« Une dose de proportionnelle, une piste à explorer » (Prisica Thévenot, ministre déléguée chargée du Renouveau démocratique)

La porte-parole du gouvernement, en charge du Renouveau démocratique, encourage les partis politiques à mieux représenter, en leur sein, la diversité des Français. Prisca Thévenot est favorable à une modification du mode de scrutin aux législatives, souhaitée par François Bayrou et Yaël Braun-Pivet.
Prisca Thévenot.
Prisca Thévenot. (Crédits : © LTD / Mathilde Kaczkowski/Hans Lucas via Reuters)

Le 9 juin prochain, les citoyens européens seront appelés aux urnes. La période électorale qui s'ouvre constitue un moment important de notre vie démocratique. D'autant plus important que les enjeux de cette élection à un seul tour détermineront, alors qu'une guerre fait rage aux portes de l'Europe, l'avenir de notre continent et donc de la France.

Ce contexte appelle à un sursaut démocratique. Pourtant, une abstention record se profile. Le risque serait d'accepter celle-ci comme un état de fait avec lequel il faudrait composer. Car ce phénomène gagne du terrain, y compris auprès des personnes qui, jusque-là, allaient habituellement voter. Il touche l'ensemble des États de l'Union européenne. Il n'est plus un phénomène électoral, mais une tendance qui travaille l'ensemble de notre société - une crise profonde de la représentation.

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Si nous voulons prendre la mesure de cette crise et y apporter de vraies réponses, il faut avoir le courage du changement. L'introduction d'une dose de proportionnelle aux législatives peut être une piste à explorer pour renforcer la représentativité au sein du Palais-Bourbon.

Mais renforcer la représentativité des partis politiques dans l'hémicycle n'aura pas l'e!et espéré si les élus qui y siègent ne sont pas eux-mêmes représentatifs des Français. Si l'engagement politique continue à n'attirer que les mêmes profils, avec les mêmes parcours, venus des mêmes endroits, nous ne comblerons pas le fossé qui se creuse entre les citoyens et une sphère politique en vase clos.

En 2017, lorsque nous avons obtenu la majorité à l'Assemblée après la victoire d'Emmanuel Macron, cet élan s'est aussi traduit par un vrai renouvellement des visages. Des femmes et des hommes, dont je fais partie, s'engageaient en politique pour la première fois de leur vie. Avec eux, c'est toute une génération qui faisait son entrée au Palais-Bourbon. Et la représentativité y a clairement gagné.

C'est la preuve que le renouveau des idées et celui des personnes s'entraînent mutuellement. Une autre offre politique émerge quand des citoyens se lèvent pour la porter, encourageant d'autres à les rejoindre. C'est là que se trouve en grande partie la réponse à la crise de la représentativité qui nous touche aujourd'hui: ne nous contentons pas d'appeler les citoyens à la politique, mais ouvrons la politique aux citoyens.

Cette responsabilité est celle des partis politiques. Y compris au sein de notre majorité, osons le dire. Les partis jouent un rôle important dans notre démocratie. C'est un enjeu pour eux d'attirer des personnes différentes, qui sortent du cadre et du moule. De parler et d'aller voir des publics éloignés de la politique. De se renouveler en profondeur, à l'heure où certains ne changent que leurs logos, derrière lesquels on retrouve la fille, ou le petit ami de la nièce, ou les mêmes apparatchiks qu'il y a trente ans.

C'est un enjeu pour les partis d'attirer des personnes différentes, de se renouveler en profondeur

Cet enjeu passe aussi par de nouvelles manières de faire de la politique, notamment en promouvant la participation citoyenne. C'est l'une de mes priorités en tant que ministre du Renouveau démocratique.

J'ai ainsi annoncé, avec le président du Cese [Conseil économique, social et environnemental], la création d'un « forum ouvert », une instance vivante d'idées, de débats et d'actions entre la société civile et l'Administration. Parce que la démocratie ne se limite pas au moment du vote: elle doit vivre quotidiennement. En associant les Français non pas uniquement au choix de leurs élus mais aussi à l'élaboration des politiques publiques et à leur suivi, nous plaçons les citoyens au centre du jeu.

Pour que chacun puisse suivre les avancées concrètes de l'action de l'État près de chez lui, le gouvernement a créé le baromètre des résultats de l'action publique. Cet outil permet de mesurer les effets concrets qui suivent chaque annonce. Sur le terrain, baskets aux pieds, c'est cette réalité tangible et visible que je m'emploie à montrer aux Français chaque semaine, avec les élus locaux et les services de l'État. Y compris pour comprendre ce qui peut parfois dysfonctionner... et trouver des solutions efficaces.

Pour repenser une action publique proche des citoyens, le président de la République a récemment annoncé, en réunissant la totalité des dirigeants de l'administration française, un choc inédit de simplification et de débureaucratisation. L'Administration doit être en prise avec les réalités du terrain et être en mesure de s'adapter pour répondre aux citoyens.

Pour faire travailler ensemble toutes les forces vives de la nation et construire collectivement des solutions, le chef de l'État a également lancé les déclinaisons territoriales du Conseil national de la refondation. Ces CNR territoriaux ouvrent des chantiers de proximité concrets auxquels toutes et tous peuvent contribuer.

Toutes ces initiatives esquissent une autre manière de faire de la politique. Nous devons les poursuivre et en imaginer de nouvelles. Car derrière l'abstention, il n'y a pas de désintérêt du politique, mais au contraire des aspirations fortes. À nous d'y répondre collectivement, en osant inventer et ouvrir encore davantage la politique aux citoyens.

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Commentaires 5
à écrit le 01/04/2024 à 9:03
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Voilà une porte parole qui n'imprime pas. En macronie seul le chef imprimé dans le mauvais ou bon sens le reste est insignifiant car le chef ne veut pas qu'une seule tête le dépasse. En fait elle est porte parole inutile mais obligatoire car un gouv...

à écrit le 31/03/2024 à 21:31
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Ces grands democrates n'ont rien à envier ni à poutine, ni aux democrates africains!!!! Ils changent les règles des que ca leur est défavorable, en particulier si le score du fn est trop bon à leur goût.... ça rappelle la grande tolérante car de gau...

à écrit le 31/03/2024 à 19:35
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Une dose de proportionnelle ? Non il faut la proportionnelle intégrale et ensuite des coalitions !

le 01/04/2024 à 15:54
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Impossible en France. La proportionnelle, c’est la fin, en rendant la France totalement ingouvernable. On l’a vu sous la IVieme République, avec le régime des partis, et c’est pourquoi il a fallu la Vieme.

à écrit le 31/03/2024 à 16:34
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En effet le mode de scrutin oblige souvent à tenir un double-discours, des partis bourgeois-cathos pouvant tout à fait fricoter avec les islamistes pour prendre une Mairie à la gauche...

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