femmes doivent avoir l'intention de convaincre.
Pour Rima Abdul Malak, ancienne ministre de la Culture, les femmes doivent avoir l'intention de convaincre. (Crédits : DR)

« Jamais un homme n'aurait dit cela ! », s'amuse Elisabeth Moreno, à propos de la remarque de Rima Abdul Malak, ministre de la Culture entre 2022 et 2024, qui avait qualifié sa propre entrée au gouvernement de tout à fait « improbable ». La fondatrice de l'association La Puissance du Lien, elle-même ancienne ministre déléguée à l'Egalité entre les femmes et les hommes, à la Diversité et à l'Egalité des chances (entre 2020 et 2022), a voulu en savoir plus sur la capacité d'influence des femmes - dans une société où les leviers d'action sont encore largement à la main des hommes.

Cette question a été étudiée lors d'un événement organisé par son association la semaine dernière, au Grand Rex à Paris, et qui a réuni plusieurs centaines de personnes. Et il s'avère que les qualités nécessaires ne sont pas toujours celles qu'on attend...

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Adaptabilité, énergie, courage

Ainsi, Catherine MacGregor, directrice générale d'Engie, ne croit pas à la notion de « leadership féminin ». Pour elle, le seul leadership qui vaille, c'est celui qui permet d'entraîner les équipes sous sa responsabilité et, plus généralement, l'ensemble d'une entreprise vers une œuvre commune. Mais comment ?

D'abord « avec de l'adaptabilité, qui font que chaque jour, je dois comprendre les gens autour de moi », déclare celle qui est l'une des trois seules femmes patronnes d'une société du CAC 40 (avec Christel Heydemann, DG d'Orange, et Estelle Brachlianoff, DG de Veolia). Elle y ajoute « la volonté d'apprendre, tous les jours », puis de l'énergie « qui doit être communicative et fondée sur des valeurs et des convictions ». Enfin, il faut encore une autre qualité selon elle, à savoir le courage, « puisqu'il en faut pour prendre des décisions parfois difficiles et gérer des conflits. »

Autant dire des qualités humaines, partagées aussi bien par les hommes que par les femmes. Seule différence, le réseau, que les hommes savent entretenir plus efficacement que les femmes. Question de temps, certes, qui manque aux femmes, mais aussi parce que cela viendrait plus « naturellement » aux hommes - question d'éducation, cette fois-ci.

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Intention stratégique et leviers d'action

Pour Rima Abdul Malak, ce qui ne vient pas naturellement aux femmes, c'est leur capacité à s'exprimer dans le but de convaincre, d'autant qu'elles sont interrompues plus souvent que les hommes - en réunion ou en Conseil des ministres. « Et convaincre toutes les strates d'une assemblée », indique-t-elle. Mais heureusement, « cela s'apprend et permet d'être à l'aise partout », s'empresse-t-elle d'ajouter. L'ancienne ministre emploie aussi la notion d'« intention stratégique », qui va au-delà du simple charisme ou des idées. « Ce n'est déjà pas évident d'avoir ces deux éléments, mais cela ne suffit pas », explique-t-elle.

Persuadée que la culture a un rôle essentiel à jouer dans la transformation de la société, Rima Abdul Malak insiste sur un levier inattendu, l'argent. Elle prend l'exemple du cinéma, où les montants de subventions sont accrus en cas de parité dans le cadre du tournage d'un film.

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Il y a aussi le fait de nommer des femmes à des postes clés, à la direction de grands musées (dont Le Louvre) et d'institutions culturelles comme l'Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris. De quoi espérer ensuite une mise en avant ou une éclosion de talents féminins. Une stratégie de vivier que partage d'ailleurs Catherine MacGregor, seule façon pour elle de pouvoir procéder à des nominations de femmes aux postes clés.

Et si les femmes cultivent peu leur réseau, il leur faut néanmoins créer des alliances, y compris à l'international, dans le but de s'encourager mutuellement, ont ajouté les deux femmes. On ne peut pas dire mieux à une conférence organisée par l'association La Puissance du Lien...

Commentaires 5
à écrit le 12/03/2024 à 8:19
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Et les représentants LGBTQ+ ? Ils ont aussi un leadership particulier ? On n'a pas le droit d'en parler ou cela gêne-t-il ?

à écrit le 11/03/2024 à 23:19
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Il y eut Jeanne d'Arc!

à écrit le 11/03/2024 à 17:42
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Est ce que le monde va mieux depuis que les femmes sont au pouvoir....pas vraiment c’est pire

à écrit le 11/03/2024 à 16:00
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C'est ma foi une excellente question qui permet d'aborder le sujet sur une note apaisée. L'anthropologie expose une vision de l'homme préhistorique et surtout de la femme préhistorique bien plus fine et civilisée que ce que nous avons appris à l'écol...

à écrit le 11/03/2024 à 14:31
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Poser la question est déjà problématique en soi ! le leadership est dépendant des pratiques du pays, du coup dans le pays des droits de "l'homme" et pas des droits humains, ou le langage est la fabrique de l'homme, ben disons que ceci explique ce ty...

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