Décarbonation : quelles solutions pour le secteur du BTP et de l’industrie ?

À l’occasion du salon JDL, salon européen des matériels pour le travail en hauteur, la manutention, le levage et le transport lourd, qui se déroule à Beaune, du 21 au 23 juin, un volet est organisé autour des énergies alternatives. Véritables enjeux pour les entreprises du BTP qui doivent jongler entre les contraintes règlementaires et les difficultés d’approvisionnement des matériels.
Le salon JDL a été créé en 2008 à Paris.
Le salon JDL a été créé en 2008 à Paris. (Crédits : jdlgroupe)

Le salon JDL a été créé en 2008 à Paris. Ce salon européen des matériels pour le travail en hauteur, la manutention, le levage et le transport lourd comptait, pour sa première édition, 37 exposants pour 2.000 visiteurs. Cette année, et comme depuis sept ans, les organisateurs ont posé leurs valises au Palais des Congrès de Beaune, dans un cadre de verdure, idéalement situé pour le tourisme d'affaires, et pour les visiteurs suisses et belges.

« En préparant cette édition 2023, nous nous sommes rendu compte que les entreprises étaient complètement perdues face à la problématique des énergies et de l'alimentation des matériels et des chantiers », confie Frédérique Taraquois, présidente des JDL.

« Un salon dans le salon »

C'est pourquoi cette année, où l'on compte 30% de nouveaux exposants avec 650 marques pour 1000 matériels, il y aura « un salon dans le salon » : les JDL Energy. Ce nouvel espace dédié aux énergies alternatives, présentera les technologies et les matériels hybrides, électriques, hydrogène, biocarburants d'acteurs engagés sur la voie de la transition énergétique et porteurs de solutions concrètes déployables dès maintenant. Par exemple, Loxam (dont le PDG du groupe, Gérard Deprez, est l'invité d'honneur de cette édition) et Kiloutou présenteront leurs solutions de matériels décarbonés dont ils ont déjà quelques années d'expérience, lors d'une table ronde. « Aujourd'hui, le gouvernement demande à la profession des contraintes très dures [ndlr : ZFE-m et loi LOM]. Les entreprises doivent remplacer leurs parcs de véhicules et matériels polluants avant des dates précises. Les chantiers et les matériels utilisés doivent être décarbonés », poursuit-elle.  Selon la loi LOM, les flottes d'entreprises du privé et du public de plus de 100 véhicules, doivent depuis cette année, intégrer au moins 10% de véhicules à faible émission pour le renouvellement de leur flotte, 20% en 2024, 40% en 2027 et 70% en 2040.

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Approvisionnement des matériels

Les deux premières échéances réglementaires de la loi LOM, 2024 et 2017, sont finalement très proches  Sachant que lorsqu'une entreprise passe commande d'un matériel sur les JDL, celui-ci n'est pas livré avant au moins un an sauf cas particulier. « Les marchés de la construction des engins et de l'industrie ont été énormément perturbés avec la guerre en Ukraine. Ce qui a fortement augmenté les coûts des matériels et la matière première est devenue plus rare », constate Frédérique Taraquois. « Aujourd'hui, nous sommes dans une phase où nous manquons de matériel pour pouvoir poursuivre sur les chantiers », poursuit-elle. D'un côté, les entreprises subissent les contraintes règlementaires et de l'autre côté, les constructeurs doivent répondre à la demande malgré les pénuries des matériels.

Les constructeurs chinois à la conquête du marché européen

Ce qui explique la venue de huit constructeurs chinois au salon cette année, tels que XCMG, Sany, Dingli, Zoomlion ou encore LGMG. Ces derniers pénètrent le marché à vive allure en mettant à disposition de nouvelles structures et de nouveaux matériels pour les marchés français et européens. « Dans le secteur de l'industrie et de la construction, les fabricants sont essentiellement italiens et allemands », précise Frédérique Taraquois. Deux fabricants français se distinguent toutefois sur le marché des remorques : CVIM en Vendée et Louault à Auxerre (qui participe aux JDL depuis sa création). « Les constructeurs chinois viennent se positionner sur le marché parce qu'ils proposent des produits moins chers, avec une technologie qui a considérablement évoluée » explique Frédérique Taraquois, amenant ainsi une nouvelle offre qui comble le manque de constructeurs sur le marché.

Focus hydrogène

L'hydrogène - n'étant pas une énergie mais un vecteur énergétique - présente plusieurs avantages : il ne rejette que de l'eau et permet d'augmenter l'autonomie des véhicules. Contrairement à l'électrique où la batterie s'épuise rapidement, les engins à hydrogène pourront travailler dans des zones vallonnées et des zones froides. Autre avantage de l'hydrogène : il peut se stocker. « L'intérêt de ce vecteur énergétique, c'est qu'on peut le produire sur place, le transporter, le stocker et le délivrer en fonction des besoins des chantiers », souligne Frédérique Taraquois.

Une entreprise basée à Belfort, H2SYS (1,2 M€ ), spécialiste de la pile à combustible, sera présente au salon JDL et parlera de sa solution de groupes électrogènes à hydrogène capables d'alimenter des chantiers en énergie propre. Le groupe bourguignon, Gaussin (57,1 M€), y exposera également ses solutions en hydrogène : un tracteur hydrogène autonome et le camion à hydrogène qui a fait le Paris-Dakar en 2022. Gaussin est le premier fournisseur de tracteurs portuaires du port de Shanghai, seul port vert au monde.

La digitalisation des chantiers

Comment augmenter la performance des parcs de véhicules et baisser l'impact carbone ? Avec la digitalisation. Plusieurs entreprises présentes au salon, telles que Webfleet et MCS, proposent des logiciels d'aide à la performance, à la rentabilité et à la gestion environnementale des flottes, que ce soient des véhicules thermiques ou électriques. « L'idée est d'avoir une analyse très fine des zones de parcours, corrélée avec le maillage des bornes électriques, par exemple, pour voir si c'est faisable de passer à l'électrique et dans quelle mesure », explique Frédérique Taraquois. Cette solution permet aux clients de décarboner leur flotte de manière progressive et d'analyser l'impact carbone sur leur parcours, tout en optimisant les trajets. « Ces logiciels permettent de réadapter le comportement et les usages, voire les méthodes de travail qui seront différentes avec l'électrique. L'idée est que le chauffeur se ravitaille au bon endroit, au bon moment, sans surconsommer, afin qu'il ne recharge pas d'un bloc son camion électrique mais juste ce qu'il faut pour que ce soit économique et écologique », explique Frédérique Taraquois.

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Commentaire 1
à écrit le 21/06/2023 à 10:00
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CE sont les gros qui vont gagner comme d'habitude obligent les artisans à travailler encore plus mal tout en augmentant leurs prix, déjà qu'ils étaient obligés de faire du black pour survivre cela ne va pas s'arranger. A moins bien entendu d'embauche...

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